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tome 1, Chapitre 24 tome 1, Chapitre 24

Une fois que tout le monde fut sorti, Kamu referma la porte et s'approche de la jeune femme, toujours allongée sur le lit. L'entendant sangloter, elle lui donna un second mouchoir. L'autre la remercia d'une petite voix.

-Je peux m'asseoir ?

-Oui…

La mage s'installa sur le bord du lit. Elle chercha quelque chose à dire. Mais finalement se fut Daniella qui pris la parole.

-Il me manque, murmura-t-elle.

Pas besoin de demander de précision pour savoir de qui elle parlait.

Kamu prit sa main dans la sienne, sans un mot.

-Je l'aime, reprit la jeune femme. C'est si dur.

-Je sais ce que c'est, murmura la mage.

Plus que personne, elle savait ce que c'était que de souffrir par amour. Elle repensa à Nils. Il ne l'aimerait sûrement jamais. Pourtant, elle n'abandonnait pas. Pourrait-elle finir comme la jeune femme devant elle ? Combien de temps passerait-elle à pleurer s'il venait à la repousser ?

Pour le moment, il ne l'avait pas fait, mais elle ne savait pas comment les choses pourraient avancer. L'espace d'un instant, elle était dans ses bras et après, il se sauvait, sans un mot. Officiellement, il ne l'avait pas repoussé, mais comment devait-elle le prendre ?

Non, elle avait vécu tellement pire. Les choses ne pouvaient s'arrêter là. Elle ferait comme à son habitude, prendrait sur elle, et trouverait un moyen d'enfouir la tristesse. L'espace d'un instant, elle voulut poser une question à Loth avant de se souvenir qu'il lui fallait se reposer.

-Qu'est-ce que je peux faire ? demanda Daniella.

Elle n'en savait rien. S'il y avait une solution miracle, elle l'aurait déjà appliqué.

-Je sais que c'est dur. Mais il fait accepter les faits, et aller de l'avant.

Un nouveau sanglot accueillit sa réponse.

Kamu posa sa main sur les cheveux de Daniella et lui caressa doucement.

-Je suis désolée.

Elle aussi, elle aurait aimé pouvoir poser des questions. Comment plaire à Nils ? Quel comportement devait-elle adopter avec lui ? Devait-elle faire comme à son habitude, ce soir alors qu'ils partageraient le même lit ? Devait-elle foncer sans se poser de question ou au contraire resté en retrait ? Qu'est-ce qui la bloquait chez elle ?

La mage avait pourtant l'impression qu'elle l'attirait vu son comportement. Mais c'était comme s'il n'osait pas aller plus loin. Pourtant, elle était totalement consentante. Encore un mystère, qu'elle ne pouvait pas comprendre.

Elle reporta son attention sur Daniella.

-Vous devriez essayer de manger un peu.

L'autre secoua la tête.

-Ils sont un peu maladroit, mais ils ont préparé tout ça, avec amour.

Kamu lui désigna le plateau sur la table de nuit.

-Je goûte juste alors…

-Bonne initiative.

Daniella s'assit sur le bord du lit et la mage lui proposa à boire.

-Ils vous ont même ramené de l'eau et du soda orange.

La jeune fille, les fixa avant de tendre la main vers l'une des bouteilles. Aussitôt, Kamu l'ouvrit et lui servit un verre.

-Si vous en voulez, vous pouvez boire le reste.

-Merci.

Pour peu, la mage se serait bien vu dîner, ici, pour éviter les deux personnes qui la détestaient. Ce n'était pourtant pas la solution.

D'un coup, elle se dit qu'elle aurait aimé connaître Daniella quand elle allait encore bien. Peut-être aurait-elle pu devenir amie, toutes les deux. Nils lui avait parlé d'elle en terme positif. Elle savait qu'il était blessé quand il voyait l'état actuel de la jeune femme.

Celle-ci fit comme elle l'avait promis. Elle prit quelques bouchées de saumon avant de se tourner vers le poulet. Kamu ne put s'empêcher de se demander s'il était bon. Sûrement, puisque c'était Nils qui l'avait fait.

Finalement, Daniella reposa le plateau.

-Je n'en veux plus.

-Je vous le laisse. Vous aurez peut-être faim plus tard.

L'autre haussa les épaules.

-J'en doutes. Je vais me reposer.

Kamu hocha la tête.

-Quand vous vous sentirez mieux, venez un peu en bas. Vos cousins seraient contents de vous voir.

La jeune femme parut hésiter. Elle jeta un coup d'oeil sur son portable, comme s'il aurait pu sonner sans qu'elle l'entende dans le laps de temps où elle mangeait. De la tristesse se lu sur son visage. Elle commença à écrire un message, avant d'hésiter.

Daniella jeta un regard suppliant à Kamu, comme si elle avait une quelconque influence sur la décision de son ex-mari. Celle-ci soupira, avant de se rasseoir et de prendre la main de l'autre.

-Je doute que cela serve à quelque chose ce soir…

Ou un autre jour… Mais elle se garda bien d'ajouter ça.

-C'est le réveillon. Il doit être occupé.

La jeune femme prit du temps pour assimiler l'information, avant de hocher la tête et de laisser tomber le portable sur la table de chevet. Avec hésitation, elle ouvrit le tiroir, et l'y fit tomber comme si elle voulait être sûre de ne pas être tenté.

-Pour le moment, reposez-vous un peu, prenez une douche chaude, par exemple et ensuite, venez voir vos cousins, vous leur manquez. Je sais que c'est dur, mais il faut aller de l'avant, il y a tellement de belles choses à voir…

-Je…Je viendrais pour l'échange de cadeau, finit par dire Daniella.

C'était déjà plus que ce à quoi Kamu s'attendait.

-Ils en seront très heureux.

Elle se leva.

-A tout à l'heure. Je viendrais vous chercher au cas où.

L'autre hocha la tête, avant de s'allonger sur le lit. Kamu sortit, en se demandant si elle avait pu faire évoluer ne serait-ce qu'un peu la situation. Elle présagerait beaucoup de ses forces, si elle pensait pouvoir résoudre tous les problèmes.

Cependant, une fois dans le couloir, elle contempla sa main. Elle non plus, n'était pas une mage. Seulement, pour une raison inconnue, Kamu avait l'impression qu'il y avait quelque chose de bizarre. Sa magie avait mis plus de temps que prévu à réagir. Ce n'était pas normal. Il faudrait qu'elle en parle avec Nils. Il ne pourrait pas résoudre le problème, mais pourrait au moins lui donner son avis.

Elle prit la direction de l'escalier. Cette maison était vraiment vaste. Elle se demanda combien il pouvait y avoir de chambre et combien de gens pourrait vivre ici. Cela devait être bizarre d'habiter là. Qu'en avait penser son collègue lorsqu'il était arrivé là, la première fois ? Sûrement pas grand-chose vu les événements.

Kamu descendit. C'était stupide, mais elle avait bien envie de goûter le poulet de Nils. Il avait l'air tellement moelleux. Sûr que certaines y trouveraient à redire. Surtout celle qui ne mangeait pas. Un sourire se dessina sur son visage en pensant à Estella. Elle serait sûrement surprise de voir tout ce qu'elle pouvait avaler.

***

-Pourquoi tu as dit ça ? chuchota Lucas à Nils. C'était méchant, pour elle.

-Tu voulais…

S'entendant parler trop fort, le mage baissa d'un ton.

-Tu voulais que je fasse quoi ?! Que je donne ma bénédiction ?

-Sans aller jusque-là, tu aurais pu être gentil.

Nils secoua la tête.

-Ca a été une grande réussite, jusque-là. Ca fait combien de temps qu'elle a divorcé de ce connard ?

-Alerte gros mot, déclara Loli, derrière lui.

-C'est bon, de une papa n'est pas là et de deux, c'est la vérité.

-Papa a toujours une oreille qui traîne…

Lucas secoua la tête.

-Si tu as une solution miracle, on t'attend pour nous aider.

-J'ai pas de solution, mais je doute que voir ce co...type l'aide à aller mieux. Pour moi, c'est même l'inverse.

-Sur ce coup-là, je suis d'accord avec lui.

Lucas s'arrêta et les regarda.

-On retrouve les vieilles habitudes. Tu te ranges à son avis, même s'il ne s'est pas préoccupé de toi, pendant deux ans.

Loli soupira.

-C'est bon, je ne suis pas une gamine. J'étais déjà de son avis avant. Il ne faut plus que Bertrand l'approche. Je l'ai dit la dernière fois. Si tu ne me crois pas demande à David.

-Qu'est-ce qu'il en dit David ? demanda Nils.

David était le frère cadet de Daniella, et leur cousin.

-Bah, il est un peu comme nous. Ca lui fait mal de la voir comme ça. Après, comme il est loin, c'est plus difficile pour lui de faire quelque chose. Il se sent un peu impuissant.

-On se sent tous impuissant, répliqua Lucas.

-Moi, je dis que mettre mon poing dans la gueule de ce con, pourrait arranger les choses. Au moins, il n'y reviendrait pas.

-Évidemment toi, tu veux toujours tout régler par la violence. Tu te bats avec tout le monde, lui reprocha son frère.

-Toi, tu te bats avec personne. Tu dis toujours la même chose que les autres, pour ne pas les froisser. Résultat, tout le monde se fout de ta gueule !

-Quoi ?! Y a personne qui…

Finalement, Lucas s'interrompit et resta silencieux.

-Tout ça, c'est très beau, mais ça n'aide pas Daniella, reprit leur sœur.

Les deux frères s'affrontèrent du regard, mais aucun d'eux ne reprit la parole. Nils s'en voulait un peu d'être allé aussi loin. Après tout, si son frère avait envie de vivre dans un monde tout beau, tout gentil, libre à lui.

Devant l'air sombre de Lucas qui ne bougeait pas et le regard de Loli qui passait de l'un à l'autre de ses frères, avec un air embêtée, sans savoir quoi faire, il soupira.

-Ok.

Se saisissant du bras de son aîné, il l’entraîna derrière lui. Sa sœur leur emboîta le pas.

-Hé, qu'est-ce que tu fais ?

-Il vaut mieux que tu viennes là, plutôt que de rester dans le couloir.

Nils ouvrit la porte de la salle de musique, poussa son frère à l'intérieur, laissa passer sa sœur, avant de refermer le battant et de se placer devant.

-Je peux savoir à quoi rime tout ça ?

Il s'installa contre le canapé et croisa les bras. Le brun adopta la même position tout en restant à sa place. Ainsi, il lui coupait toute chance de retraite.

-Très bien, maintenant, on va faire les choses simplement : tu vas nous dire clairement ce que tu as !

-Rien…

-Tu parles. Si tu n'avais vraiment rien, tu ne pincerais pas les lèvres et ne froncerais pas le nez ! On croirait ta mère.

-Je ne fais pas ça.

-N'essayes pas de noyer le poisson ! Je resterais là, le temps nécessaire !

-Bah, tu risques de rester là longtemps alors…

-Pas grave, j'attends.

Ils se toisèrent en silence.

Après quelques minutes interminables, Loli prit la parole.

-Aucun de vous deux, ne pense à moi !

Cela eut au moins le mérite de décontenancer Lucas, qui se tourna vers elle.

-Tu sais bien que c'est faux…

-Non, c'est vrai ! Aucun de vous n'était là, pour mon anniversaire !

Les deux hommes échangèrent rapidement un regard.

-Je t'ai téléphoné… commença Lucas.

-Le premier septembre ?! Je suis née le trente-et-un août.

-Désolée, on revenait de vacance et j'ai pas eu trop le temps.

-Tu aurais pu prendre cinq minutes pour me téléphoner.

Lucas baissa la tête.

-On était en retard sur l'horaire, et Estella n'était pas contente…

-C'est surprenant… laissa échapper Nils.

Son aîné se tourna vers lui.

-Et toi, c'est quoi ton excuse ?!

-Moi, je t'ai envoyé une carte d'anniversaire…

Loli secoua la tête.

-Et quoi ? Le facteur l'a perdu ?!

-Non, c'était par email. C'était une carte avec des petits chats qui chantent.

Elle haussa les épaules.

-Tu ne devais pas avoir ma nouvelle adresse.

-Ha bha voilà !

-Mais c'est pas une raison. Tu aurais pu me téléphoner ! Y a que papa qui y a pensé… Et il travaillait. Il est revenu tard ! Mais lui, il s'est occupé de moi.

-Désolée, je travaillais aussi le jour de ton anniversaire.

-Et tu n'avais aucune pause ?

Nils ne répondit pas.

-Tu devais avoir tes amis avec toi, non ?

Loli se mordit la lèvre.

-Ils étaient loin.

-Et tes trois copines avec qui tu étais inséparable ?

-Ca tient en trois mots : armée, stage, déménagement…

A nouveau le silence se fit dans la pièce.

-Le lendemain, c'était un samedi, et aucun de vous n'est venu !

-Estella était fatiguée par le voyage…

-C'est pas elle que je voulais voir, c'était toi. Tu aurais pu la laisser à la maison !

-Oui, mais je ne pouvais pas la laisser seule avec les filles.

-T'avais qu'à les ramener !

Lucas hésita.

-Je n'y ai pas pensé.

Sa sœur se tourna vers Nils.

-Et toi, c'est quoi ton excuse ?

Évidemment, il ne pouvait pas dire qu'il était de permanence. Parce que l'être aux archives d'une entreprise, c'était vraiment bizarre. Après que pouvait-il inventer comme excuse bidon ?

-J'avais un rencard !

-Avec qui ?!

-Bah…

Nils tendit le bras pour désigner la porte.

-T'avais qu'à la ramener ! Ca faisait combien de temps que vous étiez ensemble ?

Aïe, le genre de question qu'il redoutait… Il fallait qu'il réfléchisse et se souvienne depuis combien de temps, ils travaillaient ensemble.

-Je sais pas. Deux ou trois mois… Mais tu aurais aimé que je débarque avec une nouvelle fille pour ton anniversaire.

-C'est pas non plus une histoire sans lendemain. Pourquoi j'aurais fait la tête ?

-Je ne sais pas. Peut-être parce que tu as été méchante avec elle, pas plus tard que cet après-midi…

Loli baissa la tête.

-Désolée…

-Tu crois qu'elle l'a pris comment quand tu l'as insulté ?!

-Je ne pensais pas qu'elle avait entendu.

-Tu l'as insulté ? souffla brusquement, Lucas.

Devant les deux regards inquisiteurs, leur sœur se fit toute petite.

-Je ne le pensais pas. C'est Nils que je voulais faire réagir.

-Tu as blessé Eva ? reprit son aîné. Ce n'est pas bien.

-Je sais ! J'irais m’excuser auprès d'elle. En plus, elle l'air gentille.

-Elle l'est, répondit Lucas.

Nils suivait la discussion en fronçant les sourcils. Pourquoi c'était son frère qui défendait Kamu ? Il décida de recentrer le sujet.

-Bon, puisqu'à la base, on était là pour ça. Tu veux pas nous dire ce qui va pas ?!

Son aîné soupira et s'installa sur le canapé, sans un mot.

-Du coup, Loli, tu veux continuer avec les reproches ?

-Non. Moi, ce que je veux, c'est voir mes frères !

Le brun reporta son attention sur celui qui se tenait les bras croisés, et la bouche pincée.

Sa sœur s'approcha de lui, et prit sa main, avant de s'installer à son côté. Il lui jeta un regard rapide, et parut hésiter.

-Dis ce que tu as sur le coeur, ça te fera du bien.

-Elle a raison, reprit Nils. Tu peux m'insulter, si tu veux.

-Mais pourquoi j'aurais envie de t'insulter ?! C'est bien ton genre de faire de telles réflexions ! Moi ce que je veux, c'est…

Il s'interrompit.

-Vas-y ! On est là pour toi, lui souffla Loli.

Il les regarda tous les deux, sans savoir quoi faire.

-Bon, moi, j'en ai marre de pas te voir. J'ai l'impression que tu t'en fiches de moi. Même quand je te fais la tête, tu t'en fiches.

-Je ne m'en fiches pas. Je me demande juste pourquoi tu n'es jamais de mon côté ? Tu prends toujours le parti de Nils, soupira-t-il. Alors que moi, tu me connais depuis plus longtemps…

-C'est pas contre toi. On a juste plus d'affinité.

-Pourquoi ?

-Je sais pas. Toi, t'es père, tu as un appartement à toi, tu es marié, tu as un boulot et une voiture… Ca fait tellement adulte.

-En quoi, c'est mal ?

-C'est pas que c'est mal. C'est juste que je me dis que tu réagirais comme un adulte et pas comme un jeune. Alors que Nils, c'est pas pareil… Il fait moins sérieux, moins…

-Vieux, lâcha le brun.

-Oui, y a de ça.

Lucas fronça les sourcils.

-Je ne fais pas vieux.

-Bah si. Tu es casé et t'as des problèmes de légumes à ramener pour la semaine du goût, lâcha Nils. Je doute que ta sœur est ce genre de préoccupation parce que vois-tu, c'est pas le genre de truc auquel je pense.

Leur aîné, les regarda tour à tour.

-Tu as d'autres choses à me reprocher ?

Il secoua la tête.

Nils s'approcha, et s'assit sur la table basse pour faire face à son frère.

-Vas-y ! Dis ce que tu as sur le coeur.

Lucas ouvrit la bouche puis hésita.

-Toi ! Toi, t'es le préféré de papa ! Depuis que tu es là, il n'y en a que pour toi !

En l'entendant, Nils manque de s'étouffer.

-Pardon ?! Je suis celui qui s'est le plus pris de coup de pied aux fesses de la part de papa !

-Normal, tu faisais n'importe quoi ! Mais là, ça fait plein de fois que je veux parler à papa et tu es toujours là !

Le brun soupira.

-En même temps, tu viens dans la cuisine. Tu sais trop bien que c'est notre domaine à tous les deux.

-Pourquoi je ne pourrais pas en faire parti aussi ?!

-Euh… Parce que tu ne sais pas faire la cuisine…

-Aucun de vous deux ne me montre quoi faire. C'est juste emmène les plats, comme ça, tu débarrasses le plancher.

Nils hésita, mais finit par venir s'installer à côté de son frère et posa sa main sur son épaule.

-Ce n'est pas ça. Si tu voulais parler à papa, pourquoi tu ne l'as pas fait ?

-Je ne voulais pas que tu entendes !

-Il suffisait de me demander de partir.

-Tu l'aurais fait ?

-Oui, si c'était important pour toi.

Lucas le fixa comme s'il doutait de la véracité de ce que venait de dire son frère.

-Vraiment ?

-Mais oui ! Tu veux que j’aille chercher papa, pour que tu lui parles ?

Il secoua la tête.

-J'attendrais la fin du repas.

Nils reprit.

-Si ça peut te rassurer, j'ai en permanence des remarques de papa, me disant de prendre exemple sur toi. Parce que tu es calme, poli, gentil… Tu es marié, tu as une bonne situation. Tout ce que je ne suis pas et que je n'ai pas.

-Enfin, tu as Eva quand même !

-Oui, enfin toi, tu as…

Il se retint pour ne pas dire « l'autre conne ».

-Estella.

-Hum… Nous ferions mieux d'aller manger.

Si ce n'était pas une tentative d'évitement, cela y ressemblait beaucoup. Son frère ne devait pas tout lui avoir dit. Seulement pour le coup, il avait raison. Ils feraient bien de se lever tous les trois, sinon le poulet ressemblerait à un bout de carton.

Loli les appeler alors qu'ils allaient partir vers la sortie.

-Attendez !

-Quoi ? dirent ses deux frères d'une même voix.

-On se fait un câlin.

Tout en disant cela, elle se jeta dans les bras de Lucas le plus près, et attira Nils à elle.

-Mes grands frères d'amour ! murmura-t-elle.

Les deux hommes échangèrent un regard. Ils paraissaient gênés par la situation. Cependant, Loli ne leur prêta aucune attention. Elle paraissait heureuse, et son sourire faisait plaisir à voir, aussi, ils ne dirent rien.

***

En ressortant de la salle de musique, ils ne disaient rien, mais leur sœur avait voulu les tenir tous les deux par la main. Du coup, Nils avait l'impression qu'ils faisaient une expédition dans les montagnes et qu'ils étaient obligés d'être accrochés les uns aux autres.

Lorsqu'ils arrivèrent devant Estella, Lucas abandonna Loli pour se diriger vers sa femme qui attendait dans l’embrasure de la porte. A son visage fermé, on pouvait tout de suite voir qu'elle allait lui faire des reproches.

Cela eut le mérite de faire se souvenir de quelque chose à Nils.

-Ka…

-Quoi ? demanda sa sœur.

-Où est Eva ?

Elle haussa les épaules.

-Elle était derrière nous. Elle est sûrement dans la salle à manger.

Ou pas, pensa-t-il.

Connaissant sa capacité à devenir invisible comme il voulait, Nils se demanda s'il n'était pas parti à la recherche du pendentif sans lui.

Une voix le tira de ses réflexions.

-Où étais-tu ?

-Pardon ?

Lucas allait sûrement passer un mauvais quart d'heure. Il leur en voudrait sûrement s'il avait su qu'ils pouvaient l'entendre. Loli jeta un regard interrogateur au brun comme pour savoir ce qu'ils devaient faire. Normalement, il aurait dû lui répondre qu'ils n'auraient pas dû écouter, mais il voulait avant tout retrouver Kamu, et cela nécessitait de revenir dans le couloir, en passant par la porte.

-Je te demande où tu étais ?

-Avec mon frère et ma sœur.

-Avant !

-Avec ma cousine.

-Je peux savoir ce que tu faisais avec elle ?

-Je l'ai conduit à sa chambre.

-Qu'est-ce que tu faisais avec elle, seul dans sa chambre ?

Un soupire de la part de Lucas.

-Je n'étais pas seul, j'étais avec mon frère et ma sœur. Et puis, même si j'avais été seul qu'est-ce que ça aurait fait ? C'est ma cousine, de quoi as-tu peur ?!

-Ne me fait pas honte ! Je te préviens, si tu continues comme ça, lorsque l'on sera dans ma famille ça se passera mal pour…

Présageant sans doute quelque chose, elle ne termina pas sa phrase, et rentra dans la pièce, jetant un regard noir à Nils et Loli. Elle devait savoir qu'ils l'avaient entendu, mais n'ajouta pas un mot.

Sa sœur regarda le brun, interrogeant du regard, il secoua la tête. Mieux valait ne pas se mêler des affaires de son frère. Il leur en parlerait s'il le souhaitait. En attendant, ils restaient spectateurs. Cependant, Nils commençait à se faire une autre idée sur Estella.

-Quelle odieuse façon de parler !

Le mage ferma les yeux. Il aurait reconnu cette façon de parler entre mille : Kamu. Il l'avait presque oublié dans tout ce bazar, et maintenant, il s'apercevait que celui-ci était resté en arrière.

Sa sœur le lâcha.

-Attends, je dois faire un truc.

Elle retourna dans le couloir, passa devant son frère immobile et fonça sur la personne qui venait de faire son apparition. Prenant ses mains dans les siennes, elle baissa la tête.

-Excuse-moi, Eva d'avoir été méchante avec toi.

L'autre lui sourit avec douceur.

-Ce n'est rien. J'ai l'habitude.

-Tu ne m'en veux pas ? Je n'ai pas dû montrer une bonne image de moi…

-N'y pensons plus.

-Et allons manger avant que se soit froid ! reprit d'une voix forte Nils.

Son frère hocha la tête, et s'avança. Le brun en profita pour rejoindre Kamu dans le couloir. Aussitôt qu'il fut à proximité, elle s'accrocha à son bras et il se retint de soupirer, se contentant de faire signe aux autres d'avancer. Il se tourna vers Kamu, près à faire une réflexion, mais elle le devança et colla sa bouche près de son oreille, pour chuchoter :

-Tester tous les deux et aucun mage. Il n'y a pas de problème d'éveil chez ta sœur ou chez Maxime.

L'espace d'un instant, Nils se sentit penaud. Il avait cru qu'il allait encore lui faire une tentative de séduction, et il rebasculait boulot au moment, où il s'y attendait le moins.

-Il me reste les deux serpents à sonnette à retester. Je fais comment pour les toucher ? Invisibilité ou bagarre ?

Il leva les yeux au ciel.

-Tu n'as pas dans l'idée de te battre avec elles ? C'est franchement pas l'endroit.

Il savait que même s'il avait l'apparence d'une petite chose fragile, Kamu s’entraînait pour se battre au corps à corps plusieurs fois par semaine. Elles n'avaient aucune chance face à lui.

-Tu a raison, ça serait méchant pour elles. Du coup, il faudra que je joue les filles invisibles à un moment…

Nils secoua la tête.

-Avant toute chose, allons manger.

-Oui, mon amour.

Joignant le geste à la parole, elle l'embrassa tendrement sur la joue, avant de le précéder, sans ajouter un mot. C'était Kamu, il n'y avait rien d'autre à ajouter.

Le brun le fixa. Il était vraiment pas net. Il ne l'avait jamais été, mais là, ça devenait de pire en pire. Et lui, dans tout ça, il souriait comme un imbécile heureux. Vivement que cette soirée se termine.


Texte publié par Nascana, 13 juin 2019 à 16h02
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