— Eux aussi, maintenant ?
Lionel garda les yeux rivés sur le panorama qui s’offrait à lui. Un énorme animal au corps massif, lisse et fuselé, se déplaçait avec indolence à quelques distances d’eux, ce qui provoqua le ralentissement du sous-marin ; ils évitèrent la collision de peu. L’espèce n’évoqua rien au jeune homme. Il ne connaissait presque rien des espèces animales observées alors ce fut tout juste s’il le compara en pensée avec quelques espèces existantes d’Argos qu’il avait en mémoire sans les avoir jamais observés. Il le regarda s’éloigner, autant émerveillé qu’inquiet par sa stature imposante. Il était incapable de juger de la normalité de sa présence mais à entendre les animalistes, ces derniers étaient surpris de le voir à une telle profondeur mais surtout à une telle latitude : elles préféraient les zones un peu plus froides, à quelques centaines de kilomètres de là.
Près de lui, Untrill scrutait également les eaux, le front barré d’une ride soucieuse. Si, comme Lionel, il ne s’était d’abord pas inquiété des événements, il avait revu son jugement mais comme les autres, il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Il constatait juste et se demandait comment cela évoluerait.
— Cela fait une semaine et les données à ce sujet ne cessent de se multiplier. Je crois qu’aujourd’hui, les premières baisses de température les plus récentes ont été mesurées à trois milles kilomètres de l’ile – et encore, les sites aux antipodes de notre position commencent à faire remonter des données similaires. De plus, le phénomène ne cesse de s’accentuer sur les premiers sites. Il semblerait que cela ait un impact sur la faune aussi ; des créatures inhabituelles ont été observées à des profondeurs ou des zones qu’elles ne devraient pas fréquenter, mais difficile d’en expliquer la raison.
Lionel soupira, tandis que ses sourcils se fronçaient à l’observation d’un banc de poissons d’une espèce pourtant accoutumée à des latitudes plus froides et à une profondeur plus importante. Etant donné l’incroyable timing dont ils avaient fait preuve, c’était comme s’ils souhaitaient confirmer les propos du scientifique. Les observations étranges de ce type ne cessaient de se multiplier. Cette espèce était parmi les plus répandues dans son milieu d’origine, alors le changement avait été facile à remarquer.
Là encore, ce n’était que subjectif. L’essentiel des informations étaient trop récentes et trop peu nombreuses pour être significatives. Il leur faudrait encore en amasser pendant plusieurs mois voire années pour espérer être capables d’établir de telles conjectures avec des variations aussi récentes et soudaines.
— C’est peut-être normal, plaida Lionel, toujours sceptique quant à une réelle perturbation du milieu.
Il n’osait toutefois pas aller plus loin dans ses protestations. Malgré la sympathie qu’ils avaient l’un pour l’autre, Untrill restait son ainé et un chercheur plus expérimenté. Par conséquent, malgré leur grade similaire, Lionel lui démontrait le même respect qu’à un supérieur et le fait de se retrouver désormais seul avec lui avait quelque chose d’intimidant. Etant donné l’importance du travail qu’il restait à fournir avec les données issues de la première expédition, seuls les deux hommes étaient partis à bord du sous-marin cette fois-ci. Le reste de l’équipe était resté à la surface, au laboratoire. Cela ne faisait qu’une semaine depuis le premier trajet et initialement, il n’était pas prévu qu’ils en fissent partie. Cependant, les animalistes spécialisés dans l’étude de la faune abyssale avaient réussi à en obtenir une et comme de leur côté, certains résultats étaient prometteurs mais nécessitaient davantage d’investigations pour les préciser, leur supérieure avait réussi à les placer avec l’autre équipe. Cela avait été d’autant plus facile que cela avait le mérite d’économiser un voyage, et tout temps gagné n’était pas à négliger.
— Ça n’a jamais été observé auparavant, rétorqua le theris en se tournant finalement vers lui pour plonger son regard dans le sien.
Inconsciemment, Lionel en fit de même. Autant les yeux émeraude de Kreya étaient magnifiques, autant il trouvait ceux d’Untrill troublants, voire un peu effrayants. Leur couleur bleu nuit était si profonde que c’en était déstabilisant, d’autant qu’elle se confondait presque avec la noirceur de sa pupille qu’il distinguait à peine. C’était presque s’il avait un trou noir en lieu et place de l’iris.
A cause de cela, il mit du temps à répondre, ce qui provoqua de la confusion chez son collègue. Ce dernier ne songea pas à cette éventualité et s’inquiéta donc de son silence.
— Lionel ? Ça ne va pas ? Tu –
— Pardon ? Oh non, je vais bien, désolé. Je pensais juste à – peu importe. Cela étant, cela ne fait pas tant d’années que nous sommes là. Il se peut que ce soit un phénomène naturel avec une cyclicité plutôt lente. Il y a encore beaucoup de choses que nous ne connaissons pas encore sur la biodiversité de cette planète.
Untrill ne parut pas convaincu tant que cela. Par sa réponse à sa question ou par son hypothèse ? Difficile à savoir mais le theris le fixait à présent avec une lueur étrange dans le regard qui mit le jeune homme mal à l’aise. Il plissa les lèvres, dubitatif, avant de concéder d’un ton légèrement sceptique :
— … Pourquoi pas.
Comme il n’y avait plus grand-chose à dire sur le sujet, si ce n’était des spéculations qui tiendraient plus de la rumeur que de faits avérés, il n’ajouta rien. Le silence s’installa pendant quelques secondes tandis qu’ils se contentaient d’observer les parois rocheuses avec ennui et notaient en même temps des différences subtiles par rapport à leur précédente descente. Elles ne concernaient pas seulement les espèces animales, dont eux-mêmes avaient du mal à apprécier les nuances, mais également la flore.
— Vous êtes en contact avec des personnes sur ces stations ?
— Hm ? Pardon ?
Untrill reporta son attention sur Lionel et constata qu’il le fixait avec intensité. Ce dernier prit un air gêné lorsque leurs regards se croisèrent et il détourna les yeux en se mordant les lèvres.
— Je demande juste… vous avez l’air d’être au courant de beaucoup de choses qui se produisent sur ces stations.
— Tu peux me tutoyer, tu sais, soupira le theris avant de reprendre : Mais pour répondre à ta question, oui, j’ai plusieurs contacts sur quelques stations. Je ne peux pas dire que nous communiquons beaucoup à cause des restrictions sur le réseau mais cela reste possible dans une certaine mesure et avec l’envoi massif de rapports pour signaler ces anomalies, ça a été plutôt facile de glisser quelques messages supplémentaires plus officieux.
— Ah.
Lionel n’osa pas pousser plus loin ses questions même s’il en mourrait d’envie, notamment sur la nature de ses liens avec ses contacts. Untrill le remarqua et poursuivit :
— Ce sont tous d’anciens collègues. J’ai travaillé pendant neuf ans en tant que référent biologiste à Wilsgaw, une station expérimentale de petite taille à une heure d’ici. Outre les analyses habituelles, les recherches là-bas sont quasi-exclusivement consacrées au développement de l’algoculture par la sélection des espèces d’algues aux rendements les plus prometteurs avec les impacts environnementaux les plus faibles.
— Vraiment ? Vous étiez associé à ce projet-là ?
Untrill eut un petit sourire en notant le vouvoiement. Il n’émit aucune remarque.
— Oui.
— Pourquoi avoir rejoint notre équipe, dans ce cas ? L’algoculture et la recherche sur des espèces de plantes autochtones sont deux choses bien distinctes.
Sans compter que les milieux étaient radicalement différents ; personne n’envisagerait de se lancer dans des cultures dans une fosse abyssale.
Untrill haussa les épaules.
— On m’a proposé cette mutation, j’ai accepté. Je suis physiologiste à la base. Même si j’ai travaillé dans l’agroalimentaire pendant plusieurs années, ce n’est pas ce à quoi je comptais me consacrer au début. Je suppose que cette mutation m’a permis de retourner à mes aspirations initiales.
Lionel acquiesça. Il était conscient que lui-même avait eu la chance d’obtenir un poste qui lui convenait parfaitement. Beaucoup devaient se détourner de leur voie pour réussir à décrocher un emploi, comme lui-même par le passé.
Cela faisait plusieurs minutes que des murmures étaient audibles dans leur dos. Comme un léger suspens s’installait entre eux, Lionel se retourna vers les consoles de contrôle, curieux. Il fut surpris par la fébrilité des pilotes qui échangeaient fréquemment entre eux, des mines perplexes ou inquiètes sur leurs visages. Untrill finit par l’imiter et fit le même constat. Il fronça les sourcils.
— C’est vraiment étrange.
Ils reportèrent leur attention sur le panorama qui s’offrait à leurs yeux et le scrutèrent avec plus d’attention. Il était difficile pour eux de conclure mais ils eurent la sensation que certaines plantes avaient perdu quelques couleurs pour devenir plus ternes ou plus sombres. Quelques-unes paraissaient mortes ou à l’agonie tandis que d’autres ployaient plus difficilement sous le courant, comme si cela leur était plus pénible. Dans sa globalité, la végétation donnait l’impression de souffrir mais elle parvenait à résister.
C’était incompréhensible.
— C’est quand même bizarre, fit Untrill avec une grimace tandis que le sous-marin passait le bord de falaise pour plonger à l’intérieur de la fosse. Tout l’écosystème parait perturbé.
Lionel ne sut quoi répondre. L’événement était si soudain qu’il avait peine à le croire, pourtant il était difficile d’ignorer ce qu’il avait devant lui. Cependant, avec leurs connaissances plutôt maigres, il espérait encore que ce fût plus ou moins normal.
— Ce n’est peut-être que temporaire, spécula Lionel, comme s’il se sentait le besoin soudain de se rassurer. Peut-être que d’ici quelques jours, il n’y sera plus.
Le theris haussa les épaules en s’écartant de la vitrine panoramique pour se diriger vers le centre de la grande salle. Attentif à ses paroles, Lionel le suivit. Ils se placèrent un peu en retrait. Ils auraient pu se consacrer aux résultats de leurs travaux enregistrées sur leurs entolons personnelles mais aucun d’eux n’avait la tête à s’y plonger, saisis par un mauvais pressentiment.
— C’est possible. Mais en attendant, quoiqu’il se passe, cela a des conséquences – il ne faudrait pas que cela tarde à se résoudre de lui-même.
Le jeune homme hocha la tête. Il était tout à fait d’accord avec lui même s’il leur était encore difficile d’estimer si l’incident, s’il y avait lieu de le nommer ainsi, aurait ou non des conséquences graves, ni sur quoi elles porteraient si c’était le cas.
La descente dans la fosse se fit dans la même ambiance légèrement pesante, bien que plus personne ne regardât au-dehors, préférant s’en abstenir. Seuls les pilotes s’y résignaient mais basaient leurs manœuvres essentiellement sur les appareils scanigraphiques et les radars pour repérer d’éventuels obstacles ou des rencontres impromptues. Le même constat s’imposa tout au long de la descente et alla même en s’accentuant. Alors qu’ils atteignaient enfin la profondeur d’étude, une rumeur enfla brusquement parmi les pilotes, tant et si bien que les quelques scientifiques présents, dont Lionel et Untrill, se redressèrent. Quelques biologistes parcoururent les quelques pas pour rejoindre les consoles de contrôle, puis une exclamation étouffée s’éleva près de la vitrine. Une jeune technicienne regardait au-dehors, figée, bouche bée et l’air catastrophé. Rapidement, tout le monde convergea vers sa position pour voir ce qu’il se passait. Ils ne furent pas déçus.
Le changement était si radical que même ceux qui n’étaient jamais venus se doutaient que quelque chose clochait, et ce malgré la distance et surtout la faible luminosité apportée par le sous-marin. Ils reconnurent la couverture de flore colorée et abondante mais elle était à présent comme ramassée sur elle-même, et les couleurs moins vives témoignaient d’une certaine souffrance. Quelques zones n’étaient presque plus visibles, comme si la roche était soudain plongée dans l’obscurité. Cette impression ne changea pas lorsque le sous-marin se redressa pour éclairer plus fortement et l’image fut même plus inquiétante encore. De larges parcelles paraissaient n’être recouvertes que de plantes mortes.
— Ça, ça ne peut pas être normal, marmonna finalement Untrill pour lui-même et Lionel déglutit en réponse, s’abstenant de tout commentaire.
Car il n’y avait pas à dire : c’était un véritable massacre. Les dégâts étaient considérables et une cause naturelle était peu envisageable – car quelle pourrait-elle être ? Mais n’ayant presque rien fait là et n’étant venus qu’une seule fois, leur propre responsabilité était difficile à imaginer.
— Eh bien, nous ne resterons pas aussi longtemps que prévu, fit alors Untrill, le visage assombri, avant de reculer de quelques pas.
— Où allez-vous ? lui demanda Lionel en se détournant de cette vision angoissante.
— Voir les chefs d’équipe. Je doute que nous puissions exécuter la procédure normale.
Untrill disparut bientôt derrière l’amas de curieux agglutinés devant la vitrine, laissant derrière lui un Lionel désemparé qui se tint immobile, indécis et les bras ballants. Il opta tout d’abord pour s’extirper de la masse assemblée là, ce qui ne fut pas une mince affaire, avant de se figer de nouveau. Les chuchotements ne cessaient de gagner en volume, ce qui créait un brouhaha désagréable à ses oreilles. Plongé dans une certaine torpeur, il s’assit au sol. La baie était si immense que malgré le groupe important devant lui, l’essentiel de sa surface était encore visible et il apercevait parfaitement les plantes souffrantes et les roches à nu. Le paysage si vivant donnait à présent une sensation de désolation telle que c’en était déstabilisant. Il avait encore du mal à y croire. Quelle situation était normale ici, en vérité ? Serait-il possible qu’en vérité, cette végétation ne s’était elle-même développée qu’à la faveur d’un incident particulier, et qu’à présent le milieu revenait à son état initial, pour une raison ou pour une autre ? Cette explication ne parvint pas à faire taire la crainte sourde dans sa poitrine ni à effacer le pincement au cœur ou le nœud dans sa gorge.
Le temps de flottement dura encore quelques minutes, jusqu’à ce que les chefs des différentes équipes présentes pénétrassent dans la salle de contrôles, les mines graves. L’un d’eux, alors penché sur un appareil de communication, éteignit ce dernier. Aucun ne doutait qu’ils avaient contacté la surface.
Tous quittèrent rapidement la baie pour les entourer, le visage fermé, dans l’attente de leurs instructions dont ils devinaient la teneur. Au vu de la situation, l’urgence se valait et le temps n’était plus à de la simple recherche fondamentale.
Le commandant du sous-marin, qui se trouvait également être le plus haut-gradé parmi les éléments présents, s’avança vers eux pour prendre la parole. Ses propos les confortèrent dans leur pensée.
— Comme vous avez pu le constater, la situation est assez inédite. Les dégâts que semblent avoir subi la végétation sont considérables. Par mesure de sûreté, nous appliquerons les procédures habituelles dans ce genre de cas que vous connaissez déjà, au moins de manière théorique ; votre première tâche sera de confirmer ou non les observations à distance et d’essayer d’en grader la gravité. Ceci fait, nous agirons en conséquence.
Personne ne doutait de la suite des événements. Sauf incroyable illusion d’optique, les dégâts subis par la flore étaient si visibles qu’une autre option était inenvisageable.
Quelques scientifiques furent désignés comme éclaireurs. Untrill et Lionel étant les seuls botanistes à bord du sous-marin, ils en firent partis. Ces derniers ne tardèrent pas à se rendre aux vestiaires pour revêtir leurs combinaisons. Ils y ajoutèrent des protections supplémentaires destinées à empêcher la pénétration de toxines ou d’agents toxiques. Une fois correctement apprêtés, ils se chargèrent du matériel approprié et se rendirent dans le sas de sortie, avant de s’installer pour attendre. Les lents mouvements du sous-marin accompagnèrent l’égrenage des secondes tandis que les pilotes s’efforçaient de les rapprocher au maximum de la zone d’étude afin de gagner l’appareil le plus rapidement possible en cas de problème.
Le sous-marin finit par s’immobiliser. Quelques minutes plus tard, ils furent informés de l’activation proche du mécanisme d’ouverture. Un léger bruit confirma la nouvelle après quelques secondes. Le sas se remplit lentement d’eau et ils eurent ainsi l’occasion de ressentir la différence de température par rapport à la première fois, malgré les couches supplémentaires. A présent, l’eau était presque glaciale. Une fois le sas totalement rempli, les cloisons s’ouvrirent pour leur céder le passage. Les six scientifiques se glissèrent au-dehors de l’appareil et activèrent les systèmes d’éclairage de leurs combinaisons. Ils gagnèrent ensemble la paroi rocheuse, à quelques centaines de mètres de distance. Le court trajet fut d’autant plus lent que l’anxiété était à son comble. A mesure qu’ils avançaient et que la vue devant eux se précisait, ils voyaient s’envoler l’espoir de nuancer leurs craintes.
La vision rapprochée était à la mesure de ce qu’ils avaient pu voir du sous-marin voire pire encore. Où que leurs yeux se posaient, les modifications de la flore étaient évidentes. En plus de la couleur, c’étaient le port de la plante, sa rigidité, la souplesse de leurs feuilles qui étaient affectés.
— Alors ? s’enquit finalement avec inquiétude un grésillement issu du communicateur, que tous eurent le loisir d’entendre.
Les six individus s’entreregardèrent, perturbés, et conservèrent d’abord le silence. Cela ne devait pas arranger l’état de leur contact, dont la respiration s’accélérerait.
— Ce n’est pas plus joli vu d’ici, répondit finalement Untrill, atterré. Au contraire, même.
Quelqu’un jura dans l’appareil mais personne ne fit la moindre remarque. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’un autre grésillement n’annonçât :
— Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Sur ces mots, la communication fut coupée et les scientifiques se mirent immédiatement au travail. Ils commencèrent à effectuer leurs prélèvements, tâchant d’être les plus rapides possible. Leurs gestes furent les mêmes que la première fois afin d’assurer la répétabilité de leur technique pour permettre leur comparaison, même si leurs données étaient encore maigres à inexistantes. De leur côté, les techniciens et les ingénieurs du sous-marin criblèrent la zone pour prendre le maximum de clichés possibles. Chacun envisageait dans leur tête différentes possibilités. Peut-être s’agissait-il d’une maladie qui se propageait ?
Lionel en fit de même, affligé d’observer une telle désolation dans un environnement autrefois si riche. Sans s’en apercevoir, il se retrouva devant une immense plage occupée de cadavres de plantes noircis et recroquevillés. Il se figea et sa pensée fut momentanément écartée. Grâce aux anfractuosités, aux angulations des pierres et aux reliefs des parois rocheuses, il reconnut quasi instantanément l’endroit, et surtout le petit trou creusé juste devant lui. C’était là qu’il avait déterré l’algue qu’il avait prélevée ! Choqué, il ne perçut rien d’autre dans son environnement si ce n’était cette cavité dont il était à l’origine. Ce ne pouvait pas… ?
— Lionel ? Lionel ! Putain mais qu’est-ce que tu – Oh !
L’animaliste qui venait d’apparaitre près de lui se tut brusquement et écarquilla les yeux lorsqu’il contempla le spectacle. Lionel ne s’en aperçut pas, le regard toujours tourné vers le petit trou si anodin, à moitié avalé par les ombres. Ce n’était pas possible. Pourtant, alors qu’il levait les yeux, il nota que la nécrose semblait partir de là et s’organisait en cercles concentriques autour de lui. Mais comment la disparition d’un seul pied aurait-elle pu déclencher une catastrophe d’une telle envergure, même à l’échelle locale ? C’était tout simplement impossible !
— Mais-mais il ne manque pas quelque chose, là ? fit soudain Greyd lorsqu’il constata, lui aussi, le trou juste devant Lionel. Ou c’est vraiment naturel –
— Greyd ! Lionel ! Nous ne sommes pas là pour lambiner ! les rabroua une voix autoritaire.
Les deux scientifiques se ramassèrent et se détournèrent du trou qui accaparait leurs pensées. Sans tenir compte des quatre paires d’yeux qui les jaugeaient avec sévérité, ils reprirent leur travail. Il était difficile de se concentrer devant une telle vision, aussi ils furent soulagés de quitter cette zone lorsque ce fut le cas. Le trou n’avait pas quitté les pensées de Lionel, qui était, depuis, pris de sueurs froides. Les clichés scanigraphiques permettraient sans doute de comprendre le sens de tout ceci.
Après tout, peut-être n’était-ce qu’une simple coïncidence.
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