Tandis que le souffle froid de février se répand sur Paris, Apollonia se réveille en pleine nuit. Les voiles brumeux du sommeil achèvent de se déchirer et elle tente de se souvenir de ce qui provoqué son réveil anticipé.
- Une présence à mes côtés mais où est-elle ? songe-t'elle en sondant l'obscurité.
Elle a d'abord cru que c'était Saturne mais elle savait confusément qu'il n'en est rien ; elle observe la chambre mais elle ne voit rien et elle se lève en silence. La musicienne passe un peignoir et elle marche sans faire de bruit, pieds nus sur le sol froid. Dans la pièce insonorisée dont la porte est grande ouverte alors qu'elle est certaine de l'avoir laissée fermée, elle sent la terreur l'envahir lorsqu'elle voit une ombre massive près du violon en train de faire tinter les cordes de son ongle. Elle note les deux cornes sur les côtés de la tête de la chose et elle comprend en un éclair.
- Le diable !
Elle esquisse un signe de croix mais elle se ravise car elle n'est pas certaine de croire à l'efficacité d'un tel geste religieux ni de croire ce que ses yeux voient. Le diable se retourne et la regarde en ricanant puis il prend le violon en main et il en fait doucement tinter les cordes en passant le doigt dessus comme une guitare. L'instrument émet un chant douloureux entre les mains de son créateur, un chant mélancolique demandant sa liberté. La musicienne, figée, écoute ; glacée de terreur, elle sent une présence derrière elle et elle manque crier quand elle sent des mains se poser sur ses épaules qui les pressent doucement.
- Est-ce que je rêve ? se demande la violoniste en priant pour que ce soit le cas.
Elle lève la tête et elle croise le regard de Giuseppe agrandi par la peur.
- Il voit la même chose que moi. songe-t'elle, rassurée alors que le violon se tait et que la massive silhouette s'évanouit.
Peu après, les deux jeunes gens se retrouvent devant un café brûlant qui leur fait du bien, tremblants de peur. Apollonia se laisse masser les épaules par son compagnon en essayant de remettre ses idées en place.
- Tu as vu la même chose que moi ? chuchote le pianiste.
- Oui, mais que faire ?
- Déménager ?
- Cela ne suffira pas. Je vois souvent une ombre mince qui me suit, je crois que c'est un fantôme et qu'elles sont liées.
- Tu ne crois pas plus que moi à ces choses...
- Je sais. soupire la jeune femme. Mais nous n'avons pas le choix, nous devons affronter cette chose. Tu ne travailles pas aujourd'hui, il me semble ?
- Non, les deux étudiants à qui je donne des cours particuliers sont en période d'examen, ils ont annulé pour cette semaine et ils auront deux cours la semaine prochaine. Comme souvent.
- Alors profitons de cette journée pour prendre une journée de vacances, j'ai reçu les cachets de mes derniers concerts.
- Tu veux faire quoi ? demande le pianiste en la resservant en café.
- Je pensais trouver un petit restaurant pour ce midi puis aller à Versailles cet après-midi. Et pour ce matin, je ne sais pas...
- On peut se promener sans but.
- Oui, c'est une bonne idée. répond Apollonia. Mais en quoi cela résout notre problème ?
Le pianiste réfléchit une minute avant de répondre que cette décision ne résout rien mais qu'elle aura le mérite de leur permettre de penser à autre chose et de reprendre leurs réflexions à tête reposée.
- Il y a forcément une explication scientifique. ne cessent-ils de se chuchoter en marchant dans les rues désertes. Les habitants sont soit en chemin vers leur lieu de travail soit encore en train de dormir et ils ne croisent que quelques habitants du quartier pressés de prendre leur transport du matin qui ne leur prêtent aucune attention. Ils se rendent dans la plus grande bibliothèque de la ville à la recherche d'explications sur les hallucinations collectives et les phénomènes paranormaux sans grand succès.
- Pourquoi perdre du temps à chercher du côté du paranormal ? Si la science a balayé les religions, il y a bien une raison. dit le jeune homme en ramassant les livres qu'il s'apprête à aller ranger.
Sa compagne hausse les épaules sans répondre. En fin de matinée, ils quittent les lieux sans but précis. Quelques minutes plus tard, les deux jeunes gens prennent le métropolitain aérien. Main dans la main, ils se chuchotent à l'oreille des mots qui les font rire, bien décidés à profiter de cette journée de vacances sous le timide soleil de février. Ils flânent dans les rues, regardant les vitrines et visitant des expositions temporaires. Puis vers midi, ils reprennent les transports en commun pour se rendre à Versailles. Ils trouvent un restaurant mexicain où ils déjeunent rapidement avant de rejoindre le château du Roi Soleil qui brille sous le pâle soleil d'hiver. Ils ne remarquent pas l'ombre mince qui les suit pas à pas.
Les deux jeunes gens visitent les jardins à pas lents, les joues rosies par le froid, heureux de se retrouver presque seuls dans ce lieu fuit par les visiteurs à cause du froid hivernal. Apollonia sent son cœur se vider de la peur ressentie ces dernières semaines, elle se sent mieux et elle retrouve la force d'affronter les ombres qui obscurcissent leur vie dans les bosquets où se nichent des fontaines. Puis ils se dirigent vers le château dont ils parcourent les pièces à pas lents. L'ombre de Florentin les suit et ce lieu lui semble étrangement familier pourtant, il est certain de ne jamais être venu en ces lieux. Il observe le décor pièce après pièce mais il ne peut se défaire de ce sentiment étrange. Il sourit timidement lorsqu'il se voit debout en train de jouer du violon devant les courtisans.
- Je suis devenu totalement fou durant ces siècles d'errance. Je ne suis pourtant jamais venu ici, j'en suis certain. Ou c'est un rêve que mon violon a fait si souvent qu'il a marqué ce lieu ? Non, je n'y crois pas.
Il suit les deux musiciens qui rentrent chez eux au terme de la visite.
Une heure plus tard, Apollonia tient une enveloppe à la main qu'elle déchire consciencieusement. Puis elle relit le courrier qu'elle avait posé sur la table quelques instants auparavant.
« Mademoiselle,
En raison de problèmes juridiques que nos avocats tentent de résoudre au plus vite, nous ne sommes pas en mesure de vous payer vos émoluments dans les délais prévus. pour la représentation à l'opéra de Paris.
Soyez assurée que nous mettons tout en œuvre pour résoudre ce désagrément. »
La musicienne se ronge un ongle en calculant l'argent qui leur reste pour finir le mois. Elle sait que ce sera difficile mais elle sait également qu'ils doivent y faire régulièrement face et qu'ils trouveront des solutions comme d'habitude. Lorsque son compagnon rentre de la boulangerie, ils examinent leurs comptes mais ils ne voient pas d'autre solution que de négocier un découvert avec leur banquier qui accepte toujours, bien au courant de leur situation financière fluctuante.
La semaine suivante, moins sollicitée, Apollonia se sent désœuvrée et pour l'occuper, Giuseppe tente de lui apprendre quelques airs simples au piano. Bien que cet instrument ne l'intéresse guère, elle essaie de lui faire plaisir sans succès et elle lui avoue rapidement qu'elle compte renoncer à cet apprentissage ce que le jeune homme avait déjà deviné. Lorsque quelques jours plus tard, une proposition de concert pour un public composé en majorité d'enfants lui parvient, elle accepte aussitôt même si elle n'a que deux semaines pour répéter des airs célèbres. Elle retrouve ses collègues avec plaisir et elle se réjouit de cette manne financière bienvenue. La veille du concert, elle rêve du violon noir abandonné dans un grenier mais au matin, elle n'en a plus de souvenir.
Nerveuse alors que le concert vient de commencer, Apollonia sent que quelque chose ne va pas mais sans parvenir à en déterminer l'origine. Tout sourire, un homme de haute taille vêtu d'un complet noir à l'ancienne mode s'est assis au fond de la salle. Ses mains fines croisées sur ses genoux, il regarde autour de lui puis il replace sa broche qui représente un chat noir aux yeux de rubis qui semble regarder avec cruauté ceux qui le remarquent. Une lueur maligne éclaire par moment le regard de l'homme et il sourit d'un air amusé en consultant souvent sa montre à gousset. Dans quelques minutes, la violoniste qui a son violon en sa possession va apparaître sur scène et le Diable sait que sa présence ne manquera de perturber sa création. En effet, la jeune femme apparaît bientôt sur scène après quelques intermèdes musicaux. Sous les applaudissements, les musiciens s'installent et la parisienne s'avance. La longue robe de cocktail vert pomme à paillettes gêne la violoniste et elle tire dessus discrètement en allant se mettre à sa place. La musique commence à s'élever et Apollonia compte les temps dans l'attente du moment où elle se mettra à jouer. Les mains moites, elle sent son cœur battre à tout rompre et ses mains trembler mais elle trouve le courage de jouer.
Dans l'ombre, Florentin regarde la jeune femme jouer avec envie. Sans s'en rendre compte, il commence à jouer l'air bien connu comme s'il tenait un violon invisible et des larmes inondent ses joues pâles comme la mort qui l'a pris il y a des siècles. Le violon d'ébène et d'argent semble remarquer la présence de son ancien maître et il commence à sangloter les notes qu'Apollonia joue. Sans rien laisser paraître, la jeune femme joue en serrant les dents jusqu'au bout du morceau malgré son envie de fracasser l'instrument contre le sol pour s'en débarrasser. Mais il est trop précieux pour cela.
- Un instrument unique au monde. Si on m'avait dit que cet instrument joue de lui-même. Je te préviens, toi, je vais me débrouiller pour rompre le contrat qui m'oblige à jouer sur toi. Je suis trop pauvre pour me payer un bon avocat mais sinon, crois-moi ce serait fait depuis longtemps. murmure-t'elle à l'instrument entre ses dents.
Florentin dans l'ombre croise le regard du Diable et il est certain d'avoir déjà rencontré cet homme alors qu'il était encore en vie. Mais il est incapable de retrouver ce souvenir. Il examine son habit noir et son grand chapeau sans trouver ce qu'il cherche et il renonce.
Dans la grande salle, Apollonia s'installe et elle regarde autour d'elle. Les danseurs costumés s'installent les uns après les autres et elle admire les étoffes brodées en souriant de voir tant de joie. Elle se tourne vers les quelques collègues qui ont accepté de se rendre à cette soirée privée plutôt mal payée mais dont Apollonia a besoin au vu de son compte en banque. Elle a hésité à prendre son violon d'étude mais elle a estimé que son violon serait reconnaissable entre tous et qu'il pourrait attirer l'attention et lui permettre de négocier de futurs contrats. Car elle ne peut le nier, on se souvient facilement d'un tel instrument et la pensée de son violon d'étude qui l'attend dans le vestiaire la rassure, elle pourra toujours changer d'instrument en cas de problème. Vêtue d'une simple robe de soirée noire qui descend jusqu'au sol, la musicienne se sent un peu déplacée au milieu de tant de couleurs, de dentelles et de paillettes et elle regrette de ne pas avoir choisi une tenue plus colorée.
Elle ne voit pas l'ombre mince qui l'a suivie et qui regarde autour d'elle. Florentin se sent bien dans cette salle, il se sent comme chez lui, même si les choses ont bien changé depuis. Mais il sourit en examinant les costumes et en observant le décor autour de lui. Les dorures qui ornent les moulures de plâtre au plafond et un peu partout sur les murs ainsi que les quelques peintures d'un style antique qui ornent la salle lui rappellent des moments qu'il veut oublier depuis des siècles mais qu'il ne peut pas toujours refouler dans les méandres de sa mémoire. Le fantôme sent son cœur hésiter, il souhaiterait profiter de cette soirée et chasser ces souvenirs s'il le peut mais l'envie de cesser de lutter l'étreint.
- Pourquoi suis-je encore ici ? Pourquoi ne puis-je trouver le repos ? J'erre depuis des siècles sans réponse. Je voudrais tant trouver le repos mais je ne sais pas comment faire.
L'idée qu'il a raté sa vie l'assaille et il se souvient de son long apprentissage, de ses espoirs de carrière brillante et de sa longue errance. Il sait qu'il aurait pu faire mieux mais qu'il est trop tard.
- Pourtant, si je suis ici, il y a une raison mais laquelle ? Qu'est-ce qui me retient ici ? A moins que ce ne soit ma pénitence pour avoir choisi par moi-même de quitter cette terre ?
Le souvenir d'une robe rose et le reflet d'un bijou en or lui passent devant les yeux. Il sourit et ses yeux s'embuent de larmes. Il se souvient de son parfum et son cœur se tord à l'évocation de ces souvenirs.
- Je ne dois pas y repenser, il est trop tard désormais.
Mais tout au fond de lui, le jeune homme est certain que la réponse qui lui échappe depuis des siècles se trouve là mais il ne sait pas ce qu'il doit en penser. Il sait que le fait que le violon maudit a trouvé une musicienne a sa mesure aura des conséquences qu'il ne parvient pas à imaginer et qu'il doit saisir sa chance si elle se présente. Sa chance de trouver le repos, enfin.
Quelques jours plus tard, Apollonia déchiffre une partition tard dans la nuit. Elle ne parvenait pas à dormir et elle a décidé que travailler était sans doute la meilleure solution pour trouver le sommeil. La musicienne sent une présence et elle relève la tête par réflexe avant de se dire qu'elle aurait dû aller dormir depuis bien longtemps et que sa fatigue lui joue des tours.
- Tu sais bien que c'est la vérité. se murmure-t'elle.
Elle soupire et elle se redresse sur sa chaise pour regarder autour d'elle avec circonspection mais elle ne remarque rien même si elle sent bien une présence qui rôde.
- J'en ai marre. Dehors ! Dehors quoi que tu sois, laisse-moi ou je vais me fâcher ! dit-elle avec colère en quittant la pièce insonorisée.
Elle se glisse contre Giuseppe qui marmonne dans son sommeil et elle se serre contre son dos pour se rassurer. Elle ne peut empêcher une larme de glisser sur sa joue, Apollonia sent que quelque chose se trame mais elle ne parvient pas à déterminer ce qui ne va pas avec précision. Elle sait que les événements ont un lien avec le violon et avec ce Florentin mais elle ne sait pas comment continuer ses recherches et elle n'est pas certaine de pouvoir continuer à porter ce poids seule.
Malgré sa fatigue et son inquiétude, la musicienne s'oblige à s'entraîner le lendemain comme de coutume même si elle ne peut empêcher ses pensées de vagabonder.
- Tu as l'air fatigué... remarque Giuseppe.
- J'ai mal dormi. marmonne la violoniste en s'asseyant devant le petit-déjeuner.
- Tu as quoi au programme aujourd'hui ?
- M'entraîner à la maison comme d'habitude.
- Tu pourrais te reposer un peu, non ? questionne le jeune homme, un peu inquiet.
- Non, je dois travailler, tu le sais bien. Tout comme toi...
- Tu sais bien que je n'ai pratiquement que mes cours à préparer, je n'ai plus besoin de m'entraîner avec acharnement.
- Tu en as de la chance... Pourtant, tu devrais travailler à t'améliorer.
- Je sais mais je n'en ai pas envie. On joue ensemble quelque chose de simple ? Tant pis pour le travail d'aujourd'hui.
- Oui, tant pis pour aujourd'hui et ensuite, je t'emmène déjeuner dehors.
Les deux jeunes gens se mettent à jouer un air qu'ils connaissent bien quand un bruit de fouet qui claque les fait sursauter. Ils se regardent et à leurs regards, ils comprennent qu'ils ont entendu la même chose.
- Tu avais proposé qu'on déjeune dehors, non ? demande la jeune femme avec un sourire crispé.
- Oui, allons-y.
Alors qu'ils passent leur manteau, une porte claque dans le fond de l'appartement où ils savent qu'aucune fenêtre n'est ouverte et ils s'empressent de quitter les lieux après un regard vers Saturne qui se poste sur un tabouret glissé sous une table pour rester caché.
Devant leur petit-déjeuner qu'ils prennent dans une boulangerie, les deux jeunes gens hésitent sur la marche à suivre.
- Tu n'as rien à faire aujourd'hui ? J'aurais quelque chose à te montrer. dit la jeune femme en buvant son thé sans envie.
Ils se rendent au conservatoire jusqu'à une salle d'informatique où ils s'enferment. La jeune femme met en place le disque rond de la taille d'une pièce de monnaie qui contient le fruit de ses recherches et elle fait signe à Giuseppe de s'asseoir auprès d'elle.
- J'ai trouvé mention du violon qui semble relié à un musicien inconnu. Il semble avoir été son premier propriétaire identifié tout du moins mais les dates correspondent. Attends, j'imprime quelques-unes de ses partitions pour que tu te rendes compte qu'il n'avait aucune chance de percer à l'époque.
Elle revient avec les impressions et elle étale les partitions sur la table puis les deux musiciens se penchent sur les créations du défunt.
- Cela ne m'étonne pas qu'il n'ait jamais réussi à percer, je veux dire qu'il était un peu en avance sur son temps et s'il n'avait pas le bon environnement, il était fichu d'autant plus qu'il semble s'être entêté si je me fie aux dates et au nombre de ses compositions. interroge Giuseppe.
- Oui, sans doute. Mais c'est dommage. J'ai remis ses compositions par ordre chronologiques et je les ai fait lire par le logiciel. Il y a une évolution intéressante. Il avait du potentiel.
- Si tu le penses mais que comptes-tu faire de ces partitions ?
- Je ne sais pas, il est lié au violon et je me dis que je pourrais toujours essayer de jouer ses compositions sur mon violon.
- Si tu crois que ça peut nous aider à régler le problème. soupire le pianiste qui n'ose pas dire qu'il ne comprend pas bien pourquoi elle s'acharne dans ses recherches.
- Un fantôme reste sur terre car il n'a pas accompli sa mission durant sa vie. Que risquons-nous à essayer ?
Dans l'ombre, Florentin écoute leur conversation et il sourit doucement en entendant leurs avis sur ses compositions. Il sent les larmes lui venir aux yeux, il sait que s'il avait eu un peu plus de succès, il n'aurait pas eu ce destin tragique.
Incapable de rester dans la pièce, Florentin traverse l'espace pour rejoindre les lieux où il a été heureux. Il se retrouve face à la maison de ses parents qui a été transformée mais il en reconnaît les contours. Il arpente les pièces qui n'ont plus rien à voir avec ce qu'il a connu ; il reconnaît vaguement certaines pièces qui ont gardé les mêmes proportions mais il se sent étranger en ce lieu. Dans le jardin, il ne reconnaît rien, aucun des arbres qu'il a connu n'a survécu et des sanglots le secouent. Nulle trace de lui ne subsiste et cette idée le met mal à l'aise.
- Si au moins, j'avais eu des enfants. murmure-t'il.
Il regrette de ne pas avoir enlevé Victoire, il sait qu'avec elle à ses côtés, il n'aurait pas connu cette fin tragique et quelque chose aurait subsisté de lui, plus que quelques partitions oubliées de tous. Sa dernière année sur Terre défile devant ses yeux, il voit les occasions manquées et les erreurs qu'il a commises. S'il avait cherché à construire son avenir au lieu de seulement chercher à vivre de son art dans l'immédiat, il aurait peut-être réussi. Il voit Apollonia et Giuseppe se débattre avec leurs contrats à honorer et leur manque de liberté, il commence à admettre qu'il n'a peut-être pas fait les meilleurs choix dans sa vie passée mais il est trop tard, il ne peut revenir en arrière, il le sait.
Des sanglots se font entendre dans la pièce insonorisée et les deux jeunes gens se retournent, blêmes. Apollonia lance un regard pour intimer à Giuseppe de se taire alors que le pianiste ouvre la bouche. Celui-ci obtempère et il commence à jouer au piano tandis qu'Apollonia commence à jouer sur son violon d'études un morceau qu'ils ont l'habitude de jouer ensemble. Florentin reste debout, ombre diaphane à peine visible. Les larmes aux yeux, il écoute les deux musiciens les larmes aux yeux et ses doigts brûlent de jouer avec eux, il remarque le violon d'ébène posé sur une table dans un coin et ses doigts effleurent les cordes avec envie et mélancolie. Il tend la main pour se joindre aux deux musiciens mais il se ravise, il aurait assez d'énergie pour jouer mais il ne veut pas faire peur aux deux jeunes gens.
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