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tome 1, Chapitre 2 « Jiyu » tome 1, Chapitre 2

Jiyu

Les hautes herbes de la plaine filaient à grande vitesse autour et en dessous de lui. Le vent se prenait dans ses cheveux et ses vêtements de façon insolente, mais sans pour autant le déranger ou le déséquilibrer.

Une légère inclinaison de la part du jeune homme et la planche magnétique collée à ses pieds prenait de la vitesse.

Comme si rien ne pouvait l'en empêcher.

Comme s'il était libre.

Comme si...

Des ordres se firent entendre au lointain.

Beaucoup trop loin pour être une menace concrète.

Un début de forêt commença à apparaître à quelques centaines de mètres et la distance fut rapidement parcourue.

Une des très anciennes villes en ruines datant du milieu de l'époque de la Modernisation. Soit aux alentours du XXIe et XXIIe siècle.

Personne ne savait vraiment ce qu'il s'était passé dans cette ville et personne n'avait réellement cherché à comprendre jusqu'à présent. Du moins, c'est ce qu'on disait.

La nature y avait repris ses droits depuis plusieurs centaines d'années déjà, mais ce n'était pas pour autant que personne n'y vivait. Un petit groupe de résistants y avait trouvé refuge, profitant du terrain difficile à appréhender depuis les cieux et les voies terrestres pour les véhicules actuels.

Il fallait imaginer de grands immeubles.

Immenses.

Imposants.

Encore debout pour certains, ou tombés sous la pression des branches et des racines qui s'entremêlaient jusqu'au toit du plus haut des grattes-ciels encore stable sur ses fondations ayant abrité des centaines de bureaux administratifs, jadis.

Ou alors était-ce justement la végétation qui lui permetait d'être existant aujourd’hui encore ?

Un horizon peint de mille et un verts différents qui s'étendait sur toute la ville où rien n'était visible pour des personnes n'en faisant pas parti.

Il descendit de sa planche quand celle-ci commença à osciller dangereusement sous ses pieds, la prit sous son bras et couru se faufiler entre les différents enchevêtrements de racines en suivant un parcours bien précis pour se mettre à l'abri des Gardiens.

Leurs voix humanoïdes avaient disparu derrière lui, mais la menace n'en était pas pour autant moins grande. De ce fait, il ne perdit pas de temps pour s'enfoncer davantage dans la densité de végétation pour devenir invisible aux capteurs des créatures qui le poursuivaient.

Le campement était à une heure à pieds depuis sa localisation. La planche avait finie accrochée dans son dos pour ne pas le restreindre dans ses mouvements quand escalader lui était nécessaire.

C'est à peine si le refuge que les Résistants avaient installé était visible. Chaque abri avait été conçu pour se fondre parfaitement à l'environnement dans lequel il était installé.

Un espace entre deux racines suffisait à servir de porte si l’espace en dessous de ces entrelacements permettait au moins de s'allonger. Il ne restait plus qu'à camoufler la vie qui avait pris possession des lieux pour en faire un hébergement sûr même si temporaire.

Les Résistants déménageaient régulièrement. Une précaution parmi tant d'autres.

Ils revenaient parfois dans certains de leurs anciens refuges quand ceux-ci n'avaient pas été découverts par les Gardiens.

Un ancien campement détecté est un campement piégé. L'erreur ne serait pas à nouveau reproduite. Il en allait de la sécurité du camp tout entier.

Il tapa trois fois sur une racine pour prévenir la personne habitant en dessous qu'il était rentré et alla déposer les provisions qu'il était parvenu à récupérer dans la sorte de crevasse qui servait actuellement de réserve.

À son étonnement, personne n'était présent.

Et ils n'auraient pas déménagé sans avoir pris la précaution de l'en tenir informé dans un message audio envoyé à son ishoku1.

Même Nakama était absent du camp, ce qui n'était pas dans ses habitudes.

Comme si c'était le moment de perdre du temps...

* * *

Le temps, dans la pensée publique, a toujours été une donnée précieuse qu'il fallait chérir et ne pas gaspiller.

On en reparlera plus tard... Peut-être...

* * *

Un bras essaya d'entraver les siens. Il s'en dégagea avant que cela ne soit possible et sortit son arme pour la braquer sur l'individu qui, de son point de vue, essayait de l'agresser.

Il se figea un instant en voyant celles du groupe de Gardiens qui faisait à présent face à lui avant de partir en courant dans la direction opposée. Leur groupe était beaucoup trop nombreux pour lui.

Est-ce que les autres se sont fait attraper ? Ou savaient-ils qu'ils allaient arriver ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas m'avoir prévenu ?

Malgré sa grande connaissance du terrain, il ne parvenait pas à faire croître la distance entre lui et ces humains améliorés et à cette distance, espérer pouvoir se cacher n'était pas envisageable.

Et ces Gardiens, au contraire de Jiyu, ne s'épuiseraientt pas. Ils ne sont pas programmés pour.

Les minutes passèrent et ils finirent par l'attraper.

Une seule erreur : avoir trébuché un court instant.

Son corps et son visage furent violemment plaqués au sol sans avoir apporté la moindre importance au terrain où ils évoluaient.

Ils lui confisquèrent son arme et le menottèrent pour le faire passer devant la parodie de justice mise en place à Shin Keikou où il sera jugé pour ''désertion''.

Il sera emprisonné et son exécution sera diffusée en direct par tous les médias la semaine suivant l'incident.

Le sien et celui de ses compagnons.

Nakama, considéré comme le chef du groupe, était passé en premier.

Des exécutions pour servir d'exemple.

On pouvait encore observer les blessures dues à son arrestation ce jour-là.

Mais quel exemple ?

Celui qui nous obligeait à entrer dans les clous et nous maintenait sur cette voie ?

Celui qui nous obligeait à nous conformer à ce qui était considéré comme ''normal'' ?

Mais qu'est-ce que la normalité ?

Une notion qui n'était dictée seulement par une majorité d'individus dans une communauté, ou quelque chose de beaucoup plus complexe ?

Mais ne pourrait-on pas remplacer ''exécutions'' par ''humiliations'' ?

Des humiliations pour servir d'exemple, pour obliger la victime à respecter les normes et montrer aux autres ce que l'on risquait à ne pas les respecter.

Bienvnue à Shin Keikou.


Texte publié par Adrielle, 31 mai 2018 à 00h10
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