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tome 1, Chapitre 6 tome 1, Chapitre 6

La fumée âcre s’élevait dans les airs en de légères volutes blanches presque translucides pour disparaitre sans un bruit. Lionel les regarda se dissiper lentement avec un intérêt mitigé avant de reporter son attention sur sa créatrice. Kreya remit en bouche la longue tige dorée pour aspirer goulument avant de la retirer et d’expirer une nouvelle fois. De nouveau, des corolles de fumée se déployèrent, éphémères.

– Je ne comprends même pas pourquoi tu fumes ce truc, fit Moriss en plissant le nez d’un air dégoûté tandis qu’il secouait la main devant son visage comme pour chasser une odeur qui n’était pourtant pas sur lui.

Le peu de vent présent soufflait à leur gauche, et comme il se tenait juste face à la jeune theris à quelques pas de distance, il ne recevait rien. Lionel, par contre, avait le loisir de loucher dessus juste avant qu’ils ne disparaissent sous son nez. L’odeur, par contre, était prenante et demeurait encore.

Kreya exhala une nouvelle fois avant de sourire avec cynisme.

– Parce que j’aime ça. Pourquoi ne le ferais-je pas ?

– Parce que c’est mauvais pour la santé ? rétorqua le darnien, amusé, en adoptant un ton raisonnable.

Ils l’entendaient dire si souvent dans les divers moyens de presse et de communication. Pourtant, eux-mêmes savaient que si, effectivement, la plante en question, le valora, avait des propriétés nocives voire dangereuses, bien utilisée et dosée, elle se révélait être une alliée précieuse dans de nombreux domaines et notamment dans le médical. D’ailleurs, Kreya avait commencé à l’utiliser pour un problème de santé. Mais depuis, elle n’avait plus arrêté d’en consommer même bien après que son problème se fut résolu.

– Quelle plaisanterie ! s’exclama la jeune femme dans un rire.

Lionel n’avait pas vraiment d’avis sur la question, ne s’étant jamais intéressé aux propriétés médicales des plantes. Lui préférait les étudier en tant que tels, comme de réelles entités, leur biologie, leurs interactions avec leur écosystème et leurs rôles au sein de celui-ci ; si elles permettaient le développement de certaines applications, tant mieux, mais c’était loin d’être son secteur et encore moins son centre d’intérêt.

Il leva les yeux vers le ciel vierge de toute hétérogénéité et d’un bleu éclatant teinté par le rougeoiement de l’astre solaire, puis il les tourna vers les divers bâtiments qui les environnaient. Le léger vrombissement de l’appareil gravitationnel rompait à peine le silence mais comme ils sortaient régulièrement, ils s’y étaient tant habitués qu’ils ne l’entendaient plus ou rarement. Au-delà de cela, tout était calme autour d’eux – l’allée était presque vide à l’exception d’eux. Quelques animaux passaient bien par là mais ils filaient en vitesse avant d’être aperçus, généralement sans un bruit. Pour le moment, les oiseaux ne chantaient pas mais d’expérience, il savait qu’ils s’en donnaient davantage à cœur joie durant l’après-midi. Eux-mêmes se tenaient près d’une des principales allées du complexe, face au bâtiment dans lequel ils travaillaient, les pieds dans l’herbe orangée et à l’ombre d’un immense platonier. Son feuillage d’un violet parme créait des reflets sur l’herbe qui la ponctuaient joliment. Exempt de fruits, l’arbre était pourtant parsemé de nombreux bourgeons roses, et le jeune homme était curieux de savoir s’il s’agirait de fleurs ou de fruits. Mais il le saurait sans doute bientôt car il semblait qu’ils ne tarderaient pas à s’ouvrir.

Un léger coup frappé sur l’omoplate le tira de sa rêverie et il se tourna vers Moriss, qui s’était rapproché de lui de quelques pas. Près d’eux, Kreya s’était également déplacée pour se caler contre le tronc de l’arbre, d’un violet sombre presque noir veiné de gris. Elle-même avait l’esprit ailleurs, de même que son regard qui était perdu entre les feuilles.

– La pause est bientôt terminée, il faudra bien te réveiller, se justifia-t-il le ton amusé en reculant pour éviter un coup qui ne vint jamais.

Lionel se trouvait être trop las pour cela et se contenta de soupirer. Il adorait son travail, là n’était pas la question ; mais trier les différents clichés et images scanigraphiques pris dans la zone d’étude était long et fastidieux, même s’ils étaient trois et que Mara et Valène étaient chacune spécialisées dans ce domaine à différents titres – et il remerciait tout et n’importe quoi qu’elles le fussent, car sans elles ce serait tout simplement une torture. Valène effectuait de son côté la première vague de tri sur les critères de qualité des clichés. Quant à Mara et lui, ils triaient ceux qu’elle conservait dans l’espoir de dégager une première vue d’ensemble. Et de ce qu’ils avaient vu, c’était un joyeux bordel ! Un résultat autant excitant qu’ennuyeux, car si la flore était indéniablement riche, ils allaient s’amuser à interpréter tout ce fatras. L’étape devait permettre par la suite d’individualiser et d’identifier les différentes plantes présentes. Elle n’était pas pour bientôt.

Et donc, cela avait le mérite d’être fatiguant non seulement à cause de cela mais aussi parce qu’il avait l’impression de n’avoir presque rien fait pendant deux heures – l’épuisement psychologique pesait aussi.

– Je sais, répondit Lionel d’une voix morne en regardant son horlogyre.

Il était constitué d’un écran numérisé accroché à son poignet par un bracelet en fibres végétales tissées, solides mais assouplies, qui permettait d’afficher l’heure. C’était d’autant plus essentiel ici que la cyclicité des journées n’était pas exactement la même que sur Argos : la rotation de la planète était plus longue et durait vingt-huit heures, ce qui donnait des jours plus longs, de vingt heures pour le moment. De ce fait, c’était pour le moment assez troublant pour eux qui n’étaient que fraichement arrivés, mais ils commençaient à se faire à ce nouveau rythme.

– Au fait, tu as vu Mara rentrer ?

– Non.

Le travail qu’il effectuait depuis deux jours avec la jeune femme les avait un peu rapprochés mais leur relation n’avait encore rien à voir avec celle qu’il partageait avec ses deux amis. Le fait que Mara passât l’essentiel de ses soirées dans la salle commune de sa précédente équipe jouait beaucoup dans la réduction de leurs rapports à un aspect purement professionnel mais cela ne dérangeait personne.Malgré tout, les deux autres avaient pensé que le fait qu’elle fût de la même espèce que lui les aurait rendus plus intimes mais Lionel pensait sans conteste que cela n’avait rien à voir. Il existait toujours une certaine réserve entre eux mais c’était cordial. Il était plutôt sûr que dans leurs têtes, ces derniers en venaient presque à le caser d’office avec la jeune femme, tant ils désespéraient de son vide relationnel chronique qui n’affectait en aucun cas le jeune homme lui-même.

– Ok, on y va, puisque tu y tiens tant, fit Kreya en écrasant le reste de sa tigette.

La braise mourut et quelques cendres s’envolèrent. Elle la conserva en main le temps d’atteindre la poubelle la plus proche pour l’y jeter.

– Je n’ai jamais dit cela, protesta Moriss en croisant les bras, mais ses traits démentaient une quelconque rancœur.

– Tu le pensais si fort, minauda-t-elle avant de prendre le chemin du bâtiment.

Suivie des deux hommes, elle traversa l’allée et le carré de terre pour atteindre le portique végétalisé et l’entrée. Elle donnait directement sur ce qui faisait office de bureau général de l’équipe, qui permettait le stockage des données et servait d’intermédiaire avec les différentes équipes disséminées dans le complexe et ailleurs et l’administration du complexe. Un grand escalier longeait le mur gauche et menait à l’étage où ils logeaient tous et sur la droite partait un couloir qui donnait sur les différentes salles de recherches ainsi que sur une salle informatique.

Ils saluèrent poliment Untrill, penché derrière le long meuble de bois gris sur des dossiers affichés sur l’écran holographique face à lui ; il était si concentré qu’il ne répondit même pas. Ils poursuivirent leur chemin et traversèrent le couloir avant de se séparer, chacun retournant à sa tâche. Les données prélevées étant de natures variées, ils se les étaient répartis pour lancer le plus d’analyses possibles en même temps. Cela impliquait de répéter toute la matinée et éventuellement l’après-midi la même chose, mais cela avait le mérite de les faire avancer, au vu de leurs moyens, un peu limités pour le moment du fait que leur équipe n’en était qu’à ses débuts.

Lionel entra dans la salle scanigraphique. Celle-ci était très grande, de base carrée, et se trouvait être divisée en deux parties : l’immense scan était isolé du reste de la pièce par de grands battants transparents qui allaient du sol au plafond et l’enfermaient dans une sorte de mini-salle au milieu de celle-ci. Les matériaux utilisés empêchaient la propagation des rayonnements en les absorbant pour les convertir en une autre forme d’énergie réutilisable. Ils avaient donc non seulement un rôle protecteur mais aussi un rôle de producteur d’énergie, assez minime toutefois, mais ce n’était que bénéfique. La salle comportait également plusieurs petits appareils annexes qui permettaient de préparer l’objet avant le lancement de la procédure ou de traiter les images issues de cette dernière. La sécurité associée à chacun était variable selon la dangerosité attribuée à sa manipulation et certains de ces derniers se trouvaient donc isolés de la même façon que la structure principale par des parois, mais cette protection était moindre que celle autour de celle-ci. Et enfin, une longue rangée d’entolons fixes était adjacente à la paroi la plus éloignée de l’ensemble. Comme ils étaient éteints, il était difficile de les différencier d’un plan de travail classique car les commandes étaient directement ancrées dans la table tactile. A peine brillaient-elles un peu plus à la lumière que des surfaces en bois mais elles restaient peu distinctes.

Un entolon se trouvait juste derrière l’entrée, déjà allumé et en veille. L’absence de sa collègue lui confirma qu’elle n’était toujours pas rentrée. Cela ne l’empêcha pourtant pas de s’installer devant l’appareil. Lorsqu’il la réactiva, un clavier holographique apparut ainsi qu’un l’hologramme affichant l’image qu’ils étaient en train de traiter lorsqu’ils avaient pris leur pause. Il saisit ensuite son propre entolon portable pour le poser à plat juste à côté, sur le petit bureau accolé au mur. De l’épaisseur de trois feuilles en papier, il faisait quatre pouces sur sept et prenait ainsi presque toute la largeur de la planche. Lionel le tapota d’un doigt pour faire disparaitre l’écran de veille. Presque aussitôt, apparut à sa place le logiciel qu’ils utilisaient, et ce même cliché qu’ils traitaient s’afficha en grand. Même s’ils travaillaient surtout sur la version fixe qui correspondait au poste sur lequel le scan envoyait directement les images, ils avaient la possibilité de les récupérer sur leur propre entolon via le réseau, ce qui leur permettait notamment de travailler ensuite dans leur chambre ou ailleurs. C’était ce qu’il faisait au fur et à mesure, et il en profitait pour les classer par la même occasion, estimant que ce serait un gain de temps. Un léger tapotis et le menu s’agrandit. Il n’eut cependant pas le temps de faire quoique ce soit qu’un léger coup sur l’épaule le fit lever la tête.

– Allez, zou, c’est ma place ici, fit Mara en accompagnant ses paroles d’un geste de la tête pour lui désigner en même temps le siège juste à côté, face à son écran personnel, que la jeune femme avait décidé de lui attribuer.

Elle attacha ses cheveux en une queue de cheval haute pendant que le jeune homme se décalait, puis elle s’installa à son tour avec un soupir bienheureux, se vautrant dessus plus que ne s’y asseyant. Lionel la regarda faire, amusé, avant qu’elle ne le rappelât à l’ordre d’une voix joyeuse.

– Ok, au boulot !

Le travail fut sensiblement le même que durant les deux heures précédentes. Après tout, ils avaient presque trois jours d’images à traiter – heureusement, le travail avait débuté dans le sous-marin – et ils n’en avaient même pas fait la moitié. Le problème était aussi qu’ils ne pouvaient se partager le travail en deux pour aller deux fois plus vite, ou tout du moins sans se compliquer grandement la tâche à chacun ; ce second tri s’effectuait selon plusieurs critères bien précis et il leur fallait déjà essayer de distinguer les différentes plantes en comparant différents clichés et là-dessus, leurs compétences se complétaient.

Ils se rendirent rapidement compte que les vingt minutes de pause n’avaient pas suffi à les requinquer assez ; ils étaient déjà fatigués au bout d’un quart d’heure.

– Mince, s’il y a bien quelque chose que je n’aime pas dans mon boulot, c’est ça, râla Mara en mâchonnant, un paquet de gondres, une petite sucrerie ronde et jaune au goût légèrement acidulé mais fruité, ouvert à quelques centimètres de l’écran.

Elle pesta en maugréant lorsque son doigt glissa et lui fit faire une fausse manipulation, heureusement sans grande conséquence. Le tactile avait incontestablement de nombreux avantages mais aussi quelques inconvénients certains.

Lionel ne se priva pas d’attraper un gondre pour croquer dedans, même s’il pestait en lui-même de l’inutilité qu’il représentait. Il passa brièvement le bras par-dessus sa collègue pour cela, profitant du fait qu’elle était penchée à cet instant-là. Un grognement sourd s’éleva au constat de ce vol, mais Mara ne démontra pas davantage son envie de défendre bec et ongles sa possession, si tant est qu’elle l’avait. Le silence revint tandis que les deux jeunes gens glissaient le doigt sur l’écran, comparant les deux images pour les remettre en perspective. Le fait qu’elles fussent en 4D faisait déjà beaucoup mais n’était pas suffisant.

– Vivement qu’on ait le prochain modèle, bougonna Mara en plissant les lèvres, le menton posé sur sa main, dont le coude reposait lui-même sur le bureau. Ce ne sera pas du luxe pour ça.

Lionel soupira d’envie à ces mots. Il n’avait jamais vu les appareils permettant de prendre de tels clichés mais il rêvait d’en utiliser un jour. Ils étaient développés depuis trois ans seulement et les domaines qui l’utilisaient étaient encore très limités ; le prix était exorbitant et la fabrication encore faible. Eux espéraient bien que la situation changerait vite, même s’ils savaient que la jeunesse de leur projet les mettrait au fond de la liste d’attente.

– C’est sûr que ça nous faciliterait beaucoup les choses, se contenta-t-il de répondre en reportant son regard sur la plage orangée auréolée de gris qui lui faisait face.

Un entrelacs de tiges et de petites feuilles la composait et formait un fouillis si indescriptible qu’il leur était impossible d’évaluer ne serait-ce que le nombre de plantes différentes impliquées. Parmi elles, une fleur se détachait, ses pétales sombres distendues par le courant et aperçues de profil sur l’écran ; il s’agissait là de la seule chose qui se détachât réellement du reste.

– Et dire que ce serait tellement plus simple de les prélever directement…, marmonna-t-il d’un ton faible pour lui-même, songeant brièvement à l’algue qui barbotait dans son eau dans l’armoire de sa chambre.

Heureusement, celle-ci se portait bien et avait repris toute sa vigueur d’antan – cela n’avait même pas pris un jour. Comme quoi, l’environnement lui convenait parfaitement et elle-même n’avait pas été tant abîmée que cela durant le transfert. S’il avait hésité à récupérer d’une manière ou d’une autre un peu de roche supplémentaire pour reconstituer un socle plus convaincant, il doutait de l’utilité d’une telle chose à présent. Ce serait prendre des risques sans doute inutiles.

– Sauf qu’on n’a pas le droit et il y a des raisons pour cela, répondit automatiquement Mara, même si une part d’elle n’en pensait pas moins que lui.

Lionel lui jeta un regard en biais qu’elle ne remarqua pas. Il connaissait les arguments et n’était pas totalement convaincu par ces derniers. Après tout, sans doute qu’à l’époque, ils avaient trop reposé leurs recherches là-dessus et avaient prélevé à tout va jusqu’à se retrouver face à des conséquences désastreuses. Mais au lieu de limiter au mieux ce type de prélèvements, ils avaient décidé de les interdire jusqu’à avoir suffisamment d’informations pour être convaincus qu’ils ne porteraient préjudice à personne. Une vraie malédiction qui les limitait beaucoup. L’arrivée du modèle plus perfectionné de scan sauverait beaucoup de choses, cela dit, et leur permettrait de s’en passer un temps, effectivement ; mais elle ne serait pas disponible incessamment sous peu.

La main de Mara secoua soudain son épaule en même temps qu’elle l’appelait, et il se tourna vers elle les yeux agrandis de surprise. Cette dernière continuait pourtant de fixer l’écran, et elle pointa du doigt l’image qu’elle venait de faire apparaitre – un cliché scanigraphique, d’ailleurs. Une tranche 3D d’une plante et de son enfouissement dans le sol, laissant apparaitre un entrelacs de racines entremêlées, orangé sur fond noir.

– Eh bien quoi ? s’étonna Lionel en portant son regard vers ce dernier.

– Regarde, fit-elle alors, glissant le doigt pour montrer le trajet d’une des racines.

L’image clignota, perturbé par le geste qu’elle ne savait interpréter, mais ils l’ignorèrent, et Lionel fronça les sourcils en plissant les yeux pour se concentrer davantage sur ce qu’elle montrait. Puis il aperçut les fines racines adventives de l’algue-mousse former une sorte d’arc-de-cercle pour rejoindre la suivante et la précédente, et ainsi de suite, constata-t-il alors en éloignant le regard de cette dernière jusqu’à la périphérie de l’image, les reliant entre elles. Lionel cligna des yeux, étonné.

– Alors ce tapis serait en fait… une sorte de colonie ?

La découverte l’enthousiasma et un large sourire barra son visage. Il croisa le regard de sa collègue qui brillait de la même lueur.

– Il semblerait bien, répondit-elle, ronronnant presque. C’est génial ! Et ça devrait nous simplifier la tâche pour démêler un peu tout ça.

Cela ne le fut que très peu, en vérité, car cela ne changeait rien au désordre indescriptible que formaient l’ensemble des racines de toutes les plantes confondues. De plus, cela n’avait rien de la certitude et reposait juste une interprétation issue d’une image, mais cette impression semblait se confirmer sur les suivantes.


Texte publié par Ploum, 3 mai 2019 à 23h49
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