Nils tourna la tête lorsque la porte de la cuisine s'ouvrit. Il se redressa brusquement quittant la chaise. Si c'était son frère ou sa belle-mère, ils allaient encore dire qu'il ne faisait rien et n'était ici que pour profiter. En un sens, c'était vrai. Il était là pour profiter de la présence de son père. Pas pour eux.
Heureusement, c'était juste Kamu. Il entra le sourire aux lèvres, avec un petit air taquin. Il était magnifique. S'en était presque indécent. Il rayonnait. Comment parvenait-il à faire cela ? Jamais il ne l'avait autant regardait qu'aujourd'hui. D'habitude, il lui paraissait totalement quelconque.
Il faudrait qu'il lui demande de ne plus prendre cette apparence, lorsqu'ils étaient en mission. Il le distrayait beaucoup trop. Évidemment, Nils ne le ferait jamais. Comme s'il pouvait empêcher l'autre de choisi son corps. Ce n'était pas quelque chose qui le regardait.
Kamu s'approcha de lui.
-Est-ce que ça va ?
Il prit sa main dans la sienne.
-Tu n'as pas l'air bien… Où est ton père ?
Le brun ne put s'empêcher de sourire de manière totalement idiote.
-C'est rien. Mon père se repose un peu. Le pauvre toute cette histoire l'a fatigué. Je lui ai dit que je m'occupais du reste.
Nils passa sous silence les révélations de son parent. Il n'avait pas envie d'y songer pour le moment. Mieux valait se concentrer sur le repas.
-Je vais t'aider, déclara Kamu. Je ne sais pas ce que je pourrais faire, mais si tu me montres, je pourrais sans doute reproduire tes gestes.
Il se sentit rougit en entendant cette phrase. Il était clair que l'autre parlait de la préparation du repas, mais pendant un instant, il s'était imaginé autre chose.
-Je peux aussi réchauffer des choses, avec la magie, lui souffla l'autre à l'oreille.
-Pour ça, il existe le micro-onde, tu sais ?
-Encore faut-il savoir s'en servir…
-Kamu ? Ne me dis pas que tu ne sais pas le faire ?!
Son collègue tourna la tête vers l'électroménager présent dans la cuisine.
-Je ne le connais pas celui-ci…
-Ils marchent tous pareil.
-Ha ?
Il était vraiment touchant avec sa petite moue surprise. Nils posa sa main sur sa joue qu'il caressa du bout des doigts. Aussitôt, Kamu posa la sienne dessus, comme pour éviter qu'il la retire. Avant de se rapprocher pour venir se blottir contre lui. En quelques secondes, le brun se retrouva avec la tête de l'autre reposant sur son épaule. Son parfum doux lui titillant les narines.
D'accord. Il réussissait parfaitement à se mettre dans la situation qu'il ne voulait pas. C'était quand même formidable. Le pire s'était qu'il continuait à effleurer tendrement ses cheveux, tout en l'enlaçant.
Kamu avait fermé les yeux semblant savourer l'instant. Du coup, il avait plus de scrupules à le lâcher.
-Je suis tellement bien dans tes bras.
Son compagnon releva les yeux vers lui, le fixant quelques instants.
-Embrasses-moi !
On en était à nouveau rendu au même point. Et lui ne savait toujours pas quoi faire ? Etait-il enfermé dans une boucle sans fin, tant qu'il n'aurait pas résolu le problème ?
Kamu détourna le regard, et se redressa, quittant ses bras.
-C'est bon, oublie ça.
Il lui tourna le dos comme s'il apprêtait à partir. Réagissant à l'instinct, Nils enlaça l'autre, le plaquant contre son torse. Il ne voulait pas qu'il disparaisse.
Kamu se figea.
-Reste, lui murmura-t-il.
-Nils…
Son collègue passa ses mains sur les bras qui le tenait serré.
Le brun resserra sa prise, pour mieux l'étreindre. Posant son visage contre les cheveux de l'autre, il le sentit se retourner vers lui, doucement. Leurs visages étaient si proches l'un de l'autre. Il lui suffisait d'un mouvement et il pourrait l'embrasser.
Pourrait… C'était bien le mot. Devait-il se laisser aller à ses désirs ? Où alors réfléchir aux conséquences de ses actes avant tout ? Kamu était et resté son collègue. Quelqu'un qu'il voyait tous les jours, avec lequel il devrait collaborer. Si jamais les choses se passaient mal entre eux…
-Nils…
Sa voix douce le coupa dans ses réflexions. Saisissant son menton, il lui releva la tête. Alors plongeant vers son visage, il caressa ses lèvres des siennes. C'est doux, et chaud. Le brun voulait éviter d'aller trop rapidement, sinon il pourrait faire quelque chose qu'il regretterait.
Profitant qu'il desserrait son étreinte, Kamu se retourna, et passa ses bras autour de son cou, comme pour être sûr qu'il ne fuirait plus. Nils passa la main dans ses cheveux, l'attirant encore un peu plus vers lui, comme pour se gorger de son parfum, de la douceur de sa peau, de la caresse de sa langue sur la sienne.
Ils échangèrent plusieurs baisers rapides, avant que la réalité se rappelle à eux, sous la forme de la sonnerie du four. Cela n'arrêta pourtant pas le brun, qui continua à embrasser tendrement Kamu. Celui-ci se détacha pourtant.
-Nils…
Il n'eut pas le temps de prononcer la moindre parole, que l'autre l'attirait à nouveau contre lui.
-Le four…
-Je sais…
Cette sonnerie commençait à lui taper sur le système. Une pensée lui trottait vaguement dans la tête, lui rappelant qu'il était responsable du repas du soir et qu'il faudrait qu'il s'intéresse au poulet, avant que celui-ci ne soit cramé. A cela s'opposait son envie du moment, tenir dans ses bras et embrasser la superbe femme qui lui faisait face.
Finalement, l'agacement gagna du terrain et il abandonna Kamu pour arrêter ce bruit qui lui vrillait le crâne. Il ouvrit le four et vérifia la cuisson de la viande avec attention. Elle lui paraissait bien juteuse. Il ne fallait pas la laisser plus ou elle allait devenir sèche.
-Il faut que je m'occupe de ça, tout de suite… déclara-t-il à voix haute, comme si c'était là, une façon de s'excuser au près de Kamu.
-Je peux faire quelque chose ?
-Mets-moi un dessous de plat, que je pose ça dessus.
L'autre scruta la cuisine à la recherche de l'objet et en trouva un rond en liège sur le plan de travail, qu'il jeta rapidement au milieu de la table.
-Ca ira, ça ?
-Parfait.
Saisissant le plat avec des gants rouges de cuisine, il le posa en vitesse. Voyant le regard admirateur de Kamu, il ne put s'empêcher de dire :
-Alors ça te plaît ?
L'autre avait le regard d'un gosse le jour de Noël. Ce qui convenait bien à la période.
-Ca a l'air trop bon.
Il fixait le poulet avec un air avide qui aurait presque pu le rendre jaloux.
-Merci Nils.
Les remerciements étaient sincères, même s'il ne comprenait pas à quoi ils correspondaient.
-Merci de quoi ?
-De tout. De tout ce que tu as fait pour moi !
Le brun le fixa sans comprendre. Qu'avait-il fait ? Le poulet n'était pas juste pour Kamu, il ne l'avait pas fait en pensant à lui. Il avait juste pris l'affaire en main pour que ça avance. Sinon ils y seraient encore.
Alors qu'il saisissait un couteau, et un plat pour couper la viande, Kamu se jeta sur lui, avec une énergie proche du désespoir. Il enlaça son dos, avec force et posa sa tête contre son épaule.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
L'autre ne répondit pas, se contentant de garder sa prise sur lui.
Nils décida de ne pas insister et de couper le poulet en morceau. Avec son compagnon accroché à lui, c'était moins facile, mais il ne se voyait pas lui demander d'arrêter alors qu'il paraissait si fragile. En plus, il devait avouer que c'était plutôt agréable comme sensation que celle de ce corps chaud collé au sien.
Brusquement, il sentit quelque chose d'humide sur son omoplate, et se redressa surpris.
-Kamu, tu pleures ?
-C'est pas moi, c'est mon corps.
Cette drôle de réponse lui fit froncer les sourcils.
-Je ne crois pas que dissocier les deux, soit possible.
L'autre le lâcha, pour essuyer ses larmes.
-Cette Eva, elle est vraiment sensible.
Saisissant une feuille de sopalin, Nils lui tendit. Son ami la prit et se tapota les yeux avec.
-Mon maquillage est foutu…
-Eva, c'est toi, non ? lui demanda le brun perdu.
Kamu eut un petit sourire.
-Cette apparence est plus sensible que les autres. Je dirais sans peine que c'est la plus sensible de toute. C'est la raison pour laquelle je ne la prends pas souvent.
Nils ne dit rien, cherchant à interpréter les réponses que venaient de lui fournir son collègue. Etait-il possible que sa personnalité même soit lié aux apparences qu'il prenait ? Si c'était le cas, cela expliquait au moins, le comportement rentre dedans que lui faisait Kamu depuis l'instant où il était devenu Eva. La différence avec leur quotidien au travail était plus que saisissante.
Du coup, est-ce que c'était seulement ce corps qui s'intéressait à lui ou son ami en général ? Lui devait avouer que c'était ce corps-là qui l'intéressait, et juste celui-là. C'était si complexe. La nature même de Kamu était complexe.
Il aurait voulu lui poser la question, mais que dire : est-ce que tu m'aimes que lorsque tu es Eva ou aussi en tant que Kamu ? Mais pouvait-on vraiment parler d'amour ? Alors que dire : est-ce que tu me désires en tant qu'Eva ou en tant que Kamu ?
Avant qu'il n'ouvre la bouche, l'autre était près de lui.
-Ne t'en fais pas. J'ai juste une peu trop d'émotion, pour ce soir.
-A cause du poulet ?
Son collègue se mit à rire.
-Entre autre. C'est bien de ne pas être seule le soir du réveillon.
Nils avait cru au départ que c'était une situation voulue par son ami, parce qu'il lui avait annoncé avec le sourire. Mais derrière cette façade rayonnante se cachait une douleur véritable. Quels autres secrets lui cachaient-ils sous couvert de plaisanterie et de joie communicative ?
-Si tu veux…
Il se retint avant de dire une connerie. Mieux valait déjà vérifier son emploi du temps. Il ne savait pas d'avance où il serait pour le réveillon du nouvel an.
-Oui ?
-Et le nouvel an, tu le passes seul ?
-Comme Pâques, Noël ou mon anniversaire… Enfin, non, des fois, je mange avec Gilles.
Quel bonheur de manger avec son chef pour les fêtes. Nils n'appréciait que moyennement l'idée.
-Mais là, je suis avec toi.
Disant cela, Kamu vint se blottir, encore lui. Cela avait l'air de lui faire tellement plaisir.
-Oui, et tu vas me supporter jusque demain encore.
Son ami hocha la tête.
-Par contre, je vais finir de couper ce maudit poulet si on veut manger un jour !
-D'accord. Comme ça, je vais goûter à ta cuisine. Ca me fait tellement plaisir.
-T'emballes pas, c'est juste un poulet rôti. Ca n'a rien d'un trois étoiles.
-Mais c'est toi qui l'as fait, avec tout ton amour.
-Euh… Je l'ai juste mis à cuire. Je ne pense pas que mon amour entre en ligne de compte.
Mais Kamu l'enlaçait à nouveau, pressant son corps contre le sien comme s'il avait peur qu'il disparaisse s'il venait à ne plus le toucher. Nils hésita. Il ne savait plus quoi faire. Devait-il le serrer contre lui ? Faire comme si de rien n'était et couper le poulet ? Discuter avec lui ?
S'il était logique, il aurait peut-être décidé de commencer par là.
Le brun planta le couteau dans la chair. Déjà, il allait s'occuper du repas, ensuite, il irait voir son père, puis réunirait tout le monde histoire de pouvoir enfin profiter du dîner. De toute façon, viendrait bien un moment, où il se retrouverait seul dans la chambre avec Kamu. Bizarrement, il n'aurait su dire si cette idée l'enchantait ou l'effrayait.
-On va bientôt manger, murmura-t-il.
-Ha oui ?
Moqueur Kamu commença à l'embrasser dans le cou. Nils sentit son corps se hérissait, à ce doux contact. Il n'avait pas osé ?! Pourtant, lorsqu'il sentit le contact humide sa langue près de son oreille, il trembla de bonheur.
Posant le couteau précipitamment sur la table, il attrapa Kamu et le plaqua contre le mur pour l'embrasser plus passionnément. L'autre se laissa faire et noua ses bras autour de sa nuque, savourant ce contact sur son corps.
-Nils…
Mais les attentions de l'autre ne faiblissaient pas. Il plaqua ses lèvres contre les siennes, cherchant sa langue pour jouer avec. D'une main, il lui caressait le visage avec tendresse, de l'autre, il avait glissé ses doigts à travers la fente de sa robe, effleurant avec délicatesse le haut de sa cuisse nue.
-Je t'avais bien dis de ne pas recommencer… souffla-t-il entre deux baisers.
-Tu aimes ça, à ce point-là ?
-Tu n'as même pas idée…
Il n'était pas sûr que dévoiler cette information à Kamu soit une bonne idée. Mais au point où en était, il n'avait plus grand-chose à perdre. Aussitôt, l'autre tenta de reprocher ses lèvres de son cou, mais il le repoussa gentil.
-Non, murmura-t-il.
-Mais je veux te faire plaisir.
-Garde ça, pour plus tard.
Pourquoi avait-il prononcé ces mots ? Nul doute qu'ils n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd et que son ami allait les ressortir le moment venu. Mais au fond peut-être était-ce ce qu'il espérait. Il devait avouer qu'il n'était pas en train de penser à la suite. Il était plutôt concentré sur l'instant présent.
-Et toi, tu aimes ça ?
Il descendit ses lèvres sur son cou, pour y déposer de petits baisers.
-Moins que toi, en tout cas…
Il n'avait pas tord. Ne connaissant pas encore son corps, il lui était difficile de juger de ce qui lui plaisait ou non. Tant pis, il allait devoir expérimenter.
Du bout du doigt, il descendit le long de son menton, avant de gagner le creux de son décolleté. Kamu frissonna sous sa caresse, sa peau était si douce. Au moins, il était réceptif. Dès qu'il l'effleurait, l'autre tressaillait. S'en était presque gratifiant de voir qu'il parvenait à le mettre dans cet état en ne faisant presque rien.
Alors que Nils embrassait tendrement la naissance de ses seins, il pouvait sentir son coeur s’emballer. Son compagnon glissa ses mains sous sa chemise, pour laisser ses doigts prendre possession de ce corps inconnu. Il les fit redescendre et les ramena vers lui, pour s'attaquer à son torse.
Le brun l'arrêta, mal à l'aise.
-Attends.
Leurs regards se croisèrent.
-Tu veux arrêter ? lui demanda Kamu, à regret.
Normalement, il aurait dû lui répondre que oui, c'était préférable. Après tout, ils étaient toujours collègues.
-C'est juste que je suis pas très présentable, murmura-t-il.
L'autre fronça les sourcils.
-Comment ça ?
Le brun se sentit rougir. Bien sûr, il n'avait pas prévu de se retrouver dans ce genre de situation. Déjà, il n'avait pas prévu de se trouvait là et encore moins, en compagnie d'un Kamu aussi séduisant. Au moins, il s'était rasé le matin même. Bon après, il ne l'avait pas fait pour son compagnon, mais pour avoir l'air présentable devant son père. A présent, il regrettait de ne pas avoir pris le temps de s'occuper du reste.
-J'ai pas eu le temps…
Pourquoi se sentait-il si bête de dire les choses à voix haute ? Surtout, que l'autre comprendrait sûrement.
Sans attendre, son ami passa la main sous sa chemine pour lui caresser le torse. Avant qu'un large sourire éclaire son visage.
-Tu te fais du souci pour ça ?
Il baissa la tête.
-Désolé, je sais que c'est pas agréable…
Kamu approcha son visage de son oreille et lui souffla :
-Si tu savais à quel point, je m'en fiche…
Nils caressa la peau douce de sa jambe. C'était quand même plus agréable que si elle était pleine de petits poils piquant.
-Oui, mais…
-Pas de mais !
Kamu vint déposer des petits baisers dans son cou, et en profita pour déboutonner le col de sa chemise. Descendant un peu plus bas, il mordilla la peau qui lui était offerte. Nils ne put retenir un gémissement de plaisir. C'était vraiment vil de lui faire ça, alors qu'il lui avait dévoilé son point faible.
Pour se venger, il fit remonter sa main plus haut sur sa cuisse, jusqu'à attendre ce qu'il cherchait. Des doigts, il sentit le tissu délicat de son sous-vêtement, qu'il commença à caresser doucement, histoire de lui montrer que lui aussi pouvait se montrer taquin. Le brun sourit en le sentant si fébrile.
-Nils, pas ici…
-Pourquoi ? Tu n'en as pas envie ?
-On est dans la cuisine…
Il le fit taire d'un baiser, et plaqua son corps chaud contre le sien. Posant ses mains sur ses hanches, il l'attira encore plus contre lui. Kamu l'embrassa avec plus de fièvre. Il était clair qu'il le désirait et qu'il ne cherchait pas à se moquer de lui. Le seul contact de ses lèvres, le faisait frissonner délicieusement.
Il était bien dans ses bras. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas partagé un moment comme ça, avec quelqu'un. Après le fait que se soit son collègue avait tendance à le refroidir quelque peu. Seulement Kamu était si séduisante avec cette apparence, qu'il se sentait incapable de résister.
-Nils…
La façon dont il soufflait son prénom à son oreille, le rendait fou. C'était dit d'une façon tellement vrai, tellement sexy.
-Pas ici…
C'était vrai que le fait qu'ils se trouvent tous les deux dans la cuisine de son père, n'aidait pas. Si on les trouvait comme ça, ils allaient faire scandale.
-Tu veux que je te monte, là-haut ?
Il devait avouer qu'il avait très envie de le faire. Soulever Kamu dans ses bras et se précipitait jusqu'à sa chambre pour le balancer sur le lit. S'il faisait ça, non seulement le repas prendrait sûrement une heure dans la vue, mais en plus, on se demanderait où il était passé. Son père lui avait confié les rennes de la cuisine, il ne pouvait pas le décevoir.
-Nils arrête, lui murmura Kamu.
-Pourquoi ? Tu en as envie, non ? Je devrais peut-être…
-Non, arrête tout de suite !
Le ton n'était plus le même. Ce n'était pas sensuel, c'était plus anxieux.
-Qu'est-ce qui se passe ?
Kamu s'éloigna rapidement tira une chaise et s'installa dessus. Le brun le regarda faire surpris. L'autre lui désigna la porte. Comprenant le message, Nils se saisit du couteau, et observa le poulet qu'un air consciencieux.
Le battant s'ouvrit.
-Vous faites quoi ?
Lucas apparus. Évidemment, il fallait que se soit lui. La fouine devait avoir fait le tour de la maison pour dresser une carte mentale d'où étaient les gens et de ce qu'il faisait.
-Je suis en train de culbuter Eva sur la table, tu peux repasser !
-T'es d'un vulgaire, grogna son frère.
-Et toi, t'as que des questions cons à poser. Je fais quoi à ton avis ?!
L'autre s'approcha et regarda les morceaux de viande dans le plat.
-Ca a l'air bon.
-Ca l'est. Maintenant, t'as quelque chose à dire ou tu t’entraînes à tourner en rond pour cette nuit ?
-Il est où papa ?
Nils soupira et porta son attention sur la découpe du poulet sur lequel il était en train de passer sa frustration.
-Pourquoi ? Tu as quelque chose à lui dire ?
-Euh non… Pas franchement, mais…
-Tu n'as rien d'autres à faire, c'est ça. Tu veux pas aller voir ta mère ?
-Ha ha ha, t'es vraiment très drôle.
-C'était pas une blague. Va lui dire qu'on va passer à table. Ensuite, tu iras chercher Maxime et son pote.
Son interlocuteur hésita.
-Et ta femme ? Il ne faut l'oublier, continua Kamu avec un petit sourire.
-Oui, et ta femme aussi. Enfin, si elle a le droit de manger.
-C'est bon, te moque pas.
Il avait pris sa défense tellement mollement que Nils comprit que cette histoire l'énervait plus qu'il ne voulait l'avouer.
-On n'attend pas tonton ?
-Je ne crois pas.
Lucas resta encore là quelques instants, à le regarder sans rien dire. Il devait vraiment se faire chier.
-La table est mise ?
-Je ne sais pas.
-Va voir et reviens me dire.
-Pourquoi moi ?
-Je sais pas parce que tu n'as pas l'air très pris.
Ils s'affrontèrent du regard quelques instants, avant d'être interrompu.
-C'est bon, j'y vais.
Kamu s'était levé et mis en route. Nils suivit du regard la silhouette qui filait. Il avait vraiment un corps de rêve. En tournant la tête, il se rendit compte qu'il n'était pas le seul à le penser.
-Ca va, je te dérange pas.
Lucas ne répondit pas et commença à partir.
-Tu vas où là ?
-Tu m'as pas demandé d'aller voir si la table était mise ?
-Ka...Eva vient d'y aller. Elle n'a pas besoin de toi dans les pattes.
-Elle ne sait pas où est la salle à manger…
Il avait dit ça avec un petit sourire en coin qui énerva Nils, plus qu'il ne l'aurait voulu.
-Tu crois quoi ? Que tu es tellement irrésistible qu'elle va s'intéresser à toi ? Pauvre type.
-Tu as peur de quoi ? D'être tellement grossier et chiant qu'elle en est marre de toi ? Pauvre type toi-même.
Ils s'affrontèrent du regard.
-Occupe-toi de ta femme t'aura déjà fort à faire !
Lucas tira la grimace. Nils fronça les sourcils.
-Quoi ? Ca va pas entre vous ?
L'autre baissa la tête, en silence.
Le brun n'avait pas franchement envie de recueillir les confidences de son frère, mais il ne savait pas quoi dire, et l'avoir à côté de lui, silencieux, lui pesait.
-Ho, je ne sais pas. Elle fait la gueule…
-Tu sais pourquoi ?
Il eut un petit sourire, comme s'il se retenait de rire.
-C'est ta copine qui l'a remise à sa place. C'était très drôle à regarder.
Nils le fixa sans comprendre. Il n'était pas au courant des faits.
-Donc ta femme fait la gueule et toi, tu te marres. Y a pas un truc qui te paraît ne pas aller ? Tu ne devrais pas aller la voir ?
Il haussa les épaules.
-Non, elle m'en veut parce que je lui ai dit de ne pas mettre le chien sur le canapé en cuir.
-Le chien, c'est nouveau ? Je croyais que tu détestais les animaux, ricana Nils.
Son frère tira une chaise et s'installa dessus. A comprendre qu'il était parti pour rester. Ca devait vraiment aller mal, pour qu'il lui parle à lui, le fils de l'autre.
-C'est sa nouvelle idée. Tu parles si j'en voulais. J'ai bien assez à faire en m'occupant de mes filles, sans ajouter à ça, un chien.
-Elles ont bien grandis.
-Oui, ça, c'est parce que tu ne les as pas vues depuis deux ans. Ca change vite à cet âge-là.
Le brun hocha la tête sans savoir quoi dire.
-Je leur ai pris un petit truc pour Noël, mais je ne sais pas si ça leur plaira.
-Tant que c'est de leur âge…
-J'y connais rien en enfant.
-Il faudra bien que tu t'y mettes un jour…
Nils lui jeta un regard surpris.
-Le plus tard sera le mieux.
-Et Eva alors ?
Il se retint de rire. Kamu avec des enfants, c'était assez inimaginable.
-C'est encore une enfant dans sa tête, c'est pour ça qu'elle s'entend bien avec eux. Je l'imagine mal en vouloir un jour. Quant à moi, je ne crois pas que ça serait la personne que je choisirais si j'en voulais.
Lucas le fixa quelques instants.
-Pourquoi tu dis ça ? Tu t'en fiches d'elle ou quoi ?
-Mais qu'est-ce que ça peut te foutre à toi, d'abord ?!
Non, mais pour qui il se prenait lui, à venir lui faire la leçon ? Qu'il s'occupe déjà de son cas, il aurait fort à faire !
Lucas se releva précipitamment.
-Pour toi, y a rien de sérieux, c'est ça ?! Elle n'est pas assez bien pour toi ?!
Mais qu'est-ce qu'il avait à s'énerver comme ça ?
-En quoi ça te regarde ? Je fais ce que je veux.
Avant que son frère puisse ouvrir la bouche, Kamu était de retour.
-C'est bon la table est mise !
Sans savoir pourquoi Nils sortit la première chose qui lui vint à l'esprit.
-Eva, tu veux te marier ?
Il s'attendait à ce que l'autre lui dise qu'il n'en avait rien à faire. Seulement, c'était sans compter le côté gamin de Kamu.
-Bien sûr, ça serait trop chouette. Pourquoi ?
Nils perdit son sourire et baissa la tête vers la table.
-Tu veux l'épouser, lui ? demanda Lucas, en le montrant du doigt. Parce que ce type, ce n'est vraiment pas son truc. Il ne se mariera jamais, qu'il disait.
Kamu parut décontenancer.
-Euh... d'accord.
Sa voix était moins assuré qu'il ne l'aurait voulu. Il se mit pourtant à faire un large sourire et déclara, d'une voix qui se voulait enjouer :
-Bon, je vais chercher les autres.
Le brun le regarda partir. Il était blessé, c'était visible, et lui ne savait même pas pourquoi.
Le voyant partir, Nils lâcha le couteau et se dirigea vers lui. Il le retrouva dans le couloir.
-Attends.
Il s'approcha de Kamu qui baissait la tête.
-Pourquoi ça te touche autant ?
Il avait son sourire de façade plaqué sur le visage.
-Ca ne me touche pas.
-Tu sais que c'est faux.
L'espace d'un instant, de la tristesse passa sur son visage.
-Tu peux me le dire… Je ne te jugerais pas.
Il secoua la tête toujours souriant.
-C'est juste que je sais que je ne me marierais jamais.
-Pourquoi ?
-A cause de ce que je suis… Mais je ne peux rien y faire. Je suis comme ça.
Nils le regarda d'un air grave.
-Tu pleures…
-Non, je souris.
-Tu souris et tu pleures.
Kamu passa la main sur son visage, avant de reculer. Il se dirigea vers la porte, l'ouvrit et partit en courant, sous le regard surpris de Nils. Que devait-il faire ? Laisser tout et courir pour le rattraper ? Attendre qu'il aille mieux ?
-Tout va pour le mieux entre vous, à ce que je vois, déclara Lucas moqueur derrière lui.
-T'es content de toi ?
-Qu'est-ce que j'ai fait ? Tu comptais l'épouser ? Non alors…
Il marquait un point, mais Nils ne voulait pas le laisser gagner.
-Pas le genre de fille qu'on épouse, hein Nils ? Juste assez bien pour qu'on s'amuse avec.
-Ferme ta gueule et me fait pas chier !
Le brun regagna la cuisine et ferma la porte, et s'appuya dessus. Mais c'était quoi cette soirée de fou ? Il avait l'impression que tout partait en vrille. Kamu qui était censé être son soutien, montrait de plus en plus de faiblesse. Ca n'allait pas et il ne pouvait rien faire pour l'aider.
Que devait-il faire ? Abandonner la mission ? Claquer la porte au nez de tout le monde pour aider son collègue. Celui-ci ne l'accepterait jamais. Il était bien trop consciencieux pour ça. Kamu irait jusqu'au bout même si on devait le ramasser à la petite cuillère ensuite.
Mais plus que tout ça, ce qui troublait Nils, c'était de se dire qu'il était peut-être responsable de ce qui venait d'arriver. S'il ne l'avait pas embrassé, peut-être ses émotions ne seraient-elles pas ressorties comme ça ? Il avait presque l'impression de lui avoir joué un mauvais tour.
En même temps, que voulait-il vraiment ? S'amuser un peu ? Et Kamu que voulait-il vraiment ?
Nils passa une main sur son visage. Il ferait mieux de s'occuper du repas et d'aller réveiller son père. Ca irait sûrement mieux lorsque celui-ci serait là, pour calmer tout le monde. Son parent possédait ce pouvoir qui faisait que tout le monde le respectait. Il saurait remettre la soirée sur les rails.
Le brun espérait qu'il irait mieux. Il avait l'air vraiment touché par ce qu'il lui avoué. Mais après tout cela n'avait rien d'étrange. François était toujours sensible pour ce qui concernait sa mère. Mais c'était normal si l'on regardait bien. Il n'avait pas eu le temps de la pleurer. Il avait dû faire face à un adolescent en colère et à une femme qui lui avait mené la vie dure.
Nils regrettait son comportement. Ce n'était pas de la faute de son père, si Déborah avait été tuée. Ils avaient toujours su que ce qu'elle faisait été dangereux. Seulement, entre le savoir et y être confronté…
Elle leur manquait terriblement à tous les deux. Mais pendant longtemps au lieu de les lier, cela n'avait fait que les séparer. Le brun voulant absolument être celui qui avait le plus souffert, il n'acceptait pas que son père lui parle de la femme qu'il aimait.
Nils avait même été jusqu'à lui reprocher de ne pas avoir de frère ou de sœur par sa faute. Même si au fond, il ne s'était jamais demandé si sa mère voulait d'autres enfants que lui. Il était un sale gamin égoïste, et il le savait. C'était peut-être pour ça qu'il s'était éloigné, il avait honte du comportement qu'il avait eu.
Revenir ici, lui faisait tout drôle. Revenir ici avec Kamu, avait quelque chose d'irréel. Est-ce que c'était bon pour lui ? Il n'aurait su le dire. Est-ce que c'était bon pour Kamu ? Il avait des doutes. Les infos qu'il obtenait sur lui, étaient distillées au compte-goutte et lui permettait de mieux comprendre l'état mental de celui-ci, même s'il était encore loin de tout savoir.
Si seulement son ami avait assez confiance pour lui parler, en toute liberté. Mais qu'avait-il fait lui pour mériter cette confiance ? Il l'avait embrassé, et ensuite, il avait été incapable de lui parler de ce qui s'était passé. Ils venaient de recommencer… En voulait-il de cette relation ? Ou alors c'était juste le corps d'Eva qui lui plaisait ?
Il chassa les questions de son esprit. Il verrait en temps voulu. Pour le moment, le repas était la priorité. Ensuite, il s'occuperait de son père puis de Kamu. Une chose à la fois et il avancerait peut-être.
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