C’est le crépitement et la chaleur d’un feu qui réveillèrent Doriane. Elle se trouvait allongé près d’un feu dans la forêt, son manteau en guise de couverture. Sa tête reposait sur sa selle. Pesant immédiatement à l’explosion des joyaux-cœurs. Elle fit un inventaire rapide de ses membres, de ses doigts puis porta ses mains vers son visage pour y chercher d’éventuelles blessures. Elle avait l’air indemne.
Elle pensa alors à ses missives et se précipita sur le compartiment secret de sa selle. Tout y étais, les bandits n’avaient rien pu prendre.
- Il doit rester un peu de lapin grillé si tu veux, dit calmement une voie depuis l’autre côté du feu. Par contre je n’ai jamais été un bon cuisinier et je pense bien que je l’ai brûlé !
Il s’agissait du faux messager. Il était assis face à elle dans son uniforme de contrefaçon. Il avait noué ses cheveux bruns avec une lanière de cuir, cela faisait ressortir son visage aux traits coupés aux couteaux et ses yeux noirs de jais.
Il lui indiqua un pic de bois portant un bout de viande bien trop cuite d’un hochement de tête.
Mais Doriane n’y prêta pas attention car le nouveau venu était adossé à Becky. Sa Becky ! Les oiseaux-golems étaient liés à leur maitre par l’intermédiaire des joyaux-cœurs et de bracelets spéciaux remis uniquement par les faiseurs au service su Régisseur. Les oiseaux-golems ne se laissaient donc jamais approché par des étrangers, qui plus est ne portant pas ce précieux totem. Plus que cela, les oiseaux-golems ne laissaient personne, pas même les messagers, s’adosser sur eux !
L’inconnu dû prendre son absence de réponses pour de l’hésitation et éclata de rire.
- Oui, je sais ce n’est pas très avenant ! Mais comme je te le disais, ce n’est pas mon fort !
Il reprit avec un air penaud.
- C’est aussi pour me faire pardonner … J’avais une telle migraine que je n’ai pas trop fait attention à ce que je faisais. A vrai dire, j’allais t’expédier au loin, comme ces hommes qui t’ont attaquée, mais le golem m’en a empêché !
Un bruit métallique surgit de la gueule de Becky. Un son que Doriane n’avait jamais entendu. L’étranger se tourna vers l’oiseau-golem et hocha la tête.
- Oui, d’accords je suis désolé ! Tu te nommes Becky ! J’ai compris ! Tu peux te calmer ! Mais tu dois tout de même admettre qu’un golem avec un nom ça ne se voit pas tous les jours !
Un nouveau bruit, différent du premier se fit entendre.
- Certes ce n’est pas une raison pour te traiter comme un vulgaire oiseau-golem ! Mais je dois aussi te rappeler que l’imbécile qui a retranscrit ça sur ton joyau-cœur l’a fait comme un débutant ! C’était tellement bourré de fautes et d’incohérence que toi-même tu dits avoir eu des problèmes … Tu pourrais au moins me remercier d’avoir réparé ça espèce de golem ingrat !
Becky secoua la tête et la posa au sol comme pour faire semblant de dormir.
- Mais que se passe t’il ici ? demanda Doriane complètement abasourdi par la scène surréaliste qui venait de se jouer devant elle.
Tout en fixant l’étranger, la jeune femme essaya de mettre la main sur le manche d’un couteau qu’elle cachait dans botte. L’homme ne tenait pas son joyau-vent, l’une condition indispensable pour se servir des pouvoirs de la pierre. Même si il était un manieur exceptionnel, il était désarmé sans son joyau.
Le faux messager leva un sourcil interrogateur sans rien voir de sa manœuvre.
- Comment cela : Que se passe-t-il ? Je parlais à ton golem des problèmes de son joyau-cœur et du fait que je la trouvais ingrate de ne pas me dire merci de les avoir réglés.
Un nouveau couac métallique monta de Becky.
- Eh bien voilà ! Ca ne coutait pas grand-chose non ? dit-il en se tournant vers le golem.
Doriane saisi sa chance. Elle se jeta sur l’inconnu pour le plaquer au sol, puis lui plaça son couteau sous la gorge.
La jeune femme planta ses yeux dans ceux de l’étranger mais ne lut pas de la peur dans son regard, ni même de la surprise.
- Vous savez, entama-t-il, j’apprécie beaucoup ce genre d’effusions mais, tout comme pour votre golem, un simple merci aurait suffi ! Vous n’étiez pas obliger de vous jeter dans mes bras !
Doriane fut prise au dépourvu par cette réplique inattendue. L’homme enchaîna.
- Non, sincèrement je suis flatté … mais nous nous connaissons à peine …
- Tais-toi ! Le coupa sèchement Doriane ! Ou sinon …
- Sinon quoi ?
- Sinon c’est mon couteau que tu vas un peu mieux connaitre !
- Un couteau ? demanda l’étranger sincèrement surpris. De quoi parlez-vous jeune demoiselle ?
La jeune femme baissa les yeux vers son arme et retint un hoquet de surprise. La lame de son couteau était en train de s’évaporer comme si elle avait était faite avec de la brume. Doriane recula en lâchant le manche devenu inutile. Le faux messager en profita pour se rassoir contre l’oiseau-golem.
Doriane avait déjà vu de tel phénomène. Certains manieurs de joyaux avaient des affinités avec le métal. Ils étaient employés dans les forges ou la construction de bâtiment pour ramollir les pièces métalliques afin de les former plus rapidement.
Mais réussir à concentrer son joyau sur une si petite lame demandait un talent considérable. De plus l’étranger avait déjà démontré qu’il était capable d’employer un joyau-vent. Les manieurs de joyaux, ceux capable de tirer la force des pierres précieuse portant les inscriptions directement, sans passer par l’intermédiaire d’un objet-golem, étaient extrêmement rare. Mais un manieur de joyau utilisant plusieurs types d’éléments … cela était tout bonnement impossible ! Tout le monde le savait. Mais même en admettant qu’il en était capable, où diable avait-il caché ses pierres ?
- Si tu es calmée, reprit l’étranger en soupirant, il reste toujours de la viande à manger. Tu sais, si j’avais voulue te faire du mal … eh bien ce serait déjà fait ! Mais, premièrement je n’ai pas la moindre raison de te faire du mal et deuxièmement, je pense que ton oiseau m’en empêcherait de façon assez déplaisante pour moi ! Alors autant faire la paix non ?
La messagère dû reconnaitre, non sans mal, que les propos de l’inconnu était frappé du sceau du bon sens. Elle décida donc de ne plus rien tenter sans en savoir plus. Elle se rapprocha de l’homme et lui tendit la main.
- Doriane, compagnon-messager d’Eiréné, orpheline de Cité, dit-elle en grimaçant sur ces derniers motset en attendant le changement d’attitude de l’inconnu.
Mais ce dernier saisit la main de la jeune femme.
- Eh bien enchanté chère Doriane ! Je me présenterai bien à mon tour avec autant de détail que toi mais j’en suis incapable …
Sentant une question de la jeune femme arrivait, il leva les mains et reprit.
- Ni vois aucune malice. Mais je me rappelle juste avoir eu un accident. Je suis tombé de très haut et j’ai dû mal retomber … ton golem pense que mon mal de tête provient de là. Mais à part ça je ne me rappelle de rien.
Doriane décida de jouer le jeu. Cela ne lui coûtait rien d’entrer dans le mensonge de l’inconnu. Il serait grand temps de le confondre plus tard, à Eriréné, où son père possédait un joyau-vérité.
- Tu n’as donc pas de souvenirs de ton nom ou de ta Cité ?
- Je crois me rappeler que mon nom est en rapport avec les habits que je porte, répondit-il en regardant ses manches, mais je n’en sais pas plus. Par contre le terme de cité ne me dit absolument rien …
- C’est pourtant le plus important ! S’exclama Doriane. La Cité est ce qui nous définir, plus que notre nom ! Tout le monde est originaire de quelque part !
- Mais tu viens de te présenter en te nommant orpheline de Cité …
- Presque tout le monde est originaire de quelque part … se corrigea Doriane en soupirant. Mon cas est particulier, j’ai été abandonné par mes parents et recueilli. Selon nos lois je n’ai pas de Cité et mon père adoptif ne peut pas me donner la sienne.
L’inconnu se gratta le visage en affichant une mine pensive.
- Je ne sais peut-être plus qui je suis, mais je sais quand j’entends des choses absolument stupide … et là ça dépasse même mon imagination !
- Eh bien ce sont nos lois ! Rétorqua sèchement Doriane.
Le faux messager haussa les épaules en souriant.
- Mais puisque tu parlais de tes vêtements … reprit la jeune femme. Tu sais surement qu’il est illégal de porter un uniforme de messager sans être messager sois même ! En plus ton uniforme est clairement un faux … mais ceux des grand maitres-messagers ne comportent pas autant d’arabesques et de dorures.
- Moi je les trouve belles … dit l’homme en regardant ses manches.
L’homme avait l’air sincère. Mais les plus grands menteurs avaient l’air également sincère en proférant les pires mensonges. Doriane ne devait pas oublier ce qu’elle avait vu des capacités de l’homme devant elle. Il fallait qu’elle le ramène à Eiréné et qu’Hector et son père l’interroge.
Becky fit entendre un couac étrange qui fit se tournait brusquement l’étranger vers elle.
- Je ne te permets pas de te moquer de moi ! C’est quand même un comble cette histoire ! Mais maintenant que je vois ton maitre, je comprends mieux ton insolence.
Un grincement répondit à cette assertion. Le bruit fit éclatait de rire l’homme face à Doriane.
- Oui tu m’avais prévenu, mais c’est quand même quelque chose !
- Mais à qui parles-tu à la fin ? S’emporta Doriane.
L’homme la dévisagea, mais le plus gênant fut la tête de Becky qui se tourna vers elle et l’observa aussi.
- Je parle à Becky ! A qui veux-tu que je parle ? répondit l’homme accompagné d’un couac sonore provenant de Becky.
- Mais les oiseaux-golems ne parlent pas !
De nouveaux l’oiseau-golem et l’étranger la regardèrent sans ciller. La jeune femme avait l’impression dérangeante d’être la victime d’une mauvaise blague entre l’homme et son oiseau-golem.
L’inconnu soupira puis reprit calmement.
- Les oiseaux-golems sont différents des objets-golem, comme les armes de tes agresseurs. Je veux dire leur joyau-cœur est différent. Les inscriptions dessus des armes ne font que transférer des propriétés physiques aux objets, alors que celles des animaux-golems permettent de donner la vie.
Il se leva et alla tapoter le joyau-cœur de Becky.
- Après tout est une question de syntaxe !
- Mais de qui parles-tu ? répondis Doriane, complètement perdue.
L’étranger suivit du doigt les inscriptions sur le joyau-cœur.
- Les inscriptions sur les joyaux forment un texte et c’est lui qui, d’une certaine façon, décris ce que doit faire la pierre. Mais sur ton oiseau-golem il y avait une erreur … quelqu’un avait voulu inclure le nom « Becky » dans les inscriptions du golem, c’était d’ailleurs un ajout récent. Mais nommer un golem est une entreprise délicate ! La personne a commis des erreurs de calculs et a fait des fautes de syntaxes dans ses inscriptions. Je suis prêt a parié que ta monture avait des défauts de fonctionnement depuis cet ajout.
Comment cet étranger pouvait-il en savoir autant ? Pour le peu que la jeune connaissait de l’art des faiseurs, tout ce que disait l’inconnu était exacte, sauf qu’elle n’avait demandé à personne d’inclure le nom de Becky.
C’est à cet instant qu’elle repensa à Hector. Le vieil homme avait gardé longtemps le joyau-cœur de Becky et elle l’avait vu travailler les inscriptions dessus. Même si il réprouvait le fait de donner un nom à un animal-golem, il avait dû essayer de faire un cadeau à la jeune femme.
- Comment peux-tu savoir autant de choses à ce sujet ? demanda Doriane.
L’autre haussa les épaules.
- Je le sais, c’est tout. Cela me parait évident en fait.
- Cela ne répond toujours pas à ma question sur la parole.
- J’allais y venir ! Quand la personne qui a fait ce changement a travaillé, il a essayait de bien faire les choses, enfin de son point de vue. Il a donc ajouté à la suite des inscriptions toutes ces idées autour du nom du golem. Mais en le faisant il a perturbé l’équilibre du golem car il a employé des termes réservé aux humains. Ce dernier ne savait plus s’il était un simple oiseau ou une personne nommée Becky. Bref quand je t’ai trouvé, j’ai vu que ton oiseau-golem avait des soucis. J’ai donc effacé son joyau pour réécrire les inscriptions depuis le début, ce qui aurai dû être fait depuis le début. Je me suis douté que l’on souhaitait nommer ce golem Becky, je me suis donc concentré là-dessus.
Les faiseurs étaient encore moins nombreux que les manieurs de joyau. Ils avaient une affinité avec les pierres précieuses et pouvaient donc graver les inscriptions dessus sans aucun outils. C’était le seul moyen d’obtenir un joyau-cœur.
L’oiseau tourna la tête vers l’étranger et la secoua. Ce dernier lui tapota gentiment le dessus du crâne.
- Maintenant Becky sait qui elle est et n’a plus de soucis. Ton oiseau-golem est maintenant un être vivant à part entière et plus un vulgaire objet. Elle peut donc tout à fait communiquer. Son joyau-cœur vibre et que ce sont ces vibrations qui forment son langage. Ces vibrations provoquent les bruits métalliques que tu entends. C’est parfois rudimentaire mais ça reste compréhensible !
L’oiseau émis un nouveau bruit.
- Bon c’est aussi parfois très vulgaire ! ajouta l’inconnu en se renfrognant. Essayes de lui parler tu verras.
Incrédule la jeune femme se rapprocha de l’oiseau-golem.
- Becky, viens me voir !
L’oiseau-golem se leva en manquant de faire tomber l’étranger et s’approcha de Doriane. Becky regarda la jaune femme en mettant sa tête sur le côté, comme si elle écoutait. Jamais son oiseau n’avait fait ça auparavant !
- Becky lève la pâte droite !
L’oiseau s’exécuta et se mis en équilibre sur une seule patte. Becky regardait Doriane semblant dire « bon est-ce que je peux arrêter de faire la pitre maintenant ? ». La jeune femme devait reconnaitre que l’homme avait fait un petit miracle. Elle devait absolument le ramener à Eiréné. Il fallait le convaincre, car une personne aussi puissante pouvait aisément se débarrasser d’elle.
- Merci Becky, dit-elle en lui flattant l’encolure.
- L’avantage, poursuivit l’étranger, c’est aussi que ce genre de golem ne peut pas mentir. J'ai donc écouté son histoire attentivement et j’ai décidé de t’aider. J’ai projeté les bandits à l’autre bout de la forêt après les avoir mis hors d’état de nuire. Je ne me rappelle pas grand-chose mais utiliser des joyaux pour faire des armes m’a toujours dégouté, ça c’est une certitude !
La jeune femme réfléchit à toute vitesse.
- Eiréné n’est plus très loin, tu devrais venir avec nous. On pourrait t’y aider ! Tu as beaucoup de connaissances sur les joyaux, le maitre-faiseur Hector doit savoir qui tu es ! Il est l’un des plus grands faiseurs des Cités, et vous ne devez pas être nombreux à avoir autant de connaissances.
L’étranger réfléchit un instant.
- Ce n’est pas comme si j’avais grand choses à faire de toute façon … effectivement si cet Hector est ce que tu dits, alors peut être pourra t’il m’aider à retrouver la mémoire. Nous avons donc un marché, en route pour Eiréné !
- Avant cela, enchaina Doriane, tu dois vraiment faire ce que je t’ai dit au sujet de tex vêtements … nous allons avoir des problèmes.
L’homme regarda ses habits en grimaçant.
- Je les trouve pourtant très beaux et saillants ! Mais bon, je ne vais pas ta causer d’ennuis. Je vais les enlever pour l’instant ! Mais je ne vais pas m’en débarrasser !
Doriane leva les yeux au ciel.
- Ecoute, si on nous interroge je vais devoir te présenter. Comprends bien que c’est très important chez nous. Donc tu seras Niko de la Cité d’Aquilé. C’est un prénom très rependue la bas et leurs habitants te ressemble un peu : mat de peau et des cheveux brun mi long. Tu diras que tu es là pour des problèmes de droits de propriétés inter-cités. Personne ne se posera de question, des gens de toutes origines et de tout âge viennent à Eiréné pour demander l’aide des avocats qui y vivent. Ce sont les seuls qui connaissent le droit de toutes les Cités.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2780 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |