Dès qu'il eut quitté le couloir et refermé la porte derrière lui, Nils prit une grande respiration et se laissa aller contre le mur jusqu'à terminer assit par terre. Il se prit la tête entre les mains. Qu'est-ce qui lui avait pris de faire ça ? Est-ce que Kamu lui plaisait à ce point, avec ce corps ? Tellement qu'il en perdait le sens des réalités ?
Depuis tout à l'heure, il ne faisait que faire l'inverse de ce qu'il avait décidé. Le brun avait beau se dire qu'il ne fallait plus que ce genre de rapprochement physique se produise, à côté, il les provoquait carrément. Que se serait-il passé s'il n'avait pas repoussé son compagnon ? Sûrement ce qu'il s'imaginait, ce qu'il désirait à ce moment-là.
Seulement, est-ce que leurs intérêts concordaient ? Il ne lui avait toujours pas posé la question et ce n'était pas pendant qu'ils s'embrassaient avec passion qu'il allait y venir. Si entre deux caresses, il lui disait « au fait Kamu, je t'aime bien, mais je veux juste coucher avec toi, sans prise de tête », ça ne serait sûrement pas bien vu.
Il devait faire attention, ce n'était pas Nataly à qui il avait dit que leurs visions du futur n'avait rien de commun et qu'il valait mieux s'arrêter là. Ce qui était la vérité. En plus, elle n'était pas mage et il en avait marre de ne pas pouvoir lui raconter ce qu'il faisait dans la vie.
Le truc, c'était qu'elle, il n'était pas obligé de la voir au quotidien. S'il se conduisait comme un connard avec Kamu sous prétexte qu'il était sexy, il se prendrait sûrement le retour de bâton mérité. Mieux valait éviter de jouer avec les sentiments de quelqu'un qu'il côtoyait tous les jours.
Le pire, c'est qu'il n'en avait pas spécialement envie. A la base, Nils était juste là pour retrouver ce maudit pendentif. Il n'avait pas pris en quête secondaire « se taper Kamu ». Seulement, il était tellement différent de ce dont il avait l'habitude. Il était magnifique. Un corps sublime, avec cette petite touche d'innocence qui lui était propre. Cela ne faisait que lui donner encore plus envie de le protéger. Surtout, qu'il paraissait si fragile… Il ne l'avait jamais vu ainsi, aussi à fleur de peau.
Lorsque l'autre conne l'avait fait pleurer, le brun avait ressentit une profonde envie de lui jeter la première chose qui lui passait sous la main. C'était vraiment d'une méchanceté incroyable que de s'en prendre à Kamu. Il n'y avait pas plus gentil que lui.
Nils soupira. Il devait redescendre. Il ne pouvait pas passer sa soirée assit comme un con sur le palier. Pas après avoir quitté son compagnon sans aucune explication. En même temps, que pouvait-il lui dire ? Je veux de toi, mais finalement non…
Il se passa une main sur le visage.
Devine qui dort avec Kamu ce soir ? Qui va partager le même lit que toi ?
Cette idée le fatiguait d'avance. Il faudrait avant tout, commencer par une bonne discussion. Seulement, sa chambre partageait un mur en commun avec celle de son frère et l'isolation n'était pas des meilleurs. Il lui faudrait faire attention à ce qu'ils disaient, l'autre fouine avait toujours une oreille qui traînait.
Le brun se releva. Il était calmé.
L'espace d'un instant, il hésita. Il avait tellement envie de partir retrouver Kamu. Seulement, il n'était pas sûr de réussir à rester impassible. Jamais ils ne pourraient avoir de discussion si la moitié de son esprit était occupé à détailler son ami, à la recherche de ce qui lui plaisait le plus.
Prenant une grande respiration, il ne dirigea vers l'escalier. Il n'y avait plus qu'à espérer que son père est calmé sa femme. Ces derniers mots lui semblaient tellement peu approprier. Il aurait mieux fait de dire son parasite. Cela lui convenait mieux. Après tout comment appeler quelqu'un qui s'accrochait si désespérément à un homme qui n'en avait rien à faire d'elle, juste pour garder son niveau de vie ?
Il serra les dents. Nils allait devoir aller à l'encontre de sa façon d'être. Il devait se montrer aimable, avec quelqu'un qu'il détestait. Lui, qui en général ne prenait de gant avec personne. Cela ne lui posait pas de problème d'envoyer bouler les gens.
Là, il devrait se contenter d'être un gentil garçon poli. La solution était de prendre exemple sur son père. Seulement cela ne serait pas simple. Il avait des caractères si différents. Alors que lui s'énervait pour un rien, François restait toujours calme tel une force tranquille. Au final, il n'en paraissait que plus terrifiant lorsqu'il se mettait vraiment en colère. Peut-être parce que les gens ne s'imaginaient pas qu'il pouvait se mettre dans un tel état.
Parfois, lorsque Nils regardait son frère, il lui en voulait de tellement ressembler à leur parent. Il avait ce même calme au quotidien, heureusement, il lui manquait le charisme pour s'imposer, sinon ça serait invivable. Déjà, qu'il avait du mal à supporter ses sourires en coin, trop semblable à ceux de sa mère sûrement.
Arrivé en bas, le brun hésita avant de pousser la porte. Il se sentait mal à l'aise. Ce n'était pas lui, de pardonner aussi rapidement. En temps habituel, il serait parti en claquant la porte. Là, il ne pouvait pas le faire.
Autant faire les choses au plus vite, ainsi les autres n'auraient pas le temps de réagir. Du coup, il entra et sans un mot retourna s'asseoir à sa place. Il lança un regard à la chaise vide. Kamu lui manque plus qu'il ne l'aurait cru possible.
Sa main chaude, caressant la sienne, lui manquait. Il ne s'en apercevait que maintenant. Comment pouvait-on s'habituer à ce genre de chose en si peu de temps ? Si on lui avait posé la question la veille, il aurait rit. Comme s'il pouvait autant s’accrocher à quelqu'un…
-Alors comment va-t-elle ? lui demanda son père.
D'un geste de la tête, Nils le rassura.
-Ca va. Elle ne tardera pas.
Il s'avançait un peu sur ce point. En fait, il n'en savait rien. Il espérait juste que Kamu ne lui en voulait pas de l'avoir planté dans la chambre, sans aucune autre explication que « je dois descendre ». Si on lui avait fait ça, nul doute qu'il se serait énervé. Heureusement que son partenaire avait plutôt bon caractère.
-On t'a servi en ton absence, déclara son père.
Nils devait avouer qu'il n'avait absolument pas faim. Quelle belle soirée de réveillon !
L'espace d'un instant, il pensa à ceux qui se plaignaient de prendre du poids pendant les fêtes. Ils devraient venir faire un tour ici, pour avoir l'appétit coupé. Même le poulet qu'il avait fait cuire lui-même ne lui donnait pas envie.
Il planta sa fourchette dans une tranche de saumon, et la coupa en deux, avant de chercher quelque chose du regard, sur la table.
-Tu veux de la mayonnaise ? lui proposa sa sœur.
De la mayonnaise avec du saumon fumé, on arrêtait plus le progrès.
-Non, du citron.
-Il est resté dans la cuisine, déclara son père.
Le brun se leva.
-J'allais y aller, lui dit François.
-Ca ira, je trouverais.
Il avait juste envie de s'échapper de la pièce pour éviter la tension qui y régnait actuellement. D'ailleurs, il ne devait pas être le seul.
Ouvrant le frigo, il chercha du regard la bouteille de jus de citron, mais ne la trouva pas.
-Attends, Nils.
Son père arriva derrière lui.
-Prends un vrai citron.
Il lui tendit le fruit.
-Pour moi tout seul ?
-Tu n'auras qu'à couper une tranche et la mettre dans le verre de ton frère.
Même comme ça, c'était trop, mais il ne dit rien. Il n'allait pas grogner pour si peu. Avant il se le serrait permis mais là, il n'en avait même plus la motivation.
-Comment va Eva ?
Que répondre ?
-Mal. Mais elle s'en remettra.
-Je suis désolé que la soirée est pris une tournure aussi déplaisante.
-C'est pas toi qui devrais être désolée, c'est elle.
A nouveau, il avait pris ce ton agressif. Son père ne dit rien. Il ne disait jamais rien, à ce propos, sans doute par culpabilité. Sa mère elle, ne l'aurait pas laissé faire. Ils avaient eu des accrochages à son adolescence. Il devait avouer qu'il n'était pas des plus faciles à gérer. Heureusement, Déborah n'avait pas pour principe de se laisser faire.
-Pardon, papa, murmura-t-il. Je ne voulais pas crier…
C'était la vérité. Seulement, comme à son habitude, il s'énervait au moindre mot qui ne lui plaisait pas.
Son père le fixa quelques instants.
-C'est moi, où tu es en train de changer ?
Il se força à répondre calmement.
-Je ne vois pas de quoi tu parles…
Son père eut un petit sourire qui l'irrita. Il allait encore lui dire que Kamu avait une bonne influence sur lui. Après, c'était vrai que l'autre ne faisait que sourire ou s'amusait lorsqu'il se mettait à crier, du coup, il était bien obligé d'adopter un autre comportement puisque celui-ci ne marchait pas.
-Eva...
-A une bonne influence sur toi, reprit Nils, en adoptant la façon de parler de son père.
Il finit par hausser les épaules.
-Je te dis que c'est le cas. Sinon tu serais déjà parti en râlant et j'aurais dû te courir à près.
-Je peux toujours le faire, si ça te manque tant !
-Mais ne prends pas la mouche pour si peu, enfin.
C'était surtout une accumulation de tout. Que faire ? Lui dire la vérité ? Continuer à grogner dans son coin ?
-J'ai pas envie d'y retourner, lâcha-t-il soudain.
-Où ça ?
D'un geste de la tête, il indiqua la salle à manger.
-Tu es trop grand pour bouder tout seul dans ta chambre, déclara juste son père.
Il n'y aurait pas été seul. Il aurait été avec Kamu. Brusquement, il sentit une douce chaleur l'envahir. Rester en bas, serait sûrement une meilleure idée, s'il voulait éviter de faire une bêtise.
-Non, mais… Comment tu la supportes ?
-Avec du calme et de l'expérience.
-Moi, j'en ai pas de calme.
-Gagnes-en. Ca fait beaucoup d'année que je te dis de prendre un peu exemple, sur ton frère. Il est toujours calme et poli.
-Il est juste mou.
-Lui aussi, tu lui en veux ?
La question le déstabilisa. Il ne lui en voulait pas réellement pour son caractère. C'était juste qu'il n'avait pas d'intérêt commun. Ca, et une vieille histoire dont il n'avait jamais parlé à son père. Il n'en avait pas non plus discuté avec le principal intéressé. De toute façon, ça ne servait à rien, puisque les choses étaient déjà faites. Qu'aurait fait Lucas ? Dire qu'il était désolé. Mais qu'est-ce qu'il en avait à faire de ses excuses minables ?
-Qu'il lâche déjà Eva, on en reparla après.
Nils hésita sur ce qu'il devait faire. D'un côté, il avait envie de fuir son père et la conversation qui n'était pas à son goût. De l'autre, il n'avait que peu d'alternative : retourner dans la salle à manger ou retrouver Kamu. La première idée l'énervait, la seconde l'excitait. Comment allait-il se sortir de ce mauvais pas ?
-Tu sais ce que tu devrais faire ?
Nils fronça les sourcils.
-Faire une liste de ce que reproche à tout le monde. Tu finiras par te rendre compte qu'il y a pas grand chose d'important.
Le brun haussa les épaules. Il trouvait l'idée complètement stupide.
-Que me reproches-tu à moi ?
Il secoua la tête, sans daigner répondre. Il ne le voulait pas.
-J'ai compris la leçon. Tu veux que j'oublie un peu le passé ?
Son père lui sourit.
-C'est toi qui l'a dit pas, moi. Je sais que des choses te pèsent, mais elles t'empêchent aussi d'aller vers l'avant.
Il réfléchit.
-Viens, retournons à table.
Son père se saisit de quelques bouteilles, et Nils se précipita pour l'aider. Il n'allait pas s'en retourner dans la salle à manger avec juste un citron à la main. Surtout qu'il ne manquait pas de force.
-Je déteste ton sapin de Noël, déclara-t-il soudain.
François le fixa, en attendant la suite.
-Avec maman, on le faisait toujours en bleu et argent parce que c'était ce qu'elle adorait. Ici, c'est en rouge et or.
-Est-ce une raison valable pour faire la tête ?
Nils hésita. Il savait bien que son père avait raison. Bouder pour une histoire de sapin de Noël, ce n'était pas digne de lui.
-Non… C'est juste une accumulation…
-A aucun moment, cela ne t'est venu à l'idée de proposer de faire un sapin bleu et argent ?
-Pff !
-Je suis sérieux.
-Elle n'aurait pas voulu.
-Tu aurais pu m'en parler.
C'était vrai, il aurait pu. Mais il ne l'avait pas fait. En réalité, ce qu'il voulait ce n'était pas parlé, c'était retrouver sa mère et leur vie, à tous les deux. Bien sûr, il ne le dirait jamais à François, mais ils s'étaient habitués à vivre sans lui, trois semaines par mois. Ici, il n'y avait plus la soirée pâte à la bolognaise du mardi, et tant d'autres choses.
-Y a pire dans la vie que ça.
-Oui, mais du coup, tu boudes.
C'était vrai.
-Tu devrais exprimer les choses, Nils. Mais de manière calme et réfléchie. Toi, tu gardes les choses et finalement, après avoir râlé pour tout, tu exploses sans raison.
Le brun ne répondit pas. Il savait que son père avait raison.
-Allons-y, les autres doivent s'interroger.
En vérité, il voulait juste couper court à la conversation.
-Au fait, j'ai dit à Anne-Laure de ne plus adresser la parole à Eva, jusqu'à demain. Ca sera dur pour elle de résister, mais j'espère que tout se passera bien. De toute façon, il faudra bien qu'elle se fasse à l'idée que vous êtes ensemble, maintenant.
Maintenant, oui. Pour les prochains jours, non… Cependant, il s'abstint de tout commentaire. Il aurait dû ramener Kamu en tant qu'homme et le faire passer pour un ami. Quoique… Finalement, il n'était pas sûr que cela soit la meilleure des idées.
-Si elle refait pleurer Eva, je m'en vais !
Il ne savait pas pourquoi il avait dit ça. Pour poser ces conditions ?
-Je comprends bien. J'espère surtout qu'Eva ne se sent pas trop mal après ce qui est arrivé. La pauvre, cela a dû réveiller de vieux souvenirs en elle.
-Je me suis occupé d'elle.
Une phrase qui voulait tout dire et rien dire en même temps.
Il espérait juste que Kamu allait aussi bien qu'il l'avait dit. Lorsqu'il l'avait pris dans ses bras, et qu'il avait sentit tout son corps agitait de tremblement, son coeur s'était serré. Il s'était rendu compte qu'il était tellement impuissant à effacer sa peine. Combien de souffrance Kamu cachait-il ?
S'il ne s'était toujours pas montré lorsqu'il aurait terminé son assiette, il remonterait voir comment il allait.
-J'espère qu'elle n'aura pas une trop mauvaise image de nous, soupira son père.
Vu celle qu'il lui avait dépeinte, ça ne dénotait pas trop.
-Elle t'aime bien, déclara Nils.
Cette phrase eut le mérite de lui donner le sourire. Mais c'était la vérité. Sans doute, François lui rappelait-il son propre père.
-Moi aussi, je l'aime bien. C'est une fille gentille, calme et douce. Parfaitement le genre qu'il te faut.
Toujours ce même son de cloche. Brusquement, Nils se demanda si les gens trouvaient qu'il était bien assorti avec sa mère. Sûrement pas. Mais il s'abstint de tout commentaire et suivit son père.
Lorsqu'ils revinrent dans la salle à manger, Maxime occupait toute la conversation.
-Et là, la secrétaire, elle a donné un coup de journal sur la tête d'Alexis et a dit qu'elle allait le poursuivre s'il raté encore ses partiels ! C'était trop marrant.
-Alexis repasse sa première année, pour la cinquième fois, expliqua d'une voix timide Ben.
C'était la première fois qu'il exprimait depuis qu'il était arrivé, et lorsque son regard croisa celui de Nils, il baissa les yeux comme pris en faute. Cela l'attrista. Faisait-il si peur que cela ?
Le brun reporta son attention sur le citron.
-T'en veux ? demanda-t-il à l'attention de Lucas.
-Qui ? Moi ?
-Non, le père Noël ! T'en veux dans ton eau pétillante ?
Comme toujours, son frère ne buvait pas d'alcool. De toute façon, il n'aimait pas ça. Alors que les autres buvaient du vin, lui tournait à l'eau gazeuse et Loli au soda.
-Je veux bien, merci.
Il lui fit un sourire. Le visage de Nils se ferma. Lucas ressemblait vraiment trop à sa mère lorsqu'il souriait. Cependant, il ne fit aucun commentaire et se contenta de faire glisser la rondelle de citron dans son verre.
Alors qu'il allait commencer son repas, la porte s'ouvrit sur Kamu, et il resta là, avec sa fourchette en l'air, à le fixer comme un idiot. Lorsque leurs regards se croisèrent, il se sentit rougir. La chaleur envahie son corps le mettant mal à l'aise.
Ce n'était pas possible… Il n'avait pas fait ça !
Sans un mot, l'autre fit le tour et vint s'asseoir à son côté. Avec un large sourire, il le regarda, avant de poser la main sur sa cuisse l'espace d'un instant.
Le silence s'était fait dans la pièce et se fut finalement, Maxime qui le brisa.
-Eva, le saumon, tu le manges avec quoi ? De la mayonnaise ? Du citron ? Du pain et du beurre ?
-Du ketchup, de la sauce soja, de la vinaigrette ? continua à énumérer Nils, sans savoir pourquoi.
-Du citron sera suffisant.
-Comme Nils ! Vous vous êtes bien trouvé !
En entendant cela, Kamu s'approcha de lui, pour poser un baiser sur sa joue.
-Ca, c'est bien vrai, murmura-t-il.
Il se sentit rougir comme un adolescent à ce simple contact. Il réagissait de manière vraiment trop stupide ce soir.
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