»

L’histoire de l’humanité regorge de faits terribles et d’abysses insondables.

S’il n’est pas permis à l’homme de s’en souvenir pour la nécessité de sa propre existence, il subsiste des traces indélébiles laissées par ces sombres instants dans la vie de quelques-uns.

Dark Springs ne fait pas exception à cette règle.

Sa propre histoire est émaillée de secrets, de ténèbres infranchissables dont aucun être vivant ou mort n’oserait évoquer l’existence.

Pourtant, ce sont ces histoires que nous allons explorer au travers de ces pages. Au-delà de la notion de temps et de l’individualité de la vie, les protagonistes de ces instants vont vivre une expérience hors du commun qui bouleversera leur vie à jamais.

†

La pièce n’était éclairée que par la lueur vacillante des chandelles. Le vieil homme remonta les lunettes glissant sur son nez aquilin et leva un regard empli d’une sagesse et d’un savoir infini.

Ses prunelles grises s’accordaient avec l’épaisse chevelure encadrant un visage trop maigre ; ses pommettes saillantes et hautes lui donnaient l’air d’un aristocrate du début du vingtième siècle, engoncé dans un costume sombre et cintré.

Avec une extrême précaution, il poussa sur ses pieds pour écarter légèrement la chaise en bois de la table où se trouvait étalée une large feuille et trônait en encrier.

Tout autour de lui, de hautes bibliothèques en bois sombre s’étalaient le long des murs comme autant d’étagères encombrées de livres à reliures de cuir. Aucun ne paraissait semblable et tous déversaient dans la pièce cette odeur si particulière et caractéristique de papier vieillissant.

« Bonsoir. Je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrés.

Je suis le Conservateur. Vous ne savez peut-être pas pour quelle obscure raison je vous ai fait demander en pleine nuit, n’est-ce pas ? C’est tout naturel, car voyez-vous, aucune des histoires que vous vous apprêtez à découvrir n’a jamais quitté les murs de cette lugubre bibliothèque.

Pour être tout à fait honnête, si vous vous aventurez à vivre ces histoires qui vous mèneront à coup sûr aux confins de la folie, vous n’en ressortirez pas indemne.

Dark Springs est un lieu de mystères et de ténèbres, un lieu de convergences d’énergies cosmiques et maléfiques. Cela a toujours été et cela sera encore jusqu’à la fin des temps.

Mais revenons-en à la raison de votre présence en ces lieux : vous, cher lecteur, êtes en droit de connaître la vérité. »

L’homme se releva de sa chaise et approcha d’une étagère chargée de volumes de formes et couleurs variées. Il fit jouer ses doigts fins et osseux en parcourant le dos des livres et se saisit de l’un d’eux ; il ouvrit la couverture précautionneusement.

« La vérité d’une histoire se mesure à la croyance de son protagoniste, à l’implication de son esprit dans les événements qui le bouleversent et à l’empathie qu’il suscite pour le lecteur. En ce sens, elle n’est pas absolue, mais la simple convergence de faits et d’émotions qui emplissent une vie de nuances uniques.

Quoi qu’il en soit, gardez ceci à l’esprit : derrière chaque vérité se cachent d’infinies variations de la réalité. Toutes ne vous seront pas accessibles et certaines vous paraitront abracadabrantes… Ceci, voyez-vous est à la discrétion de chaque lecteur qui nourrit par sa propre empathie quelques sentiments souvent contradictoires… Je suis certain que vous ne serez pas déçu par ce voyage.

Allez-y ! Prenez place et acceptez de partager l’impensable et surnaturelle histoire de Dark Springs. »