Sitôt le sous-marin positionné dans la salle d’embarquement et celle-ci partiellement vidée de son eau, les passagers débarquèrent avec empressement. Les caissons isolants d’échantillons filèrent près d’eux sur les léviteurs en rangs serrés. Aucun d’eux ne laissa le temps aux droïdes de s’en occuper. Aucun n’eut même l’occasion de s’arrêter quelques secondes ou de faire quoi que ce fût d’autre ; tous gagnèrent en vitesse les ascenseurs et remontèrent dans le bâtiment administratif du port.
Lorsqu’ils atteignirent la surface et l’extérieur, un véhicule les attendait à l’entrée du port. Il les mena rapidement à l’intérieur du complexe jusqu’aux devantures des bâtiments de chaque équipe présente. Comme les données récoltées concernaient surtout la flore et la population microbienne, l’essentiel prit la direction du laboratoire d’analyses de Lionel et d’Untrill. Les scientifiques des autres équipes partaient de leur côté avec leurs propres prélèvements dans leurs laboratoires respectifs. Tous soupçonnaient que bientôt, ces distributions d’effectifs changeraient. Avec l’urgence de la situation et le délabrement observé sur la flore, leur étude devenait prioritaire aux simples recherches fondamentales d’autres catégories d’êtres vivants et les six chercheurs de l’équipe de Bérénice ne suffiraient pas. Soit d’autres chercheurs seraient appelés en renfort, soit certaines équipes se verraient amputées d’une partie de leurs membres.
Bientôt, Untrill et Lionel parvinrent au leur, l’angoisse au ventre. L’endroit était calme et rien ne laissait soupçonner aucune hâte si ce n’était eux-mêmes. Toutefois, lorsqu’ils entrèrent, l’effervescence y était à son comble.
Le poste d’accueil était occupé par un Kylio aux gestes hâtifs qui paraissait débordé. Des échos d’activités étaient audibles en provenance du couloir et des salles d’étude. Kylio se redressa brusquement lorsqu’il les aperçut, faillit laisser tomber son entolon qu’il reposa précipitamment avant de contourner son bureau pour les aider à hisser les léviteurs dans la pièce.
— Je suppose que vous avez été prévenus ? demanda Untrill d’une voix rendue brusque par l’effort et la précipitation.
— Oui ! Le reste de l’équipe a suspendu les recherches en cours qui ne sont pas prioritaires et prépare en ce moment le matériel.
— Bien, nous gagnerons un peu plus de temps.
Ils en avaient déjà gagné un peu dans le laboratoire du sous-marin avec la mise en incubation de certaines cultures mais n’avaient pas lancé d’expériences dont le transfert aurait rendu les résultats caducs.
— Une réunion d’information en urgence a été programmée en urgence pour ce soir, ajouta Kylio.
Les visages des deux chercheurs se fermèrent. Ce genre de situation avait toujours été craint car susceptible de mettre en échec le Projet tout entier s’ils étaient incapables d’intégrer les écosystèmes de la planète ; ils préféraient donc la prendre très au sérieux dès le départ.
Alors qu’ils avançaient vers le couloir, une silhouette vint à leur rencontre. Kreya. Elle se figea à quelques pas d’Untrill et lorgna un instant les léviteurs remplis de caissons.
— Comme cela nous a été communiqué, toutes nos recherches ont été suspendues et le matériel préparé pour de futures analyses. Cependant, la cause n’a pas été développée. Que se –
— Plus tard, l’interrompit Untrill d’une voix ferme en écartant sa question d’un geste de la main puis il fit signe aux deux autres.
Ils empruntèrent le couloir où les trois membres restants de l’équipe venaient d’apparaitre, les visages dépités. Aucun d’eux n’avait été informé de la cause de cette urgence, le tout ayant été très précipité. Chaque caisson fut distribué par salle en fonction de leur nature et des types d’analyses à y effectuer. Kreya les suivit en fronçant les sourcils, passablement agacée d’avoir été ignorée de la sorte. Cependant, l’air étrange qu’arborait Lionel, partagé entre l’hébétude, la stupéfaction et l’horreur, transforma ce début de colère en une crainte sourde.
— Que s’est-il passé ? lui chuchota-t-elle en parvenant à son niveau. Vous ne deviez pas rentrer aujourd’hui, en plus !
Untrill était déjà passé dans une autre pièce. Tous étaient trop occupés pour noter leur arrêt. Lionel se tourna vers elle et la fixa d’un regard surpris pendant quelques instants avant de répondre :
— La flore de notre zone d’étude est complètement ravagée. Nous ne savons pas pourquoi.
— Quoi ? s’exclama-t-elle d’une petite voix qui partit dans les aigus.
Habituellement, Lionel aurait grimacé mais il était si distrait qu’il ne s’en formalisa pas du tout.
Ils ne purent continuer cette conversation pour entrer dans les détails que Lionel ne possédait pas, bousculés par un Untrill énervé qui leur adressa de brèves remontrances avant de les pousser à rejoindre leurs salles respectives, là où ils étaient les plus compétents. Ils obtempérèrent. Cette subtilité occasionna un changement de poste pour Lionel qui rejoignit donc Untrill et laissa Mara et Valène seules toutes les deux.
Malgré la cadence infernale qu’ils s’infligèrent, ils y passèrent le reste de la journée et beaucoup d’expériences restèrent en attente pour le lendemain ou leurs résultats enregistrés pour être interprétés le jour suivant. La nuit était déjà tombée lorsqu’ils quittèrent leurs postes pour la salle de réunion, sans avoir eu l’occasion de manger. Ils en retinrent surtout que Bérénice comptait faire pression sur les autorités administratives pour récupérer des scientifiques supplémentaires ainsi que du matériel. Tous prièrent pour qu’elle y parvînt.
Ils avaient à peine mangé que malgré l’heure tardive, ils étaient retournés étudier avec grand intérêt les quelques résultats qu’ils avaient déjà pour les comparer à ceux issus de l’expédition précédente, une semaine plus tôt.
Lionel pesta sur Mara lorsque celle-ci le tira vers son propre poste pour le forcer à regarder quelques clichés avec elle.
— Tu es au courant que j’ai légèrement autre chose à faire ? la rabroua-t-il sèchement. Tu n’as qu’à demander à Valène !
— Aucune de nous d’eux n’est descendue cette fois-ci, toi si. J’aurais pu trainer Untrill mais toi, tu as vu les clichés de la fois précédente, ce sera plus parlant pour toi que pour lui.
Lionel finit par abdiquer et la pressa de finir cela au plus vite. Elle ignora ses plaintes pour installer deux images côte à côte du même endroit. L’une était issue de la première expédition et l’autre de la seconde. Lionel se tut, pâle. La différence était considérable ; les deux images étaient si différentes que l’on en venait à douter qu’ils vinssent du même endroit. Pas besoin de s’efforcer à trouver la nuance, même sans réellement connaitre la biodiversité du lieu dans ses détails. Les racines se ramollissaient et se racornissaient, signes de la mauvaise santé de la plante en général. Certaines racines parmi les plus petites avaient entièrement disparu, sans doute pourries. Mais la plante de manière générale s’affaiblissait et pour les plus atteintes, elles s’effondraient sur elles-mêmes ou pliaient sous la force du courant, et certaines étaient sur le point de se briser. Ainsi, de nombreux débris brouillaient certains clichés et masquaient les plantes en dessous, à l’état plus ou moins préservé.
Mara ne cessa de lui présenter des clichés semblables avec, chaque fois, la même question.
— Oui, nous avons pris exactement les mêmes points d’échantillonnage selon les mêmes protocoles, répéta pour la énième fois Lionel d’une voix exaspérée à la xième version de la question de Mara, toujours incrédule face à leurs résultats. Ça se voit sur les clichés, non ? Regarde les reliefs !
Il grimaça lorsque son ventre se mit à grogner en guise de protestation devant le bref repas qu’il avait pris.
La jeune femme secoua la tête, atterrée. Elle ne comprenait pas comment une telle évolution fût possible, comme tout le monde dans le bâtiment.
Le pire vint avec la plage de plantes nécrosées et noircies réduites à l’état d’amas gluants informes, centrée sur le trou que le jeune homme avait effectué. Il déglutit lorsque la jeune femme se pencha sur l’image en fronçant les sourcils. Elle venait tout juste de le repérer.
— Euh, Mara… je crois que je vais retourner auprès d’Untrill, ok ?
— Quoi, vous n’aviez pas déjà lancé vos trucs ? De toute façon, s’il avait vraiment besoin de toi, il serait venu te récupérer par le col de la chemise ! Mais qu’est-ce que ce truc…, ça ne me rappelle rien, ça, marmonna-t-elle en s’activant sur l’écran pour chercher une image de la zone prise une semaine plus tôt afin de comparer.
Accaparée par sa recherche, elle ne remarqua ni la raideur de son collègue, ni son manque de réaction, ni l’aide qu’il n’apporta pas, ni encore le masque glacé d’effroi sur son visage. Lionel ne parvenait pas à détacher son regard du petit trou creusé, auréolé de mort et de désolation. Il avait beau s’efforcer de se rassurer en se disant qu’un simple prélèvement ne pouvait occasionner à lui seul d’un tel désastre, pourtant plus il contemplait les dégâts, plus sa crainte sourde pulsait avec violence, et moins il réussissait à la réfréner. Et ce, malgré l’absence d’arguments valables pour le justifier.
— Ah, voilà ! s’exclama Mara dans un cri de victoire qui provoqua un léger sursaut du jeune homme.
Elle ne le nota pas non plus, de même que son air effondré en observant le résultat de ses recherches. L’enthousiasme de la jeune femme retomba bien vite pour laisser la place au questionnement.
— C’est bien ce que je disais ! Ce trou n’y était pas ! Mais d’où peut-il bien sortir ? C’est bizarre quand même, tu ne trouves pas ? Il ne fait pas très naturel, on dirait qu’il a été creusé ! Mais par quoi et pourquoi ? Tu crois qu’une bestiole a pu faire ça ?
Bien sûr, les animaux font des carottes de roche, c’est bien connu… Lionel se sentit défaillir à mesure que la technicienne déblatérait foule d’hypothèses pour justifier cette présence absurde dans un environnement aussi profond. Heureusement pour lui, Mara était assez volubile et bien trop concentrée sur ses propres bavardages pour se rendre compte de son état – auquel cas elle aurait fini par faire le lien entre le trou et lui, car elle était loin d’être stupide et lui loin de savoir masquer ses émotions —. Ce qu’il ne souhaitait en aucun cas.
Car après tout, qu’en concluraient-ils ? Sans doute établiraient-ils inévitablement un lien entre lui et les changements qui s’opéraient. Et même s’ils ne pourraient rien prouver, cela se ferait ressentir sur l’ambiance de travail car tout le monde le verrait comme l’unique responsable. Et cela, il ne le supporterait pas.
— Eh, Lionel, tu m’écoutes ?
— Quoi ?
Il tourna son regard effaré vers sa collègue, qui s’inquiéta de la tête qu’il faisait.
— Tu… t’es cardiaque, c’est ça ? Tu as une tête vraiment flippante, tu devrais peut-être aller à l’infirmerie ! Fallait s’en douter, t’es pas très gaillard comme gars ! Valène !
Paniquée, elle se mit à hurler le nom de sa collègue, censée être la plus proche d’eux.
— Hein ? Mais non !
— Quoi ? Quoi ? s’exclama Valène en arrivant, avant de chuter au sol après un dérapage peu contrôlé.
Lionel l’aida à se relever, sous le regard perplexe de Mara qui l’avait cru en train de mourir, et il l’assura que l’urgence décriée par leur collègue était fictive. Accaparée par ses pensées, Mara ne pensa même pas à s’excuser alors que Valène repartait en roulant des yeux. Elle réfléchit quelques instants puis supposa que l’angoisse était responsable de l’état du jeune homme, d’un naturel stressé.
— Ah ! Tu devrais te calmer, tu sais… C’est un peu trop tôt pour crier à la catastrophe.
Il fut surpris par la remarque. Il s’effondra sur la première chaise qui lui tomba sous la main.
— De-de quoi tu parles ? bégaya Lionel, troublé par son regard inquisiteur.
— De toi ! Tu as vu ton visage ? Non, bien sûr que non, il n’y a pas de surface réfléchissante ici. Tu es livide, on dirait presque un cachet de médicament ! A moins que tu ne sois malade ?
Le cerveau encore embrumé, Lionel eut un peu de mal à comprendre le sens de ses paroles.
— Quoi ? Non, non, je ne suis pas malade ! C’est juste que, euh…
Il ne pouvait pas dire la vérité. Il soupira puis leva ses mains sur son visage pour le frotter vigoureusement, pris de lassitude. Il cachait presque ses traits, tirés par la fatigue et le stress.
— Je… je suis fatigué, c’est tout. Et puis c’est vrai que… que voir le changement de ses propres yeux, juste devant soi, et pas via l’intermédiaire d’un cliché, c’est… c’est perturbant.
Il ne leva pas la tête et espéra que ses propos suffiraient à être crédibles, même s’ils n’étaient pas exacts.
Il entendit le craquement de la chaise près de lui tandis que Mara se redressait, et quelques secondes plus tard, une main compatissante se posa sur son épaule. La jeune femme n’avait pas pour habitude d’être tactile. Ce simple geste eut le don de le rassurer et de le détendre un peu, même s’il avait l’impression de n’être qu’un imposteur.
— Tu peux rentrer, tu sais. Au stade où on en est, ton absence ne changera pas grand-chose et je ne pense pas que quiconque te le reprochera, surtout après une journée pareille. Si cela se trouve, certains sont déjà partis se coucher. Comme ça, tu seras en forme pour demain. Et c’est toujours mieux si tu pouvais éviter de te mettre à ronfler sur le bureau ou ton estomac de gémir lamentablement pendant toute la nuit.
Un maigre sourire se dessina sur les lèvres de Lionel. Il n’était pas sûr qu’il ronflât réellement, malgré les assertions de la technicienne qui n’était pas en mesure de le savoir, mais il ne se sentit pas la force de protester sur ce point. Au lieu de cela, il bailla. Le geste ne passa pas inaperçu aux yeux scrutateurs de sa collègue.
— Tu vois ? fit-elle alors d’un ton triomphant avant de lui tapoter l’épaule. Allez, va dormir ! Et manger aussi, tant qu’à faire !
— J’ai déjà mangé ! Et toi ? protesta-t-il, gêné.
Cette dernière secoua la tête pour balayer la question.
— Je ne tarderai sans doute pas à y aller, moi non plus. Que je finisse par m’endormir ici ne nous avancera pas plus non plus, plaisanta-t-elle.
Sa tentative fut un échec. Il continua de la fixer, le visage sérieux. Mara finit par hausser les épaules tandis que son visage se recouvrait de la même fermeté.
— Ne te bile pas. Contrairement à ce que tu sembles croire, je ne suis pas maso, et j’ai besoin de mes quelques heures de sommeil quotidiennes. Je vais dormir, lui assura-t-elle en plantant son regard dans le sien.
Lionel acquiesça, plutôt convaincu cette fois-ci. Il était vrai que ses heures de sommeil étaient sacrées pour la jeune femme ; il doutait qu’elle eût déjà effectué une nuit blanche une fois au cours de sa vie.
— Allez, vas-y, le pressa-t-elle en lui pressant légèrement l’épaule. Je serai rentrée avant même que tu ne dormes, de toute façon.
La pensée l’amusa même s’il n’y croyait pas. Il savait qu’une fois la tête posée sur l’oreiller, il dormirait comme un gator. Il se leva et son geste fit reculer Mara de quelques pas pour lui céder le passage. Elle lui indiqua la sortie qu’il connaissait depuis longtemps avec un sourcil haussé et l’air incitatif.
— Je connais le chemin, plaisanta-t-il avant d’émettre un autre bâillement.
Le sourire cynique de la jeune femme s’élargit.
— Je n’en doute pas. Enfin il vaut mieux pour toi.
Sur ces mots, il la salua et la remercia au passage avant de quitter la pièce. Il vérifia la salle qu’Untrill et lui partageaient et la retrouva verrouillée. Il partit donc, sans le moindre remords cette fois.
Dans le couloir, il croisa Kreya qui fermait la porte de la sienne avant d’étouffer un bâillement avec sa main. Elle se retourna brièvement en sa direction au bruit de ses pas et le repéra.
— Oh, tu vas te coucher toi aussi ?
— Oui. Je suppose que si c’est ton cas aussi, alors il est plus tard que je ne le pensais ?
— Sans doute, confirma la theris en se détournant.
Ensemble, ils gagnèrent l’escalier qui menait à l’étage supérieur et rejoignirent la salle commune.
— Alors, des résultats ? demanda aimablement Lionel, sans arrière-pensée.
L’inquiétude l’avait rendu vide, et son cerveau aussi.
Kreya grimaça légèrement mais il ne le remarqua pas, le regard baissé sur le grand tapis qui couvrait le sol.
— Pas beaucoup, on les aura à partir de demain. Mais il semblerait que d’un point de vue microbiologique – à confirmer demain avec une étude statistique –, certaines espèces aient proliféré au détriment de beaucoup d’autres, comme on pouvait s’y attendre. Pour les plantes plus macroscopiques, l’état de stress de la majorité d’entre elles est évident, et quelques plantes sont déjà mortes – surtout ces algues rouges et le tapis de mousse orange qui l’entourait.
Il connaissait déjà ces derniers points pour l’avoir lui-même observé, mais l’entendre dire ralluma la crainte qui sommeillait en lui. Kreya ne s’en aperçut pas et commença à se diriger vers sa propre chambre.
— Enfin, on verra tout ça demain. Bonne nuit.
Il lui répondit d’un ton absent et la jeune femme quitta la pièce. Il ne tarda pas à l’imiter, davantage par désir de fuir la pièce devenue soudain oppressante. Encore une fois, il avait l’impression d’être scruté, surveillé.
Un coup d’œil à son algue l’assura de sa bonne santé, ainsi que celle de ces mini-plants qui gravitaient autour d’elle. Toutefois, il ajusta la température de l’eau, qui devenait encore un peu trop chaude, ce qu’il ne s’expliquait pas. Peut-être un problème au niveau du radiateur… Il était pourtant presque neuf. Il avait analysé ce qu’il pouvait et avait déjà infirmé l’hypothèse des spores présentes à la surface de l’algue. L’amas gélatineux demeurait encore de nature inconnue, les recherches rendues compliquées par la présence de débris de tissus amalgamés avec le reste. Le reste était difficile à étudier dans les conditions présentes.
Il revêtit sa tenue de nuit et la suite donna raison à ses pensées précédentes : à peine la tête posée sur son oreiller, il s’endormit, même si son sommeil fut loin d’être paisible.
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