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La Forêt s'ouvrait à elle à chaque pas qu'elle faisait entre les entrelacements des racines et des branchages des arbres immenses qu'elle contenait. L'astre solaire était déjà haut dans le ciel quand elle arriva enfin au sommet de l'arbre dominant tous ceux de la colline qui se dressait au-dessus des nombreuses autres.

En cette saison, le reflet d'or des feuilles offrait un paysage qui la laissait sans voix, comme chaque année à la même période. C'était un spectacle éphémère dont elle ne parvenait pas à se lasser.

Ses incessantes escapades en solitaire inquiétaient régulièrement ses proches lorsque ses sorties duraient au-delà du raisonnable. Cette situation la culpabilisait, mais sa liberté était bien plus importante à ses yeux.

Le léger vent faisait mouvoir élégamment l'horizon DORÉ de la dense Forêt qui protégeait le village des voyageurs un peu trop curieux et un peu trop téméraires pour s'enfoncer dans cet océan de verdure hostile à la présence humaine.

Le dieu Antarr faisait vivre cette Forêt, lui donnait une âme et une conscience qui lui était propre. Chaque arbre, chaque bosquet, chaque fleur et chaque brin d'herbe y étaient reliés via un réseau souterrain complexe qui s'entrelaçait avec chacune de leurs racines.

Son peuple chérissait cette entité et cette entité aidait son peuple à disparaître aux yeux des étrangers.

Andra mit fin à sa gestuelle méditative alors que cela faisait bien deux heures qu'elle se trouvait en haut de son arbre. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle se décida enfin qu'il était temps de rentrer.

Le retour se fit dans la même ambiance qu'à l'aller : dans la sérénité, le son du bruissement des feuilles et le chant des oiseaux. Elle s'approcha d'un haut et large bosquet qui semblait impénétrable. Au contact de sa peau sur l'écorce d'une de ses branches, le feuillage dégagea un passage à peine assez large pour se faufiler entre. Andra le traversa sur le côté et déboucha dans une vaste clairière d'où des petites huttes rondes et recouvertes par la verdure sortaient du sol.

Elle avança entre les habitations jusqu'à la sienne en prenant garde à ne pas percuter les enfants qui jouaient et couraient sans prendre garde au monde qui les entourait.

Sa mère attendait près de la porte décorée de fleurs colorées. L’ANXIÉTÉ pouvait aisément se lire sur son visage.

- Ce n'est que maintenant que tu rentres ?

- Je t'avais dit que ça risquait de prendre du temps.

- Tu sais ce que nous risquons à nous attarder hors de la clairière.

- Ça fait des siècles que nous n'avons pas vu d'humains s'aventurer dans la Forêt.

- Ce n'est pas une excuse. Rentre maintenant.

Andra s'exécuta, non sans un soupir d'exaspération face à la réaction extrême de sa mère.

Certes, les récits de son peuple étaient ceux du passé.

Certes, les humains étaient dangereux.

Certes, les guerres n'avaient pu cesser qu'à partir du moment où ils s'en sont cachés.

Certes, ces guerres avaient décimé presque la totalité des individus de leur espèce.

Mais cela faisait maintenant plusieurs siècles que la Forêt était parvenue à les éloigner de sa bordure, il n'était plus dangereux de s'y promener tant que les peuples elfiques continueraient à respecter et vénérer Antarr et la nature qui les entourait et les protégeait de sa muraille végétale.

Elle descendit les quelques marches qui la menèrent dans une salle à vivre de taille acceptable. Tous les meubles avaient été créés par la Forêt elle-même. Cette entité, en échange de la fidélité et du dévouement des ELFES à sa protection et à son développement, fournissait tout ce dont avaient besoin ses protégés.

Elle traversa le salon pour prendre un nouvel escalier qui la mena cette fois-ci à sa chambre. La pièce étant trop enterrée pour posséder des fenêtres, un puit de lumière tapissé de multiples morceaux de miroirs conduisait les rayons du soleil jusqu'à un lustre qui les diffusait dans l'intégralité de la pièce.

Andra retira son corset fait d'un matériau complexe pour n'être qu'en chemise et pantalon de lin, puis s'installa sur son lit en fermant les yeux. Même du haut de la plus haute colline qu'elle connaissait, le peuple humain restait invisible à sa vue. Pourtant, son souhait de rencontrer un membre de leur espèce n'avait pas ténu avec les années, au contraire. La curiosité dont elle était doté l'accroissait davantage avec les années ainsi qu'avec les échecs auxquels elle était constamment confrontée, au désespoir de sa sœur qui était devenue, malgré elle, une gardienne de son secret.


Texte publié par Adrielle, 3 juin 2018 à 01h15
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