C’est tellement mystérieux l’Amour. Je me rappelle encore le moment où l’on est tombés amoureux toi et moi. Je jouais le lutin malfaisant tandis que tu avais eu le premier rôle. Celui de Cassie, la danseuse étoile perdue au milieu d’un troupeau de rennes. Je me souviens de ce spectacle qui n’avait ni queue ni tête. Nous étions en primaire, douce époque.
Ce soir, il joue au Liberty’s les plus sublimes de ses morceaux, tout en acoustique. Tu ne savais pas qu’il chantait et tu en tombes amoureuse chaque fois un peu plus que tu découvres des choses sur lui. Mais jamais tu n’oseras l’aborder.
Aeliana, qui est aussi ta seule véritable amie, a certainement dû user de stratagèmes bien placés pour que tu la suives sans rechigner. Toi qui pensais que ta soirée serait tranquillement vide. Elle qui te tannait depuis quelques semaines déjà, voulant te faire découvrir un nouvel artiste en devenir, n’est pas de service ce soir. « Tu verras, il est exceptionnel. » qu’elle t’explique.
« Matty ! » Ton amie interpelle un jeune homme qui te semble familier. Celui-ci se retourne et bien que tu saches qu’il devait s’y trouver, tu n’auras osé espérer que ce soit lui. Bloquant ton regard sur sa personne, tu n’entends pas les présentations. Ni ton amie qui s’éloigne.
Matty te reconnait comme étant l’idiote ayant failli écraser son précieux. Il te fixe à son tour et te murmure à l’oreille d’une voix sure « La prochaine fois, prends une photo chérie, ça durera plus longtemps. » Je ne t’avais jamais vu aussi mal à l’aise. Tes joues chauffent légèrement mais tu ne peux te détourner.
Aeliana revient avec vos verres malgré le fait que tu n’as rien commandé. De nouveau, il la remercie d’un clin d’œil tandis qu’il te snobe. Il y a ce poids qui revient subitement dans ta poitrine. Ce tiraillement. Il se compresse chaque jour un peu plus et tu ne sais comment continuer. Ton amie ne semble pas le remarquer contrairement à nous bien qu’on ne te fasse aucune réflexion sur le sujet. Ce n’est ni le lieu ni le moment. Alors que vous prenez place au-devant de la scénette, tu l’entends de nouveau.
And turn out the light
She bought me those jeans
The ones you like
I don’t want to hug
I just want to sleep
The smell of your hair
Reminds me of her feet »
« So, don't wait outside my hotel room
Just wait till I give you a sign
'Cause I get lonesome sometimes
Save all the jokes you're going to make
Whilst I see how much drink I can take
Then be my mistake
I shouldn't have called
'Cause we shouldn't speak
You do make me hard
But she makes me weak »
Il y a cette magie qui crépite tout autour de lui s’en ait impressionnant. Il ne semble même pas s’en apercevoir. Le jeune homme ne semble pas voir non plus le public, comme prisonnier de ses mots. Ces mots d’une puissance à en faire pleurer la salle, lui compris.
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