Ils finirent par réussir à quitter la ville, non sans que ne résonne les railleries et les injures de Nils. Au moins, ils n'avaient pas eu d'accident. C'était déjà une bonne nouvelle, en soit. Ils ne paraissaient pas être en retard non plus.
-On aurait dû partir plus tôt, grogna le brun.
-Tu es si pressé d'y aller ? lui susurra Kamu d'une voix douce.
-Non, mais je déteste les embouteillages. Ca me saoule !
L'autre ne put s'empêcher de rire.
-Quoi ?
Il se tourna vers Kamu qui, penchait vers la fenêtre, jouait négligemment avec une mèche de cheveux. Quelque soit son apparence, il reproduisait ce même geste dès que ses cheveux atteignaient une longueur suffisante.
-A quoi tu penses ? Si c'est la mission qui t’inquiète…
-Il y a une forêt près de chez toi ?
La question le décontenança. C'était là, l'habitude de son coéquipier.
-Ouais, pourquoi ?
-On pourrait y faire un tour ?
-Je doutes qu'on est le temps.
-Dommage, ça m'aurait rappelait des souvenirs.
Il lui jeta un coup d'oeil rapide. Les yeux dans le vague, Kamu n'en paraissait que plus mystérieux. Si l'on ajoutait cette apparence des plus féminines et sa tenue mettant ses formes en valeur, elle attirait vraiment l'attention. Son attention… Qui aurait été beaucoup mieux utilisé s'il regardait la route.
-De toute façon, c'est pas avec tes pompes à talons que tu vas aller dans les bois !
-Chéri, si je peux changer de corps, je peux bien changer de chaussures…
-Chéri ? On est intime maintenant ?
-Oui, je te rappelle que je suis ta petite-amie. Essaye au moins de t'en souvenir pour les prochains jours.
De toute façon, Kamu ne le laisserait pas l'oublier. Il en avait la certitude.
-J'adorais me promener dans les bois, enfant…
-Seul ?
Nils fronça les sourcils. La forêt n'était pas son univers favori.
-Avec mon double. Mon autre moi… Ensemble… Nous étions frère et sœur jumeau.
-Tu avais une sœur ?
-Avais… C'est bien le mot.
La pointe de tristesse était bien perceptible dans la voix de Kamu.
-Désolé. Tu veux en parler ?
-Non, il ne vaut mieux pas. Sinon mon mascara va couler. C'est peut-être étrange, mais ma sensibilité varie en fonction de mon apparence. Celle-ci est très fragile… J'aurais peut-être dû en choisir une autre, mais je crois qu'elle te plaît…
Nils ne répondit pas. Déjà parce qu'il ne savait pas quoi répondre et ensuite, parce qu'il n'allait pas avouer que « oui, Kamu, avait très bien cerné ses goûts ». D'ailleurs, c'était à se demander comment il avait fait ?
-Parlons de ma famille de givré !
-Givré ?
-C'est parce qu'ils sont pas nets.
-J'avais compris. Mais tu étais plus insultant tout à l'heure.
-C'est toi qui me trouvait trop critique…. Enfin puisqu'il le faut, je vais te parler de ma famille.
C'était assez gênant à faire. Jamais il ne se serait livré comme ça, s'il n'y avait pas été obligé. Seulement, il fallait que Kamu sache à quoi s'attendre et pour ça, il fallait bien qu'il lui décrive les personnages.
-Je ne sais pas si je te l'ai dit mais mes parents n'étaient pas mariés.
-Tu ne m'as jamais vraiment parlé de ta famille. Mais c'est pas grave.
-Enfin si mon père était marié, mais à une autre.
-Il avait une relation extra-conjugale ?
Nils serra les dents. Il détestait le dire, mais pour lui, c'était sa belle-mère l'intruse.
-Oui. Mais il aimait ma mère. Sincèrement…
Kamu ne dit rien, attendant la suite en silence.
-On formait une vraie famille. J'ai toujours su pour les autres, mais je ne lui en voulais pas. Ma mère m'avait expliqué qu'il ne pouvait pas les quitter. Pourtant il était présent à chacun de mes anniversaires. On fêtait Noël en avant ou en retard pour qu'il soit là. Il s'arrangeait toujours pour passer un peu de temps avec moi. C'est un vrai père, pour moi.
Il marqua une pause.
-A la mort de ma mère, je me suis retrouvé envoyé chez mon plus proche parent. Ma mère n'avait pas de famille. Enfin, elle ne parlait plus à sa famille. Il n'a pas hésitait une seconde, il m'a pris chez lui. Même si ça voulait dire que tout le monde serait au courant. Évidement sa famille ne l'a pas bien pris. Il faut dire que personne ne l'a jamais soupçonné. Vu mon âge, on pouvait facilement en déduire que cette relation avait commencé depuis très longtemps.
-Tu avais quel âge ?
-Quinze ans.
-C'est encore jeune…
-Ma mère était aussi au département magie.
Kamu resta silencieux, quelques instants.
-Je vois. Est-ce qu'elle est…
-Oui. Elle a été tuée dans l'exercice de ses fonctions.
-Et malgré la dangerosité du métier, tu as souhaitais rejoindre les rangs de la police magique…
-Tu peux parler. Et toi alors ?
-Moi… Moi, j'ai pas vraiment le choix. Je suis trop stupide pour faire des études, la magie, c'est la seule chose dans laquelle je suis douée. En plus, j'aime pas maintenir la même apparence. Difficile de travailler avec des non-mages dans cette situation.
Il avait raison.
-Je te le concède.
Ils restèrent silencieux, bercés seulement par le son de la radio, que Nils avait baisser pour pouvoir parler avec plus de facilité.
-Évidemment personne ne sait que je suis mage dans la famille. Enfin sauf mon père… Du coup, n'en dit pas un mot.
-J'ai peut-être dis que j'étais stupide, mais je n'en suis quand même pas à ce niveau-là !
Sans l'écouter, Nils reprit.
-Ha oui, au fait, il faut qu'on parle de nous.
-J'ai cru que tu ne le demanderais jamais. Bien sûr, je veux t'épouser mon chéri !
Le brun secoua la tête, il le retrouvait bien là.
-Sérieusement Kamu ! Il faut qu'on accorde nos violons sinon on va se trahir tout seul.
-Ok, c'est quoi l'idée ?
Nils réfléchit.
-La base, c'est prendre des choses simples et proches de la réalité. On s'est rencontré au boulot.
-Là dessus, c'est la vérité.
-On travaille dans les archives d'une grande boite.
-Je suis ravie de l'apprendre. Mais pourquoi ?
-Parce que c'est le boulot que j'ai dit faire.
-Attends, tu n'as même pas dit que tu travaillais dans la police ? Parce que la police, ça existe sans magie…
Nils secoua la tête.
-Tu rigoles comme si j'allais donner une info aussi importante. Puisqu'on me prend pour un raté, je donne des infos aussi peu intéressante que possible.
-Et pour ton arme ?
-Quoi ?
-Tu vas dire que c'est normal d'être armé aux archives ?
-Elle est dans mon sac et je ne la sortirais sûrement pas. Ma magie me suffit. De toute façon, tu n'as pas d'arme et tu t'en sors très bien, toi.
-Oui, mais moi, je ne suis pas là pour te protéger.
Le brun soupira. Kamu avait raison. Seulement, il n'allait pas se balader avec un pistolet pour une soirée de réveillon avec sa famille.
-Je te dis que ça ira. En plus, s'il t'arrivait quelque chose, j'aurais Giles sur le dos. Et puis, j'ai pas franchement envie de changer de partenaire, encore une fois.
-Avoue que les autres n'ont pas un dressing aussi fourni que le mien.
-Oui. Et puis tu es bien plus facile à vivre que Sammy…
-Et plus agréable à regarder…
Kamu murmura ses mots avec un sourire en coin.
-Ca, ça dépends des jours.
-Tu es méchant avec ta petite-amie, déclara Kamu en prenant une voix faussement vexée.
C'était tout lui.
-Bon alors, qu'est-ce que tu veux savoir d'autres sur « nous »?
-Il y a des tas de choses que je voudrais savoir sur « nous ». Déjà ça fait combien de temps qu'il y a un « nous » ?
-On se connaît depuis combien de temps ? Six mois.
-Oui, tu veux le nombre de jours ?
-On s'en fout. Donc six mois.
-Et pour notre premier…
-Kamu, si c'est pour dire des conneries, abstiens-toi !
L'autre secoua la tête.
-Parce que savoir où on a fait notre premier rendez-vous, c'est des conneries. Je note. On a pas de premier rendez-vous parce que c'est des conneries, on a commencé par le deuxième.
-J'ai cru que tu voulais dire autre chose…
-Qu'est-ce que tu as cru ?
Son coéquipier réfléchit rapidement.
-Tu as cru que j'allais dire la première fois, petit pervers.
-Ho, c'est bon. Tu aurais pu le faire…
En fait, il n'en était pas vraiment sûr, mais ça le rassurait de se justifier ainsi.
-En même temps, faut aussi être cohérent là-dessus.
-La cohérence voudrait que tu envoies chier, si on te pose la question.
-J'en prends bonne note.
Leurs regards se croisèrent. C'était impressionnant la façon dont il arrivait à être détendu en compagnie de Kamu. On pouvait dire que leurs deux personnalités se complétaient.
-Alors pour ce rendez-vous… Choisi un restaurant ! Un restaurant pour Eva pas pour Kamu, sinon ça va terminer au Mac Do, cette affaire.
-J'aime bien les hamburgers !
-Un bar à salade par exemple !
Son coéquipier fit la grimace.
-Je préfère les burgers !
-Eva préfère les salades.
-Eva, c'est moi et je préfère les burgers.
-On prends déjà pour un con alors si en plus, tu racontes ton rendez-vous romantique au Mac Do avec moi, ça va pas arranger mon image.
-Mais tu t'en fous !
-C'est pour ma fierté personnelle.
-D'accord, mais tu m'invites à dîner en contre-partie !
Nils secoua la tête.
-Tous les moyens sont bons pour manger gratos !
-J'y peux rien. Je suis limitée sur l'argent. Giles me donne le mien toutes les semaines et c'est fixe. Là, je suis un peu à sec.
Le brun ne dit rien. Il trouvait choquant que Kamu qui n'avait pas l'air plus bête qu'un autre, ne puisse pas gérer lui-même ces finances.
-Ok, tu auras ton burger en rentrant.
-Avec un chocolat chaud ?
-Avec un chocolat chaud.
-Génial, notre premier rendez-vous, c'est si romantique.
Kamu avait dit cela, en mettant une main sur son coeur.
-T'emballe pas, chérie, c'est juste en toute amitié.
-Moi qui croyait que tu cherchais à me séduire.
-Pour ça, c'est simple : ouvre la boite à gant.
Son coéquipier fronça les sourcils, mais obtempéra.
-Tu as vu, il y a des bonbons.
-Ca va, je suis pas un enfant qu'on peut attraper avec des confiseries.
Kamu en prit quand même un qu'il porta à sa bouche. Un vrai gosse…
-Pourquoi tu en manges alors ?
-Ils allaient être périmés. C'est pour éviter le gaspillage.
-C'est ça.
Le brun secoua la tête. Il jeta un coup d'oeil sur l'heure affiché sur le compteur. Pour le moment, ils étaient dans les temps.
-Nils ?
-Oui ?
-Je sais que ce n'est pas facile, mais tu devais me parler de ta famille…
Il soupira. C'était vrai, il devait le faire.
-Ok. Donc tu as mon père François, lui, tu peux lui faire confiance. C'est le seul qui sait ce que je fais vraiment.
-C'est un mage ?
La question parue gêner le brun.
-C'est un latent.
Un terme qui désignait les mages incapables de puiser dans la source des énergies magiques, et possédant si peu de pouvoir qu'ils étaient incapables de recourir à la magie.
-Je vois. Ta mère devait être puissante alors…
Il haussa les épaules.
-Etant donné qu'elle n'était pas mage de combat, c'est difficile à dire. Comme toi, elle était mage environnementaliste.
Kamu fronça les sourcils, mais n'ajouta rien. Il savait bien que Nils était un des plus puissants mage de combat. C'était pour cette raison que Giles l'avait choisi pour veiller sur lui. Seulement les capacités se transmettaient souvent de parents à enfants. Chose qui ne paraissait pas cohérente dans le cas de son coéquipier. A lui de mener sa petite enquête…
-Alors ensuite, il y a Anne-Laure, ma belle-mère dit « le bonbon rose », à cause de la couleur de ses vêtements. Elle est fausse et me déteste. Sur ce point, je ne peux pas lui en vouloir. Je le lui rends bien. Tu risques de te prendre des piques bien sentit. Ne t'en fais pas, j'y répondrais.
-Merci mon chéri, mais j'ai une langue, j'y arriverais seule.
-C'est qu'il a du répondant le petit.
Kamu soupira.
-Fait juste attention à ne pas te planter, quand tu seras là-bas.
-Sur quoi ?
-Accorde au féminin quand tu me parles ou alors annonce que pour toi, je suis un mec. Sinon ça risque de faire bizarre.
-C'est ça, je vais dire « bonjour, voilà ma copine qui est un mec qui peut changer d'apparence ». J'avoue que j'aimerais voir leurs têtes, mais ça n'aidera en rien pour la mission.
-Accorde quand tu me parles alors !
Nils sentit ses mains se crisper sur le volant, rien qu'à l'idée de revoir tous ces gens qu'il avait voulu railler de sa vie définitivement.
-J'ai un demi-frère et une demi-sœur : Lucas et Loli. Mon frère est mon aîné de trois ans. Ma sœur ma cadette de trois ans. Lucas est marié à une conne, Estella. Elle ne travaille pas, pour mieux répandre la connerie à travers le monde. Quand à lui, à part son pognon, y a pas grand-chose à en tirer. Ils ont deux enfants : Julia et Candice.
Le brun fit une pause pour reprendre sa respiration.
-Tu suis ?
Le regard dans le vague, Kamu paraissait prendre des notes dans le vide.
-C'est bon, je retrace l'arbre généalogique pour pouvoir m'y reporter.
-N'abuse pas de la magie, une fois là-bas.
-Ne t’inquiète pas. Je ferais attention. Je le fais toujours.
-Alors ma sœur Loli est soit disant à la fac, mais traîne plus dans les fêtes qu'en cours. Elle fait croire qu'elle n'est pas bien pour partir en vacances, voyage et autres payé par mon père. Je ne sais pas si elle sera accompagnée cette année. Si c'est le cas, je table sur « connard du moment ». On se parle encore moins qu'avec Lucas, c'est dire à quel point, c'est fort.
-Vous avez eu une dispute ?
-Oui, on peut dire ça. Après la mort de ma mère, mon père a fait une dépression. Elle use de ce prétexte pour lui soutirer n'importe quoi et c'est insupportable.
-Comment ça ?
-Elle lui fait croire qu'elle est en dépression et que les voyages ou l'argent l'aideront. Mon père a tellement peur qu'elle finisse aussi mal que lui, qu'il lui cède tout. Je ne peux pas le supporter.
Kamu tendit la main vers son ami pour le réconforter. Ne sachant où la poser puisqu'il conduisait, ses doigts glissèrent vers son genou, pour une douce caresse. Elle n’eut pas l'effet escompté et causa plus de stress à Nils d'autre chose.
Qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Deux solutions, soit il faisait ce geste en toute innocence, soit dans un but de séduction. Mais non, c'était son coéquipier. La première réponse était sûrement la bonne. Seulement, il ne s'était pas attendu à se faire caresser la cuisse, par quelqu'un qui avait actuellement, une apparence aussi séduisante. C'était franchement gênant. Et l'autre nouille qui laissait sa main sur sa jambe, sans se rendre compte de rien.
-Pousse ta main, que je puisse passer les vitesses, sans taper dans ton bras, grogna-t-il.
-Pardon.
Heureusement qu'il avait réussi à se tirer de la situation, avec une excuse bidon. Sinon il se voyait mal faire tout le trajet comme ça.
-Je disais quoi ?
-Tu parlais de ta sœur.
-Ha oui. Passons à mon oncle, Bénédictin le frère de mon père. Le type qui te tripote. D'ailleurs, tu vas pas y couper. Tu lui fais la bise et tu gagnes une main au cul. Je te rassure, j'y ai le droit aussi et je suis son neveu. Du coup, j'ai l'impression que c'est maladif. Mais essaie de ne pas rester seule avec lui, j'ai pas confiance. Il a deux enfants : Daniela et Louis. Louis a la chance de travailler à l'étranger, il évite donc toutes ses réunions de famille. Daniela…
Nils marqua une pause.
-Ma cousine… On était assez proche avant… Elle est vraiment gentille. Seulement, elle s'est mariée à un connard, et depuis, elle ne vit que pour lui. S'il lui demandait d'arrêter de respirer, je suis sûr qu'elle le ferait.
-Tu pousses un peu…
-Il a divorcé d'avec elle, pour se mettre avec une autre, mais déboule chez Daniela pour faire sa loi. Le pire, c'est qu'elle l'attend. Je ne serais même pas surprit qu'il vienne pour Noël. Si je le vois, ça va aller mal.
-Pas de sort de renforcement, si tu veux lui taper dessus.
-Comme si j'en avais besoin !
Nils frappa un grand coup sur le volant. Kamu posa sa main sur son poignet.
-C'est bon. Ca sert à rien de s'énerver sur la voiture. Tu veux faire une pause ?
-En pleine départementale, avec un fossé de chaque côté ? Vaut mieux éviter.
-Prends le prochain parking, tu as besoin de te détendre.
-Et par quel miracle est-ce que j'y parviendrais ?! grogna-t-il.
-Laisse-moi faire ! Je peux te faire un petit massage, si tu veux ? Je suis douée, il paraît.
Le brun ne répondit pas. Comme d'habitude, Kamu sortait des doubles sens sans en avoir conscience, et ça ne l'aidait absolument pas à se calmer.
-On est déjà en retard, on continu.
-Tu es sûr. On aurait dû prendre une thermos avec du café pour toi.
-T'avais pas de café chez toi. Du toute façon, j'ai pas de thermos et je vais pas prendre un café au volant.
A nouveau, son coéquipier lui tapota amicalement la cuisse. Comme si ce geste pouvait contribuer à se relaxer. Il prit une grande respiration, avant de reprendre la parole.
-La sœur de ma belle-mère sera là, Agatha, avec son mari et ses trois enfants. En général, on ne l'entend pas. Parce contre, son mec à un avis sur tout. Il connaît tout le monde et sait tout. Ce gars est d'un saoulant.
Kamu hocha la tête.
-En dernier, tu as Maxime alors lui, c'est un paradoxe à lui tout seul. Ce mec est le seul qui arrive à dire « on passe une super soirée » et à y croire alors que tout le monde s'engueule dans tous les coins. C'est un cousin éloigné, mais mon père l'invite souvent, depuis la mort de ses parents. Il n'est pas méchant. Juste à l'ouest.
-D'accord.
-Cette année, il vient accompagner, mais je ne sais pas, par qui.
-C'est tout ?
-Oui, je crois que j'ai fait le tour.
Nils souffla. Il en avait mis du temps à raconter tout ça. Mais plus, il parlait, plus il ressentait le besoin de se confier à Kamu qui ne le jugeait pas.
-Je te le rappelle pour être sûr que tu t'en souviens, mais pas de magie contre des non-mages ou des mages qui ne t'ont rien fait. Ne les menace pas non plus, avec ton arme à feu.
-Oui, bien sûr ma chérie. De toute façon, mon pistolet est dans mon sac, et pas sur moi. Je préfère éviter qu'on le voit.
-Bien.
Son coéquipier hocha la tête.
-J'ai fais les recommandations d'usage. Une fois cela fait, ma tâche est accomplie.
-Il va sans dire que je serais perdu sans toi.
Kamu eut un petit sourire mystérieux, avant de reporter son attention sur le paysage, qui défilait à perte de vue, des champs se succédaient dans le plus grand désordre. Se remémorant les différentes explications, la belle jeune femme se dit que les choses promettaient d'être intéressante.
***
Ils finirent par quitter la route principale pour suivre un petit chemin qui les mena jusqu'à une immense propriété entouré par un haut mur blanc. La voiture s'arrêta devant une grille noir en fer forgée. Nils se pencha vers son coéquipier et tendit la main pour ouvrir la boite à gant, frôlant son genou au passage.
-Tu n'aurais pas pu me demander ?
-Ouais, sûrement. J'ai l'habitude d'être seul alors…
-Tu cherches quoi ?
-La connerie de « passe » qui ouvre la porte. Une carte blanche, sans rien dessus.
Kamu se pencha à son tour, pour sortir ce qu'il y avait dans le contenant. Leurs mains se touchèrent et Nils eut un mouvement de recul.
-Désolé.
-C'est rien.
-Putain, c'est où ce truc de merde ! Si je l'ai oublié à la maison… Non, je l'ai pas sorti de la voiture !
S'énerver à voix haute, lui permettait de se concentrer sur autre chose, pour éviter que l'on perçoive son trouble.
-Tiens, c'est ça ?
-Ouais. C'était où ?
-Dans le journal de bord de ta voiture.
Son interlocuteur lui désigna un bloc servant de mode d'emploi pour la voiture, avant de ranger tout ce qui s'était étalé sur ses genoux dans la boite à gant. Kamu ne pus s'empêcher de prendre un bonbon au passage.
Nils ouvrit la fenêtre et passa la carte devant la borne pour déverrouiller le portail. La grille bougea lentement, lui laissant le temps de consulter l'heure sur le compteur.
-Tu habitais là ? murmura son coéquipier.
-Oui. C'est un ancien manoir. Ca fait longtemps qu'il est dans la famille. Il est beaucoup trop grand pour le peu de gens qui vivent là. A l'époque, il fallait loger les domestiques. Maintenant, il ne reste que des pièces vides.
Il fit avancer la voiture sur le chemin goudronné, bordé d'arbre. Kamu en resta bouche bée.
-C'est magnifique.
-C'est plus vieux que ça en à l'air.
-Moi, je vivais dans une maison isolée, mais c'était une maison.
Nils n'ajouta rien. Il sentait le stress l'envahir, et une forte envie de s'enfuir à toute allure le prit. En tournant la tête, il aperçut Kamu qui contemplait tout ça, le sourire aux lèvres. Avait-il le droit de la mêler à tous ses problèmes de famille ?
« La » ? Il avait tenu parole, une fois, dans la maison familiale, il accorderait au féminin lorsqu'il parlerait d'elle. Même son esprit s'y tenait.
Garant la voiture, devant un massif de fleurs, il fit signe à son coéquipier d'attendre avant de descendre. Après avoir pris une grande respiration, il sortit et alla ouvrir la portière, offrant son bras à Kamu pour l'aider.
-Merci, beau chevalier.
L'autre avait ce sourire en coin sur le visage qui n'appartenait qu'à lui, et qu'il retrouvait facilement derrière chacune de ses apparences. Il passa tendrement les doigts dans les cheveux de Nils, le surprenant par la même occasion.
-Tu avais une peluche.
Kamu était proche de lui, si proche. Il détourna le regard.
Qu'est-ce qu'il était séduisante, avec ce petit air fier sur le visage… Son apparence lui allait comme un gant, et il savait en jouer. Cela se retournait contre Nils qui ne s'était pas attendu à cela. Juste au garçon, drôle et un peu naïf, auquel il avait affaire tous les jours. Pas à une femme sûre d'elle et séductrice qui mettait à mal toutes les protections qu'il avait érigé.
-Ka… Eva ?
-Oui ?
Elle eut un mouvement de la tête qui fit glisser, une mèche de cheveux sur son visage.
-Tu peux les tester pour savoir s'ils sont mages ?
-Bien sûr. Tu n'as pas idée du nombre de choses que je sais faire…
-Teste-les !
-Qui ?
-Tous !
Kamu hocha la tête.
-Je m'en occupes, mais il me faudra un contact physique.
-Ok.
Un bruit les interrompit et une petite silhouette vint se positionner entre eux, en miaulant.
-Un chat ?!
Ca y est, il avait retrouvé son partenaire habituel. S'il ne faisait rien, dans cinq minutes, il se roulerait par terre pour câliner le félin, perdant par la même toute crédibilité. Nils se pencha et souleva le matou du sol, avant de le prendre dans ses bras.
-C'est Zeus, le chat de mon père. Un gros pépère qui va vers ses douze ans.
Le chat à la robe noire et blanche, rappelant le pingouin, s'agita mollement comme s'il voulait rappeler aux gens qu'il était là. Il avait quelques kilos en trop, mais compensait par sa grande taille, et douceur habituel. Kamu se mit à le caresser avec tendresse, arrachant des miaulements de contentement à l'animal.
-Il a pas maigri. Il devait rentrer de sa promenade. En tout cas, il n'a pas eu l'air de m'avoir oublié.
-C'est normal, il n'oublie pas les gens qui sont gentils avec lui.
-Rentrons, tu vas prendre froid.
Ils firent quelques pas, vers le manoir et furent apostrophée par une voix :
-Tiens, je me disais bien que j'avais entendu le bruit d'un moteur en train de mourir et cela ne pouvait être que toi.
Nils se crispa, en reconnaissant la personne : son frère. Voyant cela, Kamu cru bon de venir se coller contre lui, en passant un bras autour de sa taille, ce qui ne l'aida pas.
-Mais c'est parce que j'attendais justement que tu me payes une nouvelle voiture, râla-t-il.
-Tu peux toujours courir, le mendiant.
Le brun serra les dents.
Une autre silhouette apparue derrière Lucas, qui prenait toute la largeur de la porte en s'appuyant sur le chambranle.
-Va donc aider ton frère avec ses bagages au lieu de rester là, sans bouger.
-Et puis quoi encore ?! Je suis pas son domestique !
Lucas disparu à l'intérieur, sans un mot.
-Laisse tomber, papa. Il faudrait pas qu'il se casse un ongle. Je vais m'en occuper.
Nils s'approcha de son père qui le prit dans ses bras.
-Ca fait longtemps que tu n'étais pas venu. Tu m'as beaucoup manqué…
Il devait reconnaître que lui aussi avait trouvé le temps long.
-J'étais occupé…
-Je comprends que tu ne voulais pas les voir.
Son père jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, comme pour voir si quelqu'un pouvait l'entendre.
-Tiens, prends le chat. Je vais chercher les bagages.
Derrière lui, Kamu attendait en silence.
-Tu ne me présentes pas cette jeune fille qui t'accompagne ?
-Papa, voici Eva. Eva, mon père, François.
Son coéquipier s'avança et fit la bise à son parent.
-Enchantée, monsieur.
-Tout le plaisir est pour moi.
Nils s'éloigna un peu et récupéra son sac et la valise dans le coffre, avant de fermer à clé la voiture. Il était temps d'entrer dans la maison des horreurs. Heureusement que son père était là. Il discutait avec Kamu, tout en câlinant le chat.
-Tu as besoin d'un coup de main ? lui demanda son coéquipier en le voyant ainsi chargé.
-C'est bon, je gère. Je vais monter ça, dans ma chambre, je redescends après. Eva, je te ferais visiter, après.
-D'accord. J'ai hâte.
-Voulez-vous boire quelque chose ? demanda son père.
-Un café, cria Nils, qui s'éloignait avec son fardeau.
-Et vous, Eva ?
-Elle aime pas le café ! Donne-lui un chocolat !
Son paternel hésita.
-On doit avoir ça. Le même chocolat chaud que les enfants pour le petit déjeuné, ça vous va ?
-Oui, je ne suis pas exigeante. Sinon un verre d'eau fera l'affaire.
-Mais non, vous êtes ici chez vous. Alors racontez-moi, comment avez-vous rencontré mon fils ?
Nils se dit qu'il avait vu juste. Tout le monde allait vouloir savoir le pourquoi du comment de leur première rencontre. Maintenant, il n'avait plus qu'à espérer que Kamu ne raconte pas n'importe quoi.
Grimpant l'escalier, il regagna sa chambre. Celle de son adolescence. Il ouvrit la porte, rien n'avait changé depuis tout ce temps. Enfin, la femme de ménage devait nettoyer au moins une fois par semaine, puisqu'il n'y avait aucune trace de poussière. Sinon les objets étaient toujours à la même place.
Après avoir posé les bagages par terre, il se tourna vers la table de nuit et ouvrit un tiroir. Dedans, se trouvait un livre. Un simple roman pour adolescent qui n'était même pas le meilleur qu'il avait lu. Seulement, c'était le dernier qu'elle lui avait offert. En le feuilletant, il y trouva une photo : celle d'une femme d'âge moyen qui lui ressemblait.
-Salut, maman. Je suis de retour. Je suis là pour le collier. Tu pourrais m'envoyer un signe ?
Pas de réponse, il s'en doutait. Il hésita avant de remettre l'objet à sa place. Ainsi, il pourrait la regarder à chacun de ses retours.
Il redescendit en vitesse. Espérons que Kamu n'avait pas fait de gaffe.
Le brun la retrouva en train de contempler un tableau sur le mur du couloir.
-C'est quoi ce truc ?
-Une reproduction moche qu'un œuvre existante. Le machin derrière c'est censé être un géant des glaces.
-Ha ?
-Je te montrerais l'originale. Tu comprendras mieux.
-D'accord.
Il la prit par la main.
-Tu veux visiter ?
-D'accord.
Il l’entraîna derrière lui, ouvrit la première porte qu'il trouva et entra. A l'intérieur, il y avait un piano, un canapé, une table basse et des fauteuils.
-Est-ce que ça va ? lui souffla-t-il.
-Oui. Ne t'en fais pas.
Il échangèrent un regard et Kamu sourit. Il était facile de voir que le plus inquiet des deux, c'était Nils.
-Hé, détends-toi. Ca va aller.
-Ouais.
Kamu l'attira contre lui, pour le prendre dans ses bras.
-Je suis là, pour toi.
-Ok…
Le brun se demanda comment il avait fait pour terminer dans cette situation. Ce n'était pas que c'était déplaisant, mais ce n'était pas vraiment le moment.
-Mettons-nous en quête, lança Kamu. Je vais lancer un sort pour cartographier le manoir. Ca sera déjà une bonne base.
Nils s'y connaissant peu en magie environnemental et décida de laisser faire son partenaire.
-Tu ne perds pas de temps.
L'autre haussa les épaules. Le moins qu'on puisse dire, c'était que Kamu se mettait au travail rapidement. Pourtant ça n'aurait pas dû le surprendre, c'était une personne consciencieuse, qui ne ménageait pas ses efforts pour aider les autres.
-On fait ça. Tu peux y aller. Tu as besoin de combien de temps pour ton sort ?
-A peine une minute, c'est du rapide. Après faudra juste attendre pour que la cartographie se fasse.
Joignant les mains, Kamu murmura d'étranges paroles. Il y eut comme une sorte d'éclair de lumière, alors qu'il levait les bras puis plus rien.
-C'est fait.
On toqua à la porte.
Nils se précipita sur le banc derrière le piano. Son père entra.
-Ha vous étiez là. Je me demandais où vous aviez disparu.
Le brun fit courir ses doigts sur l'instrument de musique. Les notes s'élevèrent et devinrent une mélodie entêtante. Jusqu'au moment où une fausse note vint troubler sa concentration, le ramenant à la réalité.
-Merde !
-Nils, sois poli !
-Désolé.
Il se sentit vaguement gêné d'avoir à subir les remontrances de son père, à son âge.
-Je manque clairement d’entraînement, soupira-t-il.
-C'était très beau, déclara Kamu.
Forcément, lui trouvait toujours tout merveilleux.
-C'était du Chopin, expliqua son père. Vous saviez que Nils était très doué ? Il aurait pu en faire son métier, j'en suis sûr.
-Très peu pour moi. J'ai arrêté la musique au moment où ça a commencé à me faire ch… A m'embêter.
Il s'était repris. Hors de question que son père soit mécontent de lui, alors qu'il le voyait si peu.
-Où sont les autres ? demanda brusquement le brun.
-Les autres ?
-Ta femme et celle de l'autre.
D'un mouvement de la tête, il désigna le reste de la maison où devait se trouver son frère.
-Sorti. Elles sont parties chercher des décorations rouges et dorés. Il faut croire que celles que l'on avait ne convenaient pas…
-Encore un truc bidon !
Son père ne dit rien, mais eu un petit sourire en l'entendant dire ça.
-Enfin, ça fait un peu de calme. Ton frère bidouille sur son ordinateur et j'ai pu avancer un peu dans mon roman. Il faudrait que je te le prête une fois terminé. Mais allons boire le café.
Nils hocha la tête et tendit la main à Kamu, qui s'empressa de venir se coller contre lui. Certes on ne douterait pas que leur relation, cependant, il ne put s'empêcher de rougir. Il était gêné par cette présence à son côté, qui ne cessait de le toucher.
-J'ai apporté le plateau au salon. Je vais voir si ton frère veut venir.
Son père fit quelques pas et s'arrêta devant la porte de la cuisine.
-Tu veux venir boire le café avec nous ?
-Certainement pas, s'il est là.
Son parent soupira.
-C'est pas grave, le rassura Nils. Je me passe bien de sa présence.
-N'en rajoute pas. Tu ne penses pas qu'il serait bon pour lui comme pour toi, de faire la paix ?
Un bruit de pas dans les escaliers les interrompit. Une petite brune à l'air bougon, descendait.
-Ha Loli, dis « bonjour » à ton frère.
-Bonjour à ton frère, marmonna-t-elle, sans le regarder.
Elle prit un manteau sur le porte-manteau.
-Où vas-tu ?
-Ne m'attendais pas, pour manger !
-Loli ! Aujourd'hui, c'est Noël ! Hors de question que tu disparaisses !
Elle soupira.
-Mais je m'ennuie ici ! Je voulais partir en voyage avec ma copine Claire ! Au lieu de ça, je suis ici et je m'ennuie !
-C'est toi qui a dit que tu n'allais pas bien. Ce dont tu as besoin, c'est du soutien de ta famille et pas de fête stupide.
La fille soupira.
-Ok, j'ai compris. J'ai pas le droit de sortir. Si vous me cherchez, je serai dans ma chambre à mourir d'ennui ou pire me suicider !
-Ne plaisante pas avec ça, c'est grave !
Elle ne répondit rien et monta les marches, en faisant le plus de bruit possible.
-Ma sœur, déclara Nils.
Kamu hocha la tête.
Le brun posa la main sur l'épaule de son père.
-Elle t'en fait voir de toutes les couleurs ?
-Je ne la comprends pas. Je veux l'aider, mais je n'y arrive pas. Rien ne lui convient.
-Je devrais la prendre chez moi, quelques jours. Après, je suis sûr qu'elle sera heureuse de revenir ici.
-Nils, elle a besoin d'aide.
-Mais je suis tout disposé à l'aider.
Son père lui lança un regard peu convaincu.
-Elle n'est pas comme toi, elle est fragile.
Le brun secoua la tête.
-Allons prendre ce café.
Son parent resta encore quelques instants à fixer l'escalier comme si Loli pouvait revenir avant de se décider à quitter le couloir.
Le salon était vaste et décoré dans un style ancien. Si l'on enlevé les objets modernes du quotidien, on aurait très bien pu se retrouver dans un film historique. Kamu jeta des coups d'oeil un peu partout, avant de s'installer à côté de Nils sur le canapé. Son genou touchait le sien, tant ils étaient proches.
-J'espère que ça vous conviendra Eva. C'est le chocolat qu'on achète pour les enfants. Je ne sais pas vraiment quelle marque boivent les adultes. D'ailleurs Nils, tu aurais pu prévenir que ton amie n'aimait pas le café. Je me retrouve un peu dans l’embarras…
Évidemment, le brun ne pouvait pas lui dire que lui même l'avait appris quelques heures auparavant. Cela n'aurait pas été crédible.
-Ce n'est pas la peine de vous faire du souci pour moi, monsieur. Je me contente de ce qu'il y a. Pas de besoin de faire des achats pour moi.
-En voilà, une petite bien élevée. Dites-moi, c'est vous qui avez convaincu Nils de venir, j'en suis sûr.
-Oui, avoir une famille, c'est important.
Tout en disant cela, Kamu posa tendrement sa main sur le genou de son ami, pour le caresser. Celui-ci déglutit difficilement, s'interrogeant sur l'excuse qu'il pourrait trouver pour se débarrasser de ses doigts qui le martyrisaient avec tant de douceur.
Dire que pendant un instant, il avait eu peur de son coéquipier se montre trop distant avec lui, et que personne ne pense qu'il formait un couple. Là, c'était l'inverse. Personne n'en douterait et, même pas son propre corps, pour sa plus grande gêne.
-Je ne peux que vous remerciez. Mon fils prétexte toujours être trop occupé pour venir.
-C'était vrai, papa. J'avais une…
Il tourna la tête vers la porte.
-J'étais de garde, murmura-t-il.
-Pour Noël, pour le nouvel an, pour pâques…
Nils détourna le regard, il se savait fautif. Ses excuses n'étaient pas crédibles.
-J'espère que tu trouves plus de temps pour ton amie.
-Ne vous en faites pas, nous travaillons ensemble. Du coup, nous nous voyons tous les jours, répondit Kamu.
Au moins sur ce point, il ne mentait pas.
Le bruit d'une voiture, les interrompit.
-Elle est de retour, soupira François.
Nils comprit tout de suite, de qui il parlait.
-Je vais aller les aider. Tu peux rester là.
-Je vais aider aussi, déclara le brun même s'il n'était pas enchanté de se retrouver face à sa belle-mère.
Kamu se leva en même temps que lui, et glissa sa main dans la sienne. C'était ironique de se dire qu'il n'avait jamais eu de copine aussi collante. En même temps, c'était plaisant. Dommage que se soit son coéquipier, qui lui offrait cette sensation.
Des bruits de voix résonnèrent de l'extérieur.
Lucas s'y trouvait déjà et se retrouva avec un monceau de sacs dans les bras.
-Je croyais que vous étiez parti chercher des décorations de Noël ?
-Il y avait des promotions, une véritable affaire, déclara sa femme.
De loin, Nils vit que son père recevait le même traitement et se retrouvait avec une boite bien rempli dans les bras. Le brun s'avança et se retrouva face à une silhouette tout de rose vêtu. On aurait pu croire que cette couleur, apaiserait son humeur, mais il n'en était rien. En chemisier blanc et tailleur-jupe, Anne-Laure posa un regard contrarié vers lui.
-Ha, tu es là ?!
-Oui.
-Alors ne reste donc pas les bras ballant, comme d'habitude.
Nils soupira. Ouvrant la portière, il détacha sa nièce du siège enfant et la prit dans ses bras.
-Coucou, toi. C'est tonton, tu te souviens ?
Aussitôt, la petite se serra contre lui.
-Mais pourquoi tu la sors maintenant, râla sa belle-sœur. Fallait vider le coffre avant !
-Bonjour à toi aussi.
Elle ne lui répondit pas, se contentant de remplir les bras de son époux. Lucas lui jeta un regard noir, mais il fit comme si de rien était.
Finalement, les paquets se retrouvèrent rapidement à encombrer le couloir. Alors que sa belle-mère courait partout en piaillant, suivit par son père qui tentait de mémoriser ses directives. Estella revint et alors que Nils s'attendait à ce qu'elle prenne sa fille dans ses bras, se contenta de récupérer son sac à main, dans lequel un chien minuscule attendait patiemment.
-Lucas, récupère Julia dans la voiture !
Kamu s'approcha, évidemment, il avait vu un animal.
-Ho un chien, comment il s'appelle ?
Estella lui lança un regard surpris comme si elle ne s'était pas aperçu de sa présence depuis tout ce temps.
-Choupette. Mais qui êtes-vous ?
-La petite-amie de Nils.
Ses yeux la contemplèrent de bas en haut.
-Ha oui ? Il vous a payé combien pour ça ?
Mais Kamu n'écoutait déjà plus, la main tendue vers le chihuahua, qui lui grogna allègrement dessus.
-C'est votre parfum ! Choupette ne supporte pas les parfums bon marché !
Une fois, cela dit, elle rentra à l'intérieur.
-Lucas, récupère Candice. Elle encombre ton père.
Aussitôt, l'autre ressortit pour arracher l'enfant aux bras de Nils, et rentra avant de claquer la porte. Le brun se tourna vers Kamu, qui paraissait un peu perdu.
-Bonjour à vous aussi, déclara celui-ci.
-Laisse tomber, c'est toujours comme ça.
-Vraiment ?
Nils hocha la tête. A nouveau, Kamu passa tendrement la main autour de sa taille, l'attirant contre lui. Il aurait d'ailleurs, dû dire contre elle, cela aurait été plus logique au vu des formes rebondit qu'il sentait contre son dos.
-Mais je suis là, moi, souffla-t-il à son oreille.
-Aller viens, rentrons avant qu'ils nous enferment dehors.
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