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Paulinette est aux anges.

Des odeurs de marrons grillés, de vin chaud, de barbe à papa, d'épices et de fleur d'oranger viennent lui taquiner les narines et réveiller son estomac. Les gens de la chorale ont de beaux costumes et surtout ils entonnent les chansons de Noël sans faire de fausses notes – même si les cris des enfants qui tournent sur un carrousel à deux étages couvrent leurs voix de temps en temps. Et puis il y a des illuminations partout: sur les cabanons de bois, sur les poteaux électriques, les arbres, et même sur des bonnets. Ca fait comme un arc-en ciel dans la nuit et ça c'est trop joli ! Et surtout, il commence à neiger un peu ! C'est un marché de Noël vraiment par-fait!

Paulinette aimerait bien sautiller tant elle est ravie. Mais comme Leliel et elle se sont perchés sur l'une des petites échoppes, elle préfère ne pas bouger. Il ne faudrait pas tomber sur les gens et en faucher des pas prévus sur les contrats : ça ferait encore des histoires.

Leliel a l'air d'apprécier la vue, lui aussi, pourtant il laisse échapper un soupir.

- Ben qu'est ce qu'il y a ? T'es triste ? C'est trop bien, le marché de Noël !

Oups! Elle a fait un grand geste avec les bras pour témoigner de son enthousiasme et a failli glisser. Elle se raccroche très vite et s'installe à califourchon sur le sommet du toit pentu.

- Oui, oui, c'est trop bien, évidemment… Mais je me serais bien payé une crêpe et je peux pas : J'suis fauché !

- Pffff ! T'es bête !

Lui lance la petite faucheuse aux couettes blondes, en rigolant malgré tout. Un contrat ici avec Leliel, c'est sûr, elle ne va pas s'ennuyer aujourd'hui!

Son camarade a entrepris de fouiller son sac à dos – en forme de tête de Dark Vador - et en sort un à un tous ses rouleaux de parchemin, avant de les dérouler pour les feuilleter plus aisément.

- Ma p'tite Paulinette, toi et moi on peut dire qu'on est à la page, pas vrai ?

Elle glousse de rire pour toute réponse.

- Bon, on va mettre au point notre plan d'attaque. Voyons… Il faudra commencer par… Monsieur Séraphin Ksatiène. Tu t'en charges? C'est celui là-bas, avec une grosse moustache et un nez en forme de carotte.

- On dirait un bonhomme de neige, avec son écharpe et ses cheveux tout blancs !

Leliel pouffe.

- T'as raison! Je suis sûr que tu sauras le faire fondre!

Ils se bidonnent comme deux petits lutins farceurs. Leliel essaie de reprendre un semblant de sérieux.

- Après ça, Chloé et Cédric, ici, en même temps. Ceux-là, je m'en occupe. Ensuite, Huguette et Raymond, qui arriveront de par là, et puis Philippe et Camille, là et elle ici. Si tu te dépêches, tu peux les avoir. Moi je finirai elle puis lui et aussi lui, quand les pompiers seront là. Il faudra pas en oublier… Tu penses que tu pourras y arriver toute seule ?

Paulinette gonfle les joues, vexée.

- Bah évidemment ! Tu me prends pour un bébé ? Pis d'abord pourquoi c'est toi qui commandes ?

- Ah ça, c'est sûrement parce que j'ai reçu… Ma faux de grand!

Il se lève et dégaine un katana plus grand que lui.

- Alors, qu'est ce que t'en dis ? Classe, hein ?

Ca oui, avoir sa vraie faux, c'est sûr que ça en jette un max. Mais la blondinette est trop jalouse pour le lui avouer.

- Moui… Pas mal… Concède-t-elle du bout des lèvres. Mais bon, c'est juste une épée chinoise. Ma faux à moi, elle sera mieux !

Cette fois, c'est le garçon qui prend la mouche.

- Alors de un, c'est un sabre, et c'est JAPONAIS. Et de deux… J'avais demandé un sabre-laser, comme dans Star wars… Mais à l'Ordre, ils m'ont dit que c'était pas possible. Ils sont vraiment pas drôles, j'te jure…

Ca c'est bien vrai qu'ils sont pas drôles! Paulinette est cent pour cent d'accord avec Leliel. C'est tellement nul de devoir porter du noir tout le temps… Elle regarde avec envie une fillette de son âge qui vient d'enfiler une robe rouge de Miss Noël et un bonnet qui clignote. Comme elle aimerait en porter une, elle aussi… Ce serait quand même bien plus mignon et plus adapté aux circonstances…

Leliel a remballé ses affaires.

- Allez, on y va ! Ca va être l'heure !

Il se laisse glisser sur la pente déjà un peu enneigée, saute entre la boutique de santons et la baraque à crêpes d'à côté, puis il réceptionne Paulinette qui l'a suivi.

Ils se faufilent jusqu'au carrousel, en faisant bien attention de ne rentrer dans personne. Leliel guide leur avancée, passant à travers les échoppes pour éviter la foule. Il faut quand même parcourir les derniers mètres qui les séparent du carrousel en terrain découvert jusqu'au manège, en zigzaguant entre les badauds, mais Paulinette et Leliel sont des pros : Ils parviennent à destination sans toucher personne.

Paulinette se glisse dans la cabane du monsieur qui pilote l'attraction et Leliel va se poster à l'opposée. C'est bon, ils sont en place. Juste à temps : Séraphin porte la main à son cœur. Paulinette lève sa faux bien haut… Vlam! Et d'un! Séraphin s'effondre sur son pupitre. Son long nez enfonce le bouton de mise en marche, et son bras, tombé mollement sur la manette, la pousse au maximum.

Le manège, qui était à l'arrêt, se lance d'un seul coup en vitesse maximum. Les enfants sont projetés vers l'extérieur.

Une gamine tombe sur un cycliste, qui part de travers et s'écrase contre une voiture.

- Strike!

Leliel les fauche d'un coup. Un autre véhicule vient emboutir le premier, et zou! Deux âmes de plus!

- Et hop! Encore deux pour le prix d'un! Journée promo!

De son côté, Paulinette ne chôme pas non plus. Vlam et revlam! Le couple de piétons figé au milieu de la rue en voyant l'accident se fait faucher par une voiture et par une blondinette. Un grand pas de côté, et le bébé écrasé dans sa poussette y passe aussi.

Leliel repasse devant la chorale.

- 'xcusez-moi, je coupe à travers chant!

Zing ! Il porte un coup d'estoc entre deux chanteurs du premier rang, dans le cœur d'une mezzo-soprano foudroyée par une attaque.

Parfait, il ne reste déjà plus que les blessés. En quelques bonds, il est à côté d'un garçonnet qui a volé à travers un stand de renards en peluche et s'est ouvert le crâne contre la caisse enregistreuse.

- Quand on dit que l'argent ne fait pas le bonheur…

Chtak !

- Fiouf! Bon, il est où, le dernier ?

- Là !

Paulinette désigne la dernière victime, tombée le parasol du vendeur de marron chaud.

- Bravo Paulinette, tu as trouvé Charly ! … C'est n'importe quoi, mon pauvre Charles… L'hiver, c'est pas la saison des brochettes !

Vlam, un coup de faux.

- Hé ! Mais c'était le mien, celui-là, on avait dit! Proteste Leliel.

La petite faucheuse lui tire la langue.

- T'avais qu'à pas m'appeler Paulinette !

- J'avais déjà trouvé son jeu de mots… Et en plus tu l'as fauché trop tôt, les pompiers sont pas encore là…

Oh oh… Leliel commence à bouder… C'est qu'elle ne voudrait pas fâcher son copain, quand même…

- Tu me pardonnes si je t'offre une crêpe ?

- … Au nutella ?

- Au nutella !

- D'ac !

C'est bon, il ne boude plus, il est même tout content. Il se retourne vers les gens et il leur crie "JOYEUX NOËL A TOUS!"

Même s'ils ne peuvent pas l'entendre. Y'a pas à dire, Leliel, il est vraiment trop marrant!


Texte publié par Leliel, 9 décembre 2018 à 22h51
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