Le lendemain Niko était d’humeur plus légère et repris ses habitudes, à savoir parler des joyaux et des inscriptions pendant que Doriane l’écoutait. Les deux voyageurs et Becky, qui semblait piaffer d’impatience elle aussi, avaient rejoint la route principale menant à Eiréné. Ils gravissaient l’une des six collines entourant la ville. Une fois le sommet atteint, les deux voyageurs purent enfin voir Eiréné. Doriane tandis la main vers la ville et expliqua :
- Chaque colline symbolise une des Cités de la péninsule de Pax. Nous sommes sur Aquilée, puis vient Campanne, Mezio, Sérène, Torin, et Vendia. La ville a été construite en contre bas là où le fleuve d’Oxis est le plus large. Comme tu peux le voir il y a sept îles. Chaque île est un quartier de Pax et accueille l’ambassade d’une des cités. Au centre, la plus grande des îles est celle qui accueille les maisons des confréries comme les messagers ou les faiseurs, mais aussi le Palais du Régisseur. C’est là que se trouve mon père et c’est donc là que nous allons.
Niko hocha la tête en admirant la ville.
- Quel et son rôle dans tous ça ? demanda t’il.
- Le Régisseur ? Il est désigné par le conseil des six qui réunit les dirigeants de chaque Cité. Il est chargé de s’occuper des affaires courantes de la ville d’Eiréné, qui n’est pas une vraie Cité mais est considéré comme appartenant à toutes les Cités. Il a également pour rôle d’assurer le bon fonctionnement des confréries et donc, d’une certaine façon, de toutes les cités.
- Eh bien, ton père est quelqu’un d’important !
La jeune femme se sentit gênée.
- Il est important, mais il n’a pas beaucoup de pouvoir. Dans les différents quartiers de la ville, à part celui du Palais, ce sont les Cités qui font la police. Il a le droit d’assister aux réunions des six, mais il n’a pas le droit de voter. Parfois il sert de médiateur ou d’arbitre, mais son rôle se limite à ça. Pour le moment il a quand même réussi à éviter plusieurs guerres dans la péninsule de Pax.
- C’est déjà très important je trouve ! Répondit Niko accompagnait par un couac sonore de Becky.
Les deux voyageurs se tournèrent vers l’oiseau-golem qui se contenta de secouer la tête.
- Par contre, repris Niko avec un air gêné, tu as parlé de la péninsule de Pax … qu’il y a-t-il au de là ? Quand tu parles des Cités, de la péninsule … je me sens étranger à tout ça ! Peut-être est-ce car je viens d’ailleurs, un lieu qui n’est pas dans la péninsule ?Ca pourrait expliquer beaucoup de choses, tu ne crois pas ?
Becky stoppa sa marche et réfléchit.
- A ma connaissance la confrérie des explorateurs a lancé des expéditions pour sortir de la péninsule. Mais les montagnes du Septentrion sont impossibles à traverser par voie terrestre. Très vite la montagne devient trop escarpées et de véritables monstruosités y vivent et s’en prennent aux voyageurs. Ils ont tentés de passer par la mer, mais les survivants ont décrits des monstres marins et des tempêtes phénoménales. Toutes les autres expéditions maritimes vers l’Est ou l’Ouest n’ont jamais rien donné non plus … Comme la péninsule subvient à tous nos besoins et est assez grandes pour nous … eh bien nous nous sommes sans doute résignés. Mais si tu veux, nous pourrons passer à la confrérie des explorateurs. Ils t’en diront beaucoup plus que moi. Mais on nous dit à l’école que quand les Premiers marchaient parmi nous, ils nous appris que nous étions ceux qu’ils avaient pu sauver.
- Ceux qu’ils avaient pu sauver ? Et qui sont ces Premiers dont tu me parles ?
- Je n’en sais pas plus. C’est une vieille histoire que racontent les professeurs à l’école ou encore les vieux à leurs petits-enfants. Il y a plus cinq cents ans, les Premiers marchaient parmi nous. Ce n’était pas des humains, mais une race très différente de nous. Selon la légende, ils ont toujours refusaient d’être vénérés comme des dieux, alors qu’ils en avaient tous les pouvoirs. C’est aux qui ont façonnés la péninsule de Pax. C’est eux qui ont créé notre mode fonctionnement, les Cités, Eiréné … enfin tous ce que nous avons ! Ils nous ont même enseignés l’art des joyaux ! Nous leurs devons tous.
- Que sont-ils devenus ces Premiers et de quoi vous avez t’ils sauvés?
- Ils sont partis … répondit Doriane. On nous apprend qu’un jour ils décidèrent que nous étions suffisamment vieux pour veiller sur nous même, alors ils se sont retirés de notre monde pour nous laisser maitre de notre destin. Pour ce qui est du sauvetage … même Hector n’a jamais pu me répondre sur le sujet. Mais si cela t’intéresse, nous pourrons également aller consulter la confrérie des Premiers, qui a été chargées de conserver toutes les traces que nous avions d’eux et de leur passage.
- C’est toi qui connais les lieux ! Répondit l’étranger.
L’oiseau-golem s’ébroua, comme pour signifier son mécontentement.
- Oui, tu les connais aussi Becky. Mais je ne pense pas que tu puisses me présenter qui que ce soit, ou alors très difficilement, répliqua Niko.
Becky le fixa de ses grands yeux en verres. Puis repris sa marche derrière Doriane comme si de rien n’était.
Les voyageurs arrivèrent en vue d’un pont gardés par quatre hommes armés de lances. Ils portaient tous les quatre un plastron en acier reposant sur une tunique simple et un casque conique surmonté de plumes. La seule différence entre ces quatre soldats résidait dans les couleurs des tuniques et des plumes. Deux arboraient du rouge et du blanc, alors que les deux autres portaient du vert et du jaune.
- Les rouge et blanc sont des soldats d’Aquilée, les deux autres viennent de Campanne. Chaque Cité possède ses couleurs. Il y a plusieurs entrées pour Eiréné. Ce pont nous permettra d’aller à l’île centrale au plus vite.
Le groupe se rapprocha du pont. D’autres voyageurs passaient devant le regard morne des soldats. L’un des gardiens, portant les couleurs de Campanne, tandis le doigt vers Doriane. Ce geste éveilla l’interet des soldats qui s’avancèrent devant les voyageurs.
- Qu’avons-nous là ? Demanda crânement le soldat. Une petite sans-Cité qui ramène d’autres chiens errants avec elle.
Doraine serra les points et tenta de continuer sa route, mais les autres soldats l’en empêchèrent.
- Mais voyons, demanda le soldat sur le même ton, tu ne dis pas bonjour ?
- Que me veux-tu Venturi ? demanda sèchement la jeune femme.
Le soldat fit un clin d’œil à ses amis.
- Moi ? Mais rien voyons ! Je ne fais que mon travail ! Mon travail consiste à empêcher les étrangers de pénétrer dans Eiréné et devant moi je vois juste de simples vagabond sans-Cité !
Les autres soldats explosèrent de rire. La messagère inspira profondément. Elle savait qu’elle s’exposait à des représailles mais elle en avait assez.
- On se connait depuis l’enfance Venturi. Tu veux que je dise à tes amis combien de fois je t’ai botté les fesses ? La dernière s’était quand tu as voulu devenir messager … si je me souviens bien c’est moi qui ai eu le poste, malgré tes pleurs auprès de ton père !
Le soldat devint rouge de colère. Il jeta violemment sa lance au sol et sortit son épée en attrapant la jeune femme par le col de son manteau.
- Vulgaire chienne sans-Cité, je vais te faire payer ton injure ! Tu vas …
Venturi ne finit jamais sa phrase. Niko s’était avancer tranquillement vers lui et avait saisil’épée. Il y eu un échange de regard entre les deux hommes puis l’arme se brisa net. Doriane vit un sourire sur le visage de Niko et l’incompréhension sur celui du soldat. Son compagnon de voyage leva ensuite bien haut ses mains, et la jeune femme ressentit une onde de choc qui envoya le soldat rouler à plusieurs mètres de là.
- Votre ami a des problèmes d’équilibre … dit Niko en regardant les autres soldats qui braquaient leur lance vers lui. Vous devriez aller l’aider pendant que nous continuons notre chemin. Nous sommes en retard … très en retard même et je ne pense pas avoir le temps d’attendre que l’on envoie des gens pour vous remplacer si ils vous arrivez un malheur.
Les trois hommes regardèrent Niko sans ciller puis Venturi qui gisait assommé non loin de là. Comprenant parfaitement l’allusion du voyageur, ils s’écartèrent et partirent aider leur confrère.
- Nous pouvons continuer, dit Niko en se tournant vers Doriane, tu étais en train de me parler de la péninsule de Pax je crois.
Niko continua son chemin, suivis par Becky, sans prêter attention aux soldats ou aux passants qui le regardait médusés. Doriane courut pour le rattraper.
- Niko … commença-t-elle.
- Je suis désolé, la coupa t’il. Je sais que tu es capable de te défendre. Mais si je sais aussi une chose sur moi c’est que je n’aime pas les idiots et l’injustice … j’ai réagis de façon impulsive et j’ai flanqué à ce gars la correction qu’il méritait. Je sais très bien que tu aurais pu le faire sans moi … mais que veux-tu ? je n’ai pas pu m’en empêcher.
La jeune femme fut stupéfaite par sa réponse.
- Non Niko … ce n’est pas ça …
- Oui je suis conscient que je viens de te créer des problèmes, et à moi aussi. Mais je ne pouvais pas rester les bras croisés quand même ? Reprit-il sans l’entendre.
- Niko …
- Je me suis dit qu’on me prendrait pour un manieur de joyau et que cette confrérie, d’après ce que tu m’en as dit, devait être assez puissante pour m’éviter de petits problèmes avec des gardes.
- Niko…
- J’ai essayé de me contenir mais …
- Niko ! Hurla Doriane.
Son cri fit se retourner plusieurs passants mais au moins Niko s’était tue.
- Niko … recommença la jeune en baissant les yeux. Je voulais te dire merci. Merci d’avoir pris ma défense comme ça.
L’étranger la dévisagea longuement puis sourit.
- De rien Doriane. J’espère juste ne pas avoir créé trop de gros problèmes.
La jeune femme réfléchit en reprenant sa marche.
- Le père de Venturi, Hippol, est le chef des gardes de Campanne. On peut être sûr qu’il va se plaindre à lui de sa mésaventure. Mais Hippol est un homme fier, il ne voudra pas que la ville sache que son fils a été mis à terre par un inconnu … il ne devrait donc rien dire. Mais on peut être sûr que Venturi va se venger.
- Alors tu peux être sûr que je lui collerai une nouvelle raclée, répondit
Niko. Pour le moment j’ai été très gentil avec lui. Il finira par comprendre à force de se rouler par terre.
Becky ponctua cette remarque d’un hochement de tête appréciateur qui fit rire Niko. Doriane sourit également.
- Accélérons le pas. Le pont nous mène jusqu’à l’île du Palais, essayons de ne plus perdre de temps.
- Oui chef ! Lui répondit l’étranger en effectuant un salut comique, imité par l’oiseau-golem.
La jeune femme leva les yeux au ciel et reprit son chemin vers l’île du palais.
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