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Petites gens aux grandes espérances
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tome 1, Chapitre 1 « Prologue » tome 1, Chapitre 1

C'est souvent par un évènement inattendu, arrivé sans crier gare, que nous apprenons une chose importante, que nous avançons et innovons réellement dans notre vie. Si on ne se contentait que de réaliser le planning que nous nous sommes fixé pour notre quotidien, nous ne deviendrions jamais quelqu'un, nous ne resterions qu'un simple individu parmi une masse de robots. Rien ne se passerait. Et nous ne subsisterions qu'entre les murs que nous-même aurions façonnés, miroitant l'illusion d'une sécurité et d'un bonheur superficiel.

Moi, j'attends cet évènement inattendu. Ma vie est monotone et je n'aime pas ça. Mon rêve c'est de partir, de m'éclater et surtout de rencontrer des gens. Mais des gens spéciaux, atypiques. Je n'aime pas la banalité. Même si mes parents, et moi-même un peu au fond de moi, aimeraient que j'aie une vie rangée, je ne peux m'empêcher de vouloir découvrir des endroits insolites. Vivre en saltimbanque ne m'aurait pas déplut, cependant je n'ai pas eut la chance de vivre dans une famille d'artistes et par conséquent je ne sais jouer d'aucun instrument et je ne sais même pas chanter. Bref, je n'ai aucun talent particulier et ça me désole. Je m'intéresse seulement à tout, mais n'étant pas douée je ne progresse que dans très peu de domaine.

Nouveau départ : Paris 05 mai 2008

Des cartons étaient entassés de partout dans une grande pièce vide. Les murs étaient blancs, propres, les vitres lavées, les volets fermés, laissant passer quelques rayons de soleil par les petites jointures. Un lit de fortune était au milieu de tout ceci. Dessus, reposait le corps endormi, immobile, nu, d'une jeune femme ayant tout juste atteint la majorité. Ses cheveux bruns, détachés, s'étaient emmêlés au gré des mouvements brusques et flous qu'elle effectuait. Elle avait le sommeil extrêment agité. A côté de ce lit, un petit tas d'habits, ceux de la jeune femme évidemment, sûrement ceux de la veille. La lumière se fit légèrement plus vive, le soleil était haut. L'un des rayons vint éclairer le visage angélique de la seule habitante. Un mouvement vers la gauche, puis un gémissement ; elle ouvrit lentement les yeux, découvrant des pupilles sombres, inquiétantes, troublantes, fascinantes. Un soupir. Elle se leva lentement, portant une fatigue lourde sur tout son corps. Elle ne prit pas le temps de rester immobile et se vêtit des habits à ses côtés et commença à défaire les cartons.

En une demi-heure environ, elle avait assemblé toutes ses étagères et y mis le matériel nécessaire à la vie quotidienne. Puis elle commença à déballer ses petits trésors. Elle défit les cartons avec une extrême délicatesse. Parfois, elle s'asseyait pour les contempler avant de les ranger. C'était très souvent des photos par lot de vingtaines. Elle les accrochait au mur avec une installation originale. La plupart était des paysages, des photographies de voitures puis, quelquefois, de personnes proches. Elle rangea sur tout un rayon une petite collection d'appareil photo, accrocha un cadre avec une photo noir et blanc juste au dessus et s'arrêta là, les bras ballant, le regard brillant de nostalgie et de passion. La photo représentait un grand groupe de personnes, des jeunes gens, des vieux, devant un ancien van hippie tagué Trip is our life . La jeune femme était au milieu de toute cette foule, enlacée par plusieurs personnes, le sourire au lèvre, le regard vif et éclatant. La jeune fille reprit ses esprits et se dirigea vers la salle de bain. Pendant plus d'une heure, on entendait des bruits d'eau. Elle en sortie en robe d'été, les cheveux encore mouillés, ondulés, et de grosses bottines noires délacées aux pieds. Elle prit une grosse veste en jean, légèrement trop grande, dans sa penderie et sortie de son appartement.

A sa montre, il était 20 heures passés. Elle resta quelques temps assise dans le couloir. Des bruits montèrent dans l'appartement voisins, des éclats de voix, quelques verres qui trinquaient. La jeune femme devait un jour ou l'autre faire connaissance avec les personnes qui seraient les plus proches d'elle. Peut-être était-ce le bon moment. Ses voisins paraissaient jeunes donc il n'y aurait sûrement pas de complications. Elle se leva et alla toquer.

Très vite, un homme vint ouvrir, il était grand, torse-nu, le pantalon déboutonné et la braguette ouverte, et les yeux légèrement rouges : Il avait déjà bien entamé la soirée. La jeune fille balbutia qu'elle était désolée de déranger, et lorsqu'elle allait se retirer, un deuxième garçon vint la trouver et s'excusa de l'impolitesse de son ami. Il se présenta comme le locataire, et lui demanda si c'était bien la nouvelle voisine. Elle acquiesça et il l'invita à rentrer, si elle voulait. N'ayant rien à faire, mais ayant quelque peu peur des énergumènes qui pourraient se trouver dans cet appartement, elle accepta tout de même. Elle se retrouva entre une foule de jeunes étudiants de l'université voisine. Ils buvaient beaucoup, fumaient surtout. Trois couples s'étaient déjà formés, l'un étant ensemble depuis plusieurs mois déjà. Ça parlait de sexe, d'études, d'avenir, de rêve, d'évasion puis surtout d'art, de photographie, et la jeune femme pouvait se joindre aisément aux conversations. Créant des liens avec ses nouveaux amis, on lui proposa à boire et à fumer, afin qu'elle se joigne à la fête. Rapidement, la tête lui tourna. Elle ne voulu cependant pas rentrer chez elle. Elle se leva pour danser, mais ses jambes se défilèrent sous son poids. Elle se retrouva par terre, puis se mit à rire, tout simplement. Quelques silhouettes tournaient autour d'elle, floues. Des visages s'approchaient, des sourires se distinguaient. On l'aida à se lever, et tous les rires s'entremêlèrent afin de créer une mélodie euphorique. Bras dessus bras dessous, on s'élançait de droite à gauche au rythme de chansons paillardes et de trinques innombrables. La fumée s'accumulait. On ne se distinguait plus les uns des autres. Les couples se multipliaient. Dans un petit studio de 25m², plus d'une vingtaine de personnes circulaient, ayant perdus leurs repères. On se marchait sur les pieds, on dansait serrés, on se caressait, on s'embrassait, on fumait encore, on buvait de plus belle. La jeune femme resta un moment immobile au centre de la pièce. Des ombres se mouvaient autour d'elle. Des gestes gauches, des danses maladroites. Les rires se multiplièrent, comme des échos ; ils raisonnèrent au creux de ses oreilles. Les basses s'accordaient avec les battements de son coeur, se ressentant jusque dans ses tempes. Elle porta la cigarette qu'on lui avait donné jusqu'à sa bouche. Elle tira une latte, avala la fumée. Ça lui brûlait légèrement la gorge, puis la tête lui tournait davantage. Elle n'avait plus l'habitude de tout ça. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de fêtes. Mais elle était venue jusqu'à Paris pour innover, pour découvrir et pour s'amuser. Elle sourit encore, se joint à la danse et rit avec ses nouveaux amis.

On commença à se réveiller alors que le soleil n'apparaissait pas encore à l'horizon. La pièce était dans l'obscurité, alors on alluma les lumières, provoquant quelques gémissements, soupirements. Mais personne d'autre n'eut la force de se lever, seules trois personnes se dirigèrent vers la cuisine, entrebâillant la porte derrière eux. Ils ouvrirent un store. En vain. Le paysage n'était que gris. Morose, triste, endormi, déchiré par le silence, lourd d'obscurité. Chacun s'alluma une cigarette, puis prit la première bouffée, la plus délicieuse, et ferma les yeux. Puis on commença à se chuchoter des choses, puis d'autres, banales, les cendres rouges des mégots pour seule lueur.

La jeune femme était allongée au sol, se distinguant à peine des corps à ses côtés. Ils étaient endormis, sereins, les traits quelque peu tirés de la soirée de la vielle, immobiles, mais pas tous... Les yeux fermement clos, les sourcils froncés et les poings serrés, elle faisait un cauchemars. Elle tournait, gémissait, se retournait. Des gouttes de sueurs perlèrent sur son front, glissèrent le long de son cou. Ses mains étaient moites, son coeur palpitait vivement. Elle se recroquevillait, puis s'allongeait. Aïe ! Elle venait de jeter son poing dans le nez du locataire, allongé à côté d'elle. Il se releva sur le coup, se frotta les yeux ; il mit quelques temps avant de recouvrer totalement ses esprits. Elle dormait toujours, le cri ne l'avait pas réveillée. Quelques personnes alentours s'étaient levées, avaient rejoint les autres dans la cuisine, trop fatigués pour s'occuper de la malheureuse, fiévreuse. Un énième gémissement. Eh ! Réveille-toi, tu fais un mauvais rêve ! Encore un. Elle ouvrit enfin les yeux. Quoi ?


Tu cauchemardais, idiote. Tu m'as fais mal putain.
Ah... Elle était encore dans ses rêves. Désolée... Puis elle se leva, le regard vide, avança en marchand sur des mains, jambes et en se tenant au mur. Elle ne l'avait pas regardé. Elle ne l'avait même pas reconnu. Il se contenta de la suivre et de la récupérer lorsqu'elle chuta, puis, sachant qu'il ne servirait à rien de la laisser entourée d'inconnus, il l'assit devant la porte de son appartement et se mit à ses côtés. Elle allongea ses jambes.

Tu sais, même si j'ai un horrible mal de tête, que je semble tout à fait pouilleuse et sale, j'aimerai que rien n'arrête cet instant. Je viens d'arriver dans cette ville où tout m'est inconnu, à part son nom. Je viens de passer une nuit fabuleuse, j'ai rencontré grâce à toi des gens comme je les aime. Mais si je rentre chez moi, je reprendrai ma vie comme elle l'était. Il la regarda avec tristesse. J'ai ce pressentiment et quoi que je fasse, quoi que je pense, cela va se passer. C'est toujours pareil. Dans quelques semaines, c'est la reprise des études. J'aimerai rester avec vous car vous êtes vraiment trop cool ! Vous avez l'air libre dans cette ville enfermée, suffocante. Vous m'étonnez, et c'est ce que je recherchais en arrivant ici. Mais j'ai peur que ce n'eusse était que pour une soirée. Que vous m'oubliez, que vous soyez libres quand je serai emprisonnée dans cet appartement. Elle effleura la porte de sa location. Tu vois, j'ai toujours aspiré à l'évasion, au voyage. Mais à chaque fois que j'atteignais mon but, la réalité me rappelait à l'ordre, et dès lors je retrouvais la monotonie de la vie. Elle haussa les épaules. Je ne connais même pas ton nom, mais j'ai envie de voyager avec toi, avec vous tous tellement que vous êtes splendides et heureux. j'ai envie que vous me fassiez découvrir votre vie, qui semble si magnifique. Je sais à quoi vous aspirez, car c'est mes rêves également. Je ne vous connais que depuis un jour. Je ne sais rien de vous, de toi, mais j'ai envie de te parler comme à un ami ; te dire que de là où je viens, j'ai souffert de ne pas avoir été assez libre et que des moments comme celui-ci, qui doivent te paraître tout à fait banals, sont pour moi extraordinaires et rares. Je n'ai pas envie de me relever et de retourner à ma vie. Je n'ai pas envie de bouger. J'ai peur. Aide-moi. Elle avait chuchoté. Il semblait n'avoir rien saisit de ce monologue. Elle voulait pleurer, car elle savait qu'elle avait raison, que dès qu'elle rentrerait chez elle, le rêve serait fini, qu'il n'y aurait plus d'espoir. Ça se passait toujours comme ça, de toute manière.

Je m'appelle Pierre. La jeune fille le regarda un temps, ne semblant pas tout à fait comprendre. Puis elle laissa cette voix envahir son esprit. Elle avait des yeux vifs, qui montraient tout à fait combien elle était heureuse. Elle se tut, car rien n'était plus beau que l'écho de ce nom qui lui semblait aussi important que le sien.


Texte publié par EvanG, 3 octobre 2013 à 20h52
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