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tome 1, Chapitre 5 tome 1, Chapitre 5

– Tous les prélèvements ont-ils été réalisés ?

Un grésillement accompagna ces paroles tandis que son interlocuteur soupirait. Lionel attendit quelques secondes et irrémédiablement, son regard tomba sur l’algue rouge si intrigante, comme tant d’autres fois auparavant. Cette dernière se balançait doucement au rythme de l’eau contrairement à la plupart de ses semblables ; mais sa couleur légèrement plus claire, de même que sa taille un peu plus petite, lui laissaient penser que la plante était jeune.

Cela faisait déjà trois jours que durait l’expédition et il s’agissait là de leur dernière expédition sur le terrain avant la remontée. Au cours de cette période, l’intérêt de Lionel vis-à-vis de l’algue n’avait cessé de croitre jusqu’à devenir presque obsessionnel. C’en était à un point tel que plusieurs fois, lui avait pris l’envie de tendre la main pour saisir la plante et en récupérer plus qu’un simple bout, malgré qu’il eût connaissance des interdictions à ce sujet. Jusqu’à présent, il avait réussi à réfréner celle-ci d’autant plus que de toute façon, il ne savait pas comment la récupérer sans être repéré – quoique si, en fait, lorsqu’il était seul –, mais la curiosité se faisait de plus en plus forte au fil des jours. Et puis, quelle différence cela ferait-il, une plante de plus ou de moins ? Il y en avait déjà plein ici, l’impact de son absence en serait fortement diminué ! Et puis en plus d’elle, l’agencement adopté entre cette algue rouge et cette mousse orange l’intriguait : on aurait dit que l’algue était en son centre et que la mousse poussait à partir de ce point, même si c’était moins visible par la présence de nombreux grands plants. Pourquoi ? Une relation symbiotique entre les deux plantes l’expliquerait-elle ?

Il n’eut cependant pas le temps d’y réfléchir davantage car Moriss finit par répondre :

– Tout ce qui est imagerie, c’est bon normalement, que ce soit scans, photographies, imagerie par ultrasons… Les mesures d’échanges thermiques aussi, les prélèvements d’eau… Peut-être quelques calques, je ne sais pas. Kreya ?

– Quoi ?

La voix était sèche et agacée, signe que leur collègue était occupée à s’énerver sur quelque chose, quelle que fût cette chose en question. Pourtant, cela amusa plus que cela n’inquiéta ou ne rebuta le darnien. L’impatience de la theris était désormais très connue d’eux et surtout source de divertissement.

– T’en es où ?

Kreya mit du temps à répondre, juste de quoi recouvrir une voix plus neutre.

– On se prend toujours la tête sur la même carotte, on a même failli casser le matériel de prélèvement. Y en aurait pas un qui pourrait s’occuper du point restant ?

– Je veux bien essayer, se proposa automatiquement Lionel, tandis que son regard tombait une nouvelle fois sur l’algue qui n’était pourtant pas la cible en question.

Mais il avait peut-être là le prétexte pour exécuter sa hantise. Les carottes nécessitaient d’être placés dans des capsules de stase, de longs bocaux cylindriques qui assuraient une température et une pression fixes durant plusieurs heures, le temps de replacer les échantillons dans un milieu plus adéquat. Il lui faudrait sans doute la plier un peu, mais l’algue pourrait certainement être glissée à l’intérieur, surtout s’il prenait l’une des plus petites et des plus souples. Et une de plus ou de moins, ils ne verraient sans doute pas la différence ; il y en avait tellement. Il serait ensuite facile de glisser la capsule dans son sac, ce n’était pas la place qui manquait. Et le point ciblé se trouvait être en périphérie de la zone délimitée, en partie masquée par une petite butte rocheuse. Cela lui donnerait donc l’occasion de la déterrer sans être vu.

Le moment parfait.

– Ok, viens chercher les capsules dans ce cas, répondit Kreya d’un ton soulagé.

Alors que Lionel se mouvait pour la rejoindre, elle et les géologues avec lesquels elle se trouvait à quelques distances de là, Moriss reprit la parole, étonné :

– Mais donc, personne n’a pris de calques ?

– J’en ai fait quelques-uns hier, je vous en avais déjà parlé en plus, répliqua Kreya. Mais si vous n’avez rien pris de votre côté, alors oui, il faut encore faire les zones restantes.

– Ok, alors j’y vais, décréta Moriss avant de couper la communication, et ils ne surent pas ce qu’il fit par la suite.

Pendant ce temps, Lionel avait rejoint sa collègue, qui à présent lui tendait plusieurs longues capsules d’une vingtaine de centimètres de longueur – c’était plus que nécessaire mais cela l’arrangeait, même s’il était encore hésitant. Après un signe de tête en guise de remerciement, il rejoignit le premier point désigné par l’équipe de géologues et saisit l’outil pour prélever la carotte. Si ses gestes étaient précis et assurés, intérieurement il hésitait encore à mettre à exécution la pensée qu’il avait eue précédemment. Même s’il connaissait par cœur les arguments qui s’y opposaient, ils s’effritaient à mesure que le temps passait et que sa curiosité augmentait. Sa tâche exécutée, il se figea, toujours aussi partagé. Devant lui, encore une autre algue, sans doute tout aussi jeune que la première, qui se balançait au rythme du courant, tentatrice. Il essaya de contacter ses collègues mais comme ils étaient occupés, ils mirent du temps à réagir pour ne lui répondre que distraitement. Il aurait pu se rendre directement auprès de Moriss pour l’aider à faire ses calques, même si sa présence était loin d’être nécessaire – il aurait certainement fini avant que lui-même n’eût pu le rejoindre. Son inutilité le démobilisait, mais rester là n’était pas bon non plus. D’autant qu’il lui restait deux capsules vides – il lui serait si facile de…

Quelques minutes plus tard, il revint auprès de ses collègues qui s’étaient massés devant l’énorme forme rocheuse qui leur servait de repère et de lieu de ralliement. Arrivé bon dernier, il n’eut pas à assister au décompte des personnes et ils reprirent le chemin du sous-marin qui avait quitté sa cachette pour se rapprocher de leur position et leur faire gagner de précieuses minutes sur leur trajet. A peine les scientifiques chargés avec leurs précieux paquetages, le sous-marin entama sa remontée.

L’effervescence était telle que personne ne remarqua qu’une capsule manquait à l’appel, ni la précipitation avec laquelle Lionel se rendit dans sa cabine en oubliant volontairement de laisser son sac derrière lui comme il était pourtant d’usage par principe de précaution. Seul pour l’instant, il récupéra une de ses propres capsules pour y transférer son contenu en la replaçant dans les mêmes conditions que celles observées dans l’abysse – que ce fût en termes de température, de pression, d’absence de luminosité et de salinité. Il avait été étonné d’avoir réussi à la retirer de son socle si facilement, mais la dureté de la plante était telle qu’en la dégageant un peu et en la tirant, les racines principales avaient suivi, même si évidemment, elles s’étaient rompues en un endroit – chose obligée dans ces circonstances. Il était satisfait, toutefois ; il n’aurait pas mieux fait, au contraire, en se contentant de découper arbitrairement autour d’elle pour l’extraire. Ses racines auraient été taillées sur une longueur plus courte.

Il eut à peine le temps de glisser le tout sous son matelas et de s’asseoir en une position plus normale que quelqu’un pénétra à l’intérieur de la pièce. Il s’agissait de Moriss. Son visage se recouvrit de surprise puis d’inquiétude.

– Lionel ? Déjà là ? Tu ne te sentais pas bien ?

Lionel faillit se mordre la lèvre en signe de gêne mais se retint à temps, hésitant toutefois sur la version à fournir. Car il savait qu’il ne pouvait décemment pas lui dire la vérité – elle contrevenait aux ordres de leur supérieure et il doutait qu’il réagît bien à cela. Et s’il n’y avait normalement pas de caméra de surveillance dans les cabines du personnel, par contre il lui semblait qu’il y avait des enregistrements audios, et s’il n’y en avait pas ici, certainement qu’il y en avait pas loin dans les couloirs. C’était un mauvais endroit pour discuter d’une telle chose.

Quelle était la réprimande pour une telle désobéissance, déjà ?

Il haussa vaguement les épaules en réponse en songeant qu’il aurait du mal à justifier un quelconque mal-être, surtout si Moriss l’envoyait à l’infirmerie – et il n’hésiterait pas, les conditions particulières de travail le rendaient d’autant plus prudents. Enfin, pas seulement lui ; tout le monde, même lui-même. Mais en cet instant, c’était davantage agaçant et pénalisant qu’autre chose.

– Je voulais juste vérifier un truc ici. Et toi ?

– Je venais chercher un truc, marmonna Moriss, un sourcil levé, tandis que son regard tombait sur le sac détrempé.

Lionel se raidit ; il ne savait pas s’il le suspectait de mentir ou pas, surtout avec un tel objet sous les yeux.

– Qu’est-ce que ça fait là, ça ?

Le jeune homme se retint de déglutir ; s’il le faisait, cela se verrait d’office – il était assez mauvais menteur. Il s’efforça donc de se contenir, priant pour que cela fonctionnât.

– J’ai oublié de le laisser, il faudra que je le ramène effectivement.

– Effectivement, oui, répéta le darnien avant de froncer les sourcils : Mais comment as-tu pu oublier alors que tu as retiré ta combinaison ?

Remarque très pertinente, car le plus simple aurait été de le laisser tout simplement par terre. Comment justifier de l’avoir ramassé, remis sur son épaule puis oublié ? Surtout alors qu’il avait mouillé presque la moitié de sa chemise ? Heureusement que personne ne l’avait suivi suite à cela ; tous étaient trop occupés pour se soucier d’une telle chose. Personne n’aurait même réalisé si Moriss n’était pas venu à ce moment-là.

Il haussa les épaules, impuissant, et se sentit idiot. Comme il ne savait quoi répliquer d’autre, il préféra lancer distraitement :

– Je n’y ai pas prêté attention, j’étais dans mes pensées.

Sa réputation de rêveur pourrait lui servir au moins une fois, n’est-ce pas ?

– Tu es sûr que ça va ?

Loupé.

– Oui, pourquoi ?

Il se doutait que son air distrait ne jouait pas en sa faveur et que son anxiété était certainement visible. A savoir comment le darnien l’interpréterait.

Ce dernier s’approcha de lui, le visage soucieux, et le scruta quelques instants.

– Tu es plutôt pâle, constata-t-il, inquiet.

– Je suis pâle, ce n’est une surprise pour personne, répondit Lionel du tac au tac, la gorge nouée, pressé d’en finir. C’est ma couleur de peau naturelle.

Moriss demeurait pourtant perplexe.

– Je voulais dire, plus que d’habitude.

Lionel soupira.

– Je vais bien. Tu ne crois quand même pas que j’irais à l’infirmerie juste pour cela ?

Le darnien haussa un sourcil dubitatif.

– Ca pourrait expliquer ta présence ici, si tu as fait une sorte de malaise, rétorqua-t-il. Tu sais, c’est le genre de choses avec lesquelles il ne faut pas plaisanter, et se rendre à l’infirmerie pour une vérification –

– Je me porte parfaitement bien ! Ce ne serait qu’une perte de temps !

Cela dut convaincre suffisamment le darnien car il ne remit pas du tout son assertion en doute. Il hocha juste la tête avant de s’avancer dans la cabine pour se rendre auprès de sa propre couchette. Lui-même se leva pour se décaler et lui céder la place – son collègue dormait sur le lit au-dessus du sien. Mais comme il restait figé près de lui, Moriss le considéra avec suspicion.

– Tu ne vas pas au laboratoire ?

– Je suppose que je peux t’attendre quelques minutes, non ?

C’était stupide, mais la crainte que Moriss fouillât sous son matelas et trouvât les capsules avait fait jour dans son esprit et depuis, elle refusait de disparaitre. Il ne pouvait donc se résoudre à le laisser seul dans la cabine et se sentait le besoin de le surveiller. Il observa les moindres gestes de son ami qui, conscient de sa soudaine fébrilité mais incapable d’en déterminer la cause, farfouilla quelques secondes dans ses paquetages avant de se redresser. Malgré son observation insistante, Lionel ne comprit pas ce que son collègue avait fait.

– C’est bon !

Ils quittèrent ensemble la cabine. Plus la distance entre le rouquin et celle-ci s’agrandit, plus il sentait son inquiétude s’accroitre ; ne pas être capable de surveiller une éventuelle intrusion renforçait sa peur que les capsules fussent mises à jour. Il s’efforça de la faire taire et n’y parvint qu’à moitié.

Ils firent un crochet dans le sas d’embarquement pour y déposer le sac, à la surprise des rares personnes qui s’y trouvaient encore, avant de se rendre dans le laboratoire. Le sous-marin ne comprenait que trois salles pour leur permettre de lancer les expériences sur les échantillons les plus sensibles – ceux pour lesquels la remontée, même dans les capsules, ne seraient sans doute pas appréciées, ou lorsqu’ils avaient peur que le temps passé ne modifiât les échantillons par la prolifération d’une espèce par exemple – et de manière générale sur le reste lorsque la plongée durait plusieurs jours. Les trois jours annoncés n’étaient que le temps passé dans les fonds et ne comptaient donc pas les temps de trajet aller-et-retour. De ce fait, plusieurs analyses avaient déjà été lancées, celles qui concernaient l’étude des microorganismes notamment, et des études préliminaires ou témoins pour s’exempter du stress possiblement occasionné par la remontée. Cela représentait déjà un travail conséquent mais ce n’était qu’une goutte d’eau comparé à tout ce qu’il leur resterait ensuite à accomplir. Tout cela allait bien au-delà des capacités des salles expérimentales du sous-marin et du temps qu’il leur restait ; ils auraient encore de quoi les occuper pendant de nombreux jours dans le complexe. Surtout que n’ayant aucune connaissance au sujet de cette flore inédite, il leur faudrait tout d’abord trier tout cela sans aucun élément de comparaison.

Ils entrèrent dans celle qui leur avait été officiellement attribuée et y retrouvèrent Kreya occupée à sortir précautionneusement une carotte de sa capsule, les mains recouvertes de gants en téphine stériles pour éviter de contaminer l’échantillon. Untrill était à quelques pas et s’occupait de prélèvements d’eau et près d’eux, de nombreux échantillons étaient encore dans leurs contenants d’origine. Mara et Valène demeuraient invisibles, absentes de la pièce ; étant toutes deux techniciennes de recherche analystes spécialisées en imagerie, elles avaient la lourde tâche de réaliser un premier tri de la banque d’images obtenues durant ces trois jours, ce qui représentait une quantité phénomènale. De ce fait, elles se trouvaient dans l’une des deux autres salles, là où il était possible de les afficher et de les traiter.

Habituellement, cette vue seule aurait suffi à susciter un élan d’excitation chez lui ; à l’instant, il redoutait surtout que quelqu’un ne débarquât suite à la découverte de l’algue qu’il avait prélevée dans la cabine et cela refroidissait son enthousiasme. Il se plaça près d’Untrill et récupéra des gants en téphine dont il revêtit ses mains avant de se mettre lui-même au travail dans un silence qu’il jugeait pesant, du fait de sa propre angoisse. Mais les minutes s’égrenèrent et celle-ci finit par diminuer jusqu’à disparaitre, et de la même façon il oublia l’espace de quelques heures l’algue qui reposait tranquillement à quelques couloirs de lui.

oOo

D’une main tremblante, il souleva légèrement le matelas et glissa son autre main en-dessous, jusqu’à buter contre la paroi métallique et froide de la capsule qu’il saisit ensuite pleinement, rassuré. Il la sortit brièvement juste pour y jeter un coup d’œil et vérifier que tout allait bien. Le bref passage de Bérénice dans le laboratoire l’avait inquiété mais elle n’avait pas particulièrement prêté attention à lui, pas plus qu’à ses autres collègues ; elle était juste venue observer s’ils éprouvaient quelques difficultés à la mise en œuvre de leurs études. Cependant, elle avait noté sa pâleur et son attitude renfermée, tout comme Moriss ; ça avait été court mais elle l’avait vivement incité à se rendre à l’infirmerie dans la journée, par précaution. Il s’y était plié de mauvaise grâce en fin de journée, juste avant de se rendre là ; évidemment, le médecin de garde n’avait relevé aucune anomalie clinique. Cela ne l’avait pas empêché de lui prélever du sang pour une analyse, toujours en cours.

Il remit la capsule en place et s’assit sur son lit pour plonger son visage entre ses mains avec un soupir. Le retour au Complexe était imminent et l’essentiel des prélèvements avait déjà été placé dans des caissons adaptés pour le transfert et les premières données stockées. Seules les expériences sur le point de se terminer étaient encore en cours, expliquant que certains chercheurs eussent déjà tout rangé et d’autres non. Pour lui, il ne restait plus qu’à attendre ; ils évitaient de lancer d’autres expériences de crainte qu’elles ne fussent pas finies avant le temps imparti. Toutefois, ses pensées restaient occupées par l’examen médical auquel le médecin souhaitait le soumettre à la surface, ce qui ne l’arrangeait pas du tout. Comment allait-il donc transporter la capsule et son algue jusque dans son logement sans éveiller la suspicion ?

Il n’y avait plus qu’à espérer qu’ils ne fissent pas attention à la présence de sac au centre de soins, à défaut d’y être interdits…

oOo

Lionel se frotta la tempe tandis que la porte se refermait derrière lui et serra inconsciemment son paquetage contre lui. Il avait simulé un mal de tête pour justifier son retour un peu précoce dans leurs appartements mais à présent, une douleur commençait véritablement à lui vriller le crâne. Son propre malaise depuis la remontée du sous-marin aurait-il engendré cette migraine ?

Il quitta sa position statique pour traverser la salle commune et se diriger vers sa propre chambre. L’organisation des bâtiments était sommaire et privilégiait l’aspect pratique : le rez-de-chaussée contenait les différentes salles de travail de l’équipe tandis que l’étage était essentiellement occupé par celle-ci – pas complètement puisqu’ils n’en occupaient finalement que deux logements. L’étage en comportait quatre, fournissant ainsi seize places, ainsi qu’une petite salle de réunion. Il était donc vide pour l’essentiel. Chaque logement était organisé de la même façon : ses quatre locataires partageaient la salle commune qui faisait surtout office de salon, tandis que les chambres, elles, étaient individuelles, et comprenaient chacune leur propre salle d’eau avec toilettes et même un petit frigo. Ce dernier point permettait d’assurer aux habitants une relative intimité à défaut d’autonomie.

Et dans son cas, cela l’arrangeait parfaitement.

Il referma la porte derrière lui et posa précautionneusement son sac sur son lit avant d’en faire le tour pour atteindre son armoire. Il avait eu de la chance ; aucun des médecins ou des infirmiers n’avait prêté la moindre attention à ses affaires qu’il avait toujours conservées près de lui. Un souci en moins, mais il devait se préoccuper d’un autre et le traiter avec urgence. Les capsules n’étaient que des milieux transitoires qui ne pouvaient assurer le maintien en état d’un échantillon – ou d’une plante, ici – sur le long terme. Il lui fallait donc transférer l’algue dans un aquarium spécifique qui lui permît de recréer les conditions de vie de la plante et d’assurer plus que sa survie. Le crochet au centre médical avait été une perte de temps et l’avait assuré de la normalité de ses analytes, et il espérait que ce ne serait pas préjudiciable à sa plante nouvellement acquise.

Comme beaucoup de passionnés, il possédait le matériel nécessaire, même si cela avait représenté un investissement conséquent qui avait entrainé derrière de lourdes privations de par sa précédente situation. Il était évidemment passé par une phase de doute concernant l’utilité d’une telle chose mais se félicitait à présent de son initiative.

Il s’empressa de recréer le milieu adéquat dans l’aquarium vide, glissant un peu de sol rocheux recueilli sur place avant d’ajuster les différents paramètres environnementaux, car il lui fallait en plus attendre qu’ils fussent effectifs avant d’y implanter l’algue rouge. Il profita de ce temps pour caler l’objet de sorte à le garder hors de vue d’un potentiel invité, ce qui lui prit un certain temps puisqu’il était de taille conséquente et que ses gestes étaient lents pour ne pas perturber les changements du milieu. Lorsqu’il eût fini, les réglages s’étaient également achevés. Il sortit la plante de sa capsule et grimaça à la légère mollesse dont elle était affectée ; s’était-elle brisée durant son séjour à l’intérieur ? Pourtant, en l’observant, il n’apercevait aucune brisure. Quelque chose l’avait stressée ou qu’elle n’avait pas apprécié ? L’avait-il mal récupéré, et ne serait-elle à présent qu’une simple plante coupée et morte ou à l’agonie ? Il revêtit des gants spéciaux qui lui permettaient de plonger ses mains dans l’eau malgré la pression extraordinaire qui y régnait désormais, il la plaça malgré tout dans le bassin, glissant ses racines entre les morceaux de roche et priant pour que ce ne fût pas le cas. Après tout, peut-être regagnerait-elle en vigueur. Il espéra également que le sol ne jouait pas un rôle considérable dans son métabolisme, vu la faiblesse de ce dernier. Mais c’était tout ce que Lionel était en mesure de lui offrir pour le moment.

Les bruits dans le salon ne le firent se poser davantage de questions. Une fois le tout installé, il ferma la porte derrière lui, plongeant le bassin dans l’obscurité.


Texte publié par Ploum, 18 mars 2019 à 11h51
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