Ils entrèrent tous dans le bureau et virent se positionner face à leur père. Lucas fixa l'horloge comme s'il avait hâte que ça se termine alors que Nils baissait la tête, et Loli n'avait d'oeil que pour son portable que son parent venait de poser sur son agenda en cuir noir.
-Bien, vous savez pourquoi vous êtes là ?
Il n'obtint guère de réponse.
-Je vois. C'est dommage que vous souffriez subitement tous les trois d'amnésie. Du coup, je vais faire simple. Montrez-moi, vos décorations de Noël.
Nils plongea la main dans sa poche et en tira son agneau, couleur encre. Les deux autres l'imitèrent.
-Bien, maintenant je veux que vous disiez ce que c'est et pourquoi on vous l'a donné !
Aucun des trois ne paraissait près à en discuter et ils se lançaient des regards noirs les uns aux autres.
-Très bien. Lucas, commence donc. Tu aimes bien être le premier à donner ton avis !
-J'ai pas grand-chose à dire, c'est un âne, et je l'ai parce que ça amuse l'autre…
Au regard sévère de son père, il ne termina pas sa phrase.
-C'est un âne parce que tu te comportes comme un âne, déclara Nils avec un demi-sourire.
-Ha oui ?
-Le mouton noir sérieusement ?! On sait très bien ce que ça signifie ! Le message ne pourrait être plus clair.
-Pourtant tu es encore là !
-Ca suffit tous les deux ! les interrompit leur père. Loli ?
-Bah moi, j'ai un cadeau avec un joli ruban.
Lucas se mit à pouffer.
-C'est pas un ruban, c'est une croix, parce que tu n'es pas un cadeau !
-Quoi ?! Mais t'es vraiment un connard !
A nouveau leur père frappa dans ses mains.
-Et ça vous semble normal à vos âges d'en être toujours à ce niveau-là ? J'ai plus l'impression d'avoir face à moi des enfants de huit, cinq et deux ans, que des adultes. Et je vous interdis de dire que c'est de la faute de l'autre ou qu'en telle année, il s'est passé quelques choses. La vérité, c'est que j'ai trois enfants faisant preuve d'une immaturité exceptionnelle lorsqu'il se retrouve ensemble ! Maintenant, je vais vous demander une chose : donnez une qualité de chacun de vos frères et sœurs. Lucas ?
-Euh… Nils a un style vestimentaire hors du commun et Loli est la reine du maquillage.
Il regarda tour à tour la chemise de son frère, et le visage de sa sœur.
-Je vois que tu t'amuses bien. J'attendais que tu montres l'exemple, mais tu n'as pas l'air décidé à assumer ton rôle d'aîné. Nils à toi !
Le brun déglutit, il n'avait pas vraiment de réponse à cette question. Il allait devoir se creuser la tête pour trouver. C'était clair qu'ils lui pompaient l'air tous les deux, mais pour faire plaisir à son père, il se devait de faire un effort.
-Lucas est…
Il se retint pour ne pas placer « un connard » et y allouer une qualité.
-Un bon père.
Ca devrait passer.
-Loli est pleine d'idée…
Surtout lorsqu'il s'agissait de faire tourner son monde bourrique... Mais il s'abstint de le dire à voix haute.
Son père paru satisfait.
-Loli ?
-Ils sont tous les deux partis de la maison…
-C'est ça ta qualité ?! J'attendais mieux de toi, Loli, ricana son aîné.
-Si tu me laissais terminer, tu saurais ce que je veux dire. Ils réussissent tous les deux leur vie.
François hocha la tête.
-Lucas, tu veux revenir sur ce que tu disais ?
Le plus âgé soupira.
-La copine de Nils est assez jolie. Je me demande comment il a fait pour qu'elle s'intéresse à un mec comme lui… Loli est énergique lorsqu'il s'agit de faire ce dont elle a envie…
Le brun lui lança un regard noir. Dès qu'il avait parlé de Kamu, il avait senti une vague d'agacement le gagner, s'attendant au pire. Qu'y avait-il de réellement caché derrière ses mots ?
-Pourquoi fait-il que les gentillesses que tu dis sois tout de suite cassé par des méchancetés ? lui demanda sa sœur.
-Je suis juste réaliste : tu es trop fatiguée pour mettre la table, mais pas pour faire un après-midi shopping. Quand à lui, je me demande ce qui pourrait intéresser une femme aussi…
-Aussi quoi ?
-Soit pas sur la défensive, elle est trop bien pour toi, c'est tout. A moins…
Leur père les interrompit.
-Lucas, je doute que l'on est besoin de ton avis sur le sujet. Alors maintenant, tu vas te comporter gentiment avec ton frère et ta sœur, et ils en feront de même. Ainsi, nous pourrons passer un réveillon acceptable.
Son frère grogna une réponse, Loli hocha la tête, et Nils déclara juste :
-D'accord.
-Je veux plus vous voir faire preuve d'une telle immaturité. Je veux que mes enfants se soutiennent et non pas qu'ils s'enfoncent les uns les autres. C'est bien compris ?
-Oui, papa.
Ils répondirent tous les trois ensemble, dans une véritable cacophonie.
-Bien à présent, donnez-moi vos décorations et choisissez une dans celle-ci.
Il renversa un sac plein de petit sujet de Noël sur son bureau.
-Lucas, tu vas choisir pour ta sœur, Loli pour Nils et Nils pour Lucas.
D'un air peu intéressé leur aîné, fouilla dans le lot avant d'en tirer une grosse orange en bois.
-Ce te rappellera le soda dégueulasse que tu passes ton temps à t'envoyer.
Son sœur ne répondit pas et se saisit d'une aile, qu'elle confia au brun.
-Parce que tu sais voler de tes propres ailes.
A son tour, Nils s'approcha, il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait trouver et qui corresponde à son aîné. Du bout des doigts, il fouilla le tas de décoration de Noël, avant d'en extraire un ours en peluche. Après réflexion, il le confia à Lucas. Celui-ci, le regarda sans comprendre.
-C'est parce que tu es un vrai nounours avec tes filles.
-N'importe quoi…
Il accepta néanmoins la figurine.
Leur père prit la parole.
-Écoutez !
Nils fronça les sourcils en cherchant à entendre quoi que se soit.
-Papa, y a aucun bruit.
-Justement, c'est ça qui est merveilleux. Aucune dispute, aucun cri, aucune insulte… J'espère que ça durera comme ça toute la soirée.
Ils comprirent rapidement le sous-entendu.
-Et si vous n'êtes pas capable de vous tenir, éloignez-vous les uns des autres, d'accord ? Je ne veux pas de nouvel incident !
Nils hocha la tête. Après tout, il comprenait son père. Il était chez lui, et avait bien le droit de souhaiter passer un Noël agréable avec ses enfants.
-Lucas, j'espère que tu n'avais pas prévu de nouvelles surprises agréables pour ton frère et ta sœur. Loli va nettoyer ton visage. Nils change-toi et mets la chemise dans la machine à laver, avec un peu de chance ça partira.
Le brun contempla le désastre.
-J'espère. Cette chemise…
Il s'interrompit. Qu'allait-il dire ? Je l'ai emprunté à Kamu ?
-C'est un cadeau d'Eva, finit-il par déclarer.
Il perçu le regard de Loli sur lui, elle paraissait être gênée, mais ne dit rien. Peut-être qu'à la base, elle ne l'avait vraiment pas fait exprès.
-Papa, je peux reprendre mon portable ?
-Hein ? Ha oui…
Il attrapa le téléphone et le lui rendit au moment, où celui-ci se mettait à nouveau à vibrer.
-C'est Jules, murmura-t-elle, en espérant s’éclipser.
Mais c'était sans compter sur sa mère qui venait de faire son entrée dans le bureau.
-Ha vous étiez tous là ?! Je vous cherchais.
-Papa, voulait nous parler, lui répondit Lucas, alors qu'elle s'approchait de lui, pour remettre en place sa chemise.
Agacé, il la chassa du revers de la main.
-Mais enfin, François, tu crois que c'était le moment ? J'ai besoin de l'aide de Loli.
-Quoi ? déclara la principale intéressée, en relevant la tête de son portable, sur lequel elle tapait un message.
-J'ai besoin de toi, pour faire le service !
-Pourquoi moi ?
-Tu es la jeune fille de la maison, c'est ton devoir.
La sœur de Nils fit la grimace, et chercha du soutien autour d'elle. Lucas s'était éclipsé rapidement et son père fixait sa femme d'un air ennuyé.
-François, je croyais que tu faisais de la cuisine. Enfin, ça n'aurait pas duré longtemps, j'aurais dû m'en douter… Puisque tu as fini de t'amuser, on va pouvoir s'occuper du repas. S'il te plaît, pourrais-tu dire à cette pauvre jeune femme qui attends dans la cuisine, que tu n'as plus besoin d'elle.
-Eva est toujours dans la cuisine ? demanda Nils.
-Tu le saurais si tu ne l'avais pas abandonné pour faire « on ne sait quoi ».
-Il serait peut-être temps d'aller voir les biscuits, déclara François.
-Et bien, va s'y, lui répondit sa femme.
-Une fois que vous aurez tous quitté mon bureau.
Avec délicatesse, il poussa sa fille, toujours occupée à écrire un SMS, vers la sortie.
-Loli, viens !
Elle râla avant de suivre le mouvement.
-J'y vais, lança Nils à son père. Ne t'en fais pas pour les biscuits.
Son père ferma derrière lui.
-Non, j'y vais. Toi, occupe-toi de ta chemise.
Il avait raison, à force d'attendre les tâches ne partiraient sûrement pas. A regret, il grimpa les marches quatre à quatre, et gagna sa chambre. Après avoir ouvert sa valise, Nils se demanda ce qu'il pourrait bien mettre en remplacement. Il n'avait pas pensé à prendre de chemise, avec lui. D'ailleurs, il n'avait pas pris beaucoup de change avec lui.
Tout en se creusant la tête, il retira le vêtement tâché. Il n'avait plus qu'a espérer qu'il ressortirait immaculé de la machine, sinon il était bon pour en repayer une neuve à Kamu. Du coin de l'oeil, il chercha la marque du produit pour se faire une idée du prix qu'il allait devoir débourser.
Derrière lui, la porte s'ouvrit et quelqu'un se glissa à l'intérieur de la pièce. Il fit volte-face, près à activer ses boucliers magiques avant de se rappeler qu'il était juste dans sa famille et non, en train de traquer des tueurs fous dans la forêt.
Il découvrit Kamu qui se tenait derrière lui, toujours sous les traits de la mystérieuse Eva. Il lui souriait, sans le quitter des yeux.
-Ha, c'est toi ?
Nils reporta son attention sur la chemise.
-Je suis désolé. Je ne sais pas si les tâches vont partir.
-C'est pas grave.
En l'espace de quelques secondes, Kamu avait franchi la distance les séparant et se tenait presque contre lui.
-Je t'en rachèterais une. Elle coûtait combien ?
-Ne te fais pas de soucis pour ça.
-Bien sûr que si, je m'en fais. Cette chemise t'appartenait et à cause de moi…
Il sentit une main glisser le long de son dos nu, pour venir se poser sur son épaule.
-Kamu…
-C'est juste une chemise. Détends-toi.
-Oui, mais…
Son co-équipier posa son index sur ses lèvres pour le faire taire.
-Laisse-moi faire. Je m'occupe de tout.
Il planta ses yeux dans ceux bleu pâle de Kamu. Cette déclaration avait le don de lui faire perdre ses moyens. Il ne savait pas ce qu'il voulait dire, mais il n'avait qu'une envie en savoir plus.
Nils s'efforça pourtant mentalement de se calmer.
L'autre l'avait planté là, pour aller fouiller dans sa valise. Il sentit sa respiration se relâcher. Encore une fois, il se faisait des idées sur les propos tenu par son ami.
Kamu revint devant lui avec une chemise noire dans les mains, dont il avait entrepris d'ouvrir les boutons.
-Tiens, essaye ça.
Sans un mot, Nils acquiesça. Il passa le vêtement qui se trouvait être à sa taille. Le tissu était agréable sur sa peau, prouvant la qualité de la tenue.
Avant qu'il est pu faire le moindre geste, son coéquipier avait déjà pris les devant et boutonner la chemise.
-Je peux le faire seul, tu sais.
-Je sais, répondit-il simplement.
A comprendre que de toute façon, il n'en ferait qu'à sa tête.
Lorsqu'il eut terminé, il lissa tendrement la poche du vêtement sur le corps de son ami.
-C'est bon, déclara Nils, avant de se rendre compte qu'ils étaient plus proche qu'ils ne l'auraient dû.
Il fixa Kamu, sans bouger.
-Oui ? demanda l'autre.
-Non, rien.
Mais il ne bougea pas pour autant.
-Tu attends quelque chose ?
-Hein ?
-Ca, par exemple.
Joignant le geste à la parole, Kamu d'effleurer ses lèvres avec les siennes.
-Ka… Kamu ?!
Nils voulu faire un bond en arrière, mais en oublia la présence du lit derrière lui et s'y étala, devant le fou rire malicieux de l'autre.
-On peut dire que je te fais de l'effet, déclara-t-il en pencha la tête sur le côté, d'une façon très sensuelle.
-C'était quoi, ça ?!
-Ne me dis pas que c'était la première fois, j'aurais du mal à te croire.
-Ce… Ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais à quel moment ça t'a paru judicieux de faire quelque chose comme ça ?
Nils se redressa.
-Je ne sais pas. Tu étais là, à me fixer avec ton regard de chiot battu, comme si tu attendais quelque chose. J'ai eu envie de te donner une récompense.
-Ne…
Mais Kamu ne paraissait déjà plus l'écouter. Il s'était saisi de la chemise et se tenait sur le pas de la porte.
-On se retrouve en bas, déclara-t-il avant de lui envoyer un baiser et de refermer la porte.
Une fois qu'il eut disparu de son champ de vision, Nils se laissa retomber sur le matelas, en grognant.
-Chiotte ! Chiotte ! Chiotte !
Si Kamu l'attaquait sur ce plan-là, il n'était pas sûr de pouvoir résister longtemps. D'habitude, il n'avait pas ce genre de problème. Seulement, là, ils devaient faire semblant d'être un couple. En plus, ce soir, ils partageraient le même lit. Cette idée le terrifiait autant qu'elle l'excitait. Ca ne tournait pas rond dans sa tête.
Et l'autre, là, qui ne faisait rien pour l'aider, avec sa robe au décolleté bien rempli. Enfin, sur ce point, c'était sa faute, c'était lui qui lui avait dit de modifier son corps. Maintenant, c'était trop tard pour changer quoi que se soit. En même temps, il ne pouvait pas lui dire « non » sous prétexte qu'il était trop joli.
Son ami avait sans doute choisi cette apparence pour lui faire plaisir et qu'il soit fier de la présenter à sa famille. Il ne pensait sûrement pas être la cause de tel trouble dans son esprit. Mais ne pouvait cesser de penser à quel point, il était magnifique sous cette forme. Le moins qu'il pouvait dire, c'était que cela s'en ressentait dans son comportement.
Il se releva. Ca ne servait à rien de rester là, à ruminer. De toute façon, il faudrait bien qu'il se bouge à un moment ou l'autre.
Nils se dirigea vers la salle de bain associée à sa chambre et fit couler un mince filet d'eau, pour s'en asperger le visage. Il avait besoin d'avoir les idées claires. Ce qui n'était pas le cas.
Il se rappela le but de la mission retrouver ce foutu pendentif. Il devrait peut-être interroger son père sur le sujet. Après, tout, il était probable que sa mère lui est remit le fameux objet. Cela expliquerait la raison de sa présence.
A moins que se soit lui, qui l'ai ramené là. Sauf qu'il n'en avait plus aucun souvenir. Du coup, cela lui paraissait illogique.
La première des choses à faire, était de parler à son père. La deuxième, en parler à Kamu. A moins, qu'il ne fasse l'inverse, selon les possibilités.
Ouvrant le meuble sous la vasque, il en sortit une serviette propre, avec laquelle il se tamponna le visage. Le parfum était toujours le même, il le reconnut aisément, et fut surprit d'en éprouver du plaisir.
Il était temps de redescendre. Il avait à faire. Pour cela, Nils était même prêt à affronter Kamu et son regard envoûtant. Du moins, il l'espérait.
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