La soirée de gala a commencé et Apollonia se voit forcée de jouer sur l'instrument qui semble coopérer. La jeune femme écoute le son qui monte en puissance et sa main se fait plus rapide sur l'archet. Soulagée de voir que l'instrument ne fait pas des siennes, elle se détend et elle regarde le public qui reste silencieux à l'écouter presque religieusement. Soudain, les cordes cassent net, le chevalet tombe à terre; surprise et entraînée par l'élan de sa main, la jeune femme manque de lâcher l'instrument. Elle trébuche et elle tombe sur sa main qui tient encore l'archet. Elle grimace de douleur et elle se relève, interloquée. Elle sait qu'une corde peut se briser mais que les quatre cordes cèdent en même temps lui semble impossible. Elle salue et elle sort de scène avec toute la dignité qu'elle trouve à l'intérieur d'elle-même, elle ne peut rien faire d'autre que de faire comme si ce n'était qu'une mise en scène, les applaudissements du public la rassurent, on ne lui en tiendra pas rigueur. Ses collègues l'interrogent mais elle ne sait que leur répondre et elle tend la main vers son étui pour prendre de nouvelles cordes dans la poche extérieure. Ses pensées s'entremêlent et elle ne comprend pas l'origine de l'incident, les cordes étaient relativement neuves et elle les avait vérifiées avant le concert.
Blessée dans son orgueil, la musicienne touche de moins en moins au violon qui la dégoûte chaque jour un peu plus. Elle reprend son violon d'étude et elle retrouve du plaisir à jouer après avoir pris soin de ranger le violon d'ébène dans un placard. Mais parfois, lorsqu'elle entre dans la pièce où est rangé le violon, elle se sent observée et elle frissonne de peur, elle se demande si le violon ne serait pas hanté et s'il ne faudrait pas l'exorciser. Elle hésite à formuler cette hypothèse mais elle doit se rendre à l'évidence, l'instrument cache un secret, elle en est certaine, des choses étranges se passent dans sa vie depuis que le violon y est entré. Elle met un châle du même vert pomme que son pull autour de ses épaules et elle remonte son jean un peu trop grand pour elle avant de mettre ses bottes pour sortir. Malgré le froid de ce mois de février, elle ignore les frissons qui parcourent son corps de peur plus que de froid, elle regrette de n'avoir pris ni manteau ni écharpe mais il est trop tard, elle n'a pas le courage de se retrouver dans le même appartement que le violon étrange qui lui a été confié. En marchant à pas lents, la jeune femme réfléchit à la conduite à tenir, elle sait qu'elle n'a pas beaucoup d'options. Soit elle continue à jouer sur le violon, soit elle abandonne le confort de son contrat au conservatoire qui lui assure une certaine stabilité financière, soit elle change de carrière.
- Tu abandonnerais ta carrière à cause d'un violon ? se demande-t'elle, incapable de faire un choix. Tu irais travailler dans un bureau, à l'usine ou tu donnerais des cours particuliers ?
Elle s'en sait incapable et elle se renfrogne face à la réalité. Liée par contrat, la musicienne ne peut cesser de jouer sur l'étrange violon mais elle peut choisir de n'y toucher que pour les concerts. Les prestations de l'instrument sont aléatoires, il semble l'interroger sur ses intentions. Résignée, elle joue sans plaisir et sans entrain, mécaniquement. Elle n'envisage même pas de parler de ses inquiétudes à Giuseppe qui ne la comprendrait pas, elle le sait bien.
Elle passe ses journées à lire des romans qu'elle avait laissé de côté, faute de temps, tropp accaparée par son travail personnel et ses répétitions quotidiennes. Son violon d'étude reste dans son étui, elle n'a pas le cœur à s'entraîner. Mais fréquemment, ses pensées se tournent vers le violon d'ébène qui lui pose question. Elle est certaine de l'avoir entendu jouer à plusieurs reprises alors qu'elle était dans une autre pièce mais elle tente de se persuader qu'elle a rêvé.
Toutefois intriguée par l'instrument, malgré ses réticences, Apollonia tente de retracer l'histoire du violon, elle fouille les archives du conservatoire mais elle trouve seulement un acte d'acquisition de l'instrument par le conservatoire. Dans le document, il est fait mention du fait qu'il a notamment appartenu à Florentin Leroy, violoniste et compositeur français du dix-huitième siècle qui en est le premier propriétaire connu. Le violon et ses partitions ont été retrouvés dans sa chambre après son décès et le violon a été vendu pour payer ses dettes liée à la remise en état d'un plancher. Le nom du compositeur ne dit rien à la jeune femme mais elle pense tenir une piste et elle note le nom dans un carnet avant de choisir un roman parlant de musique, elle a besoin de réfléchir. Plongée dans sa lecture, la jeune femme oublie rapidement ses questionnements même si elle ne peut s'empêcher de jeter des coups d’œil réguliers à son carnet de notes. Son roman retraçant l'histoire d'une princesse joueuse de clavecin qui tombe amoureuse de son professeur de musique jusqu'à une séparation dans les larmes terminé, elle se décide à rentrer chez elle après avoir remis le roman à la bibliothèque de son lieu de travail. Dès qu'elle claque la porte, elle regarde son téléphone portable et elle remarque de nombreux appels en absence de Giuseppe. Elle l'entend jouer du piano et elle entre à pas feutrés dans la pièce.
- Tu n'as pas oublié le concert, amore ?
- Non, pas du tout. ment Apollonia. J'étais à la bibliothèque et je n'ai pas vu l'heure passer.
- Dépêche-toi de te préparer, je vais te faire une assiette froide puis nous nous dépêcherons d'y aller. Je craignais que tu n'aies oublié en ne te voyant pas rentrer, nous devons partir dans une demie-heure pour être sûr de ne pas être en retard.
Dans la salle de concert, ils tournent un moment dans la salle pour trouver leur place avant de s'installer dans les fauteuils de velours d'un autre âge, soulagés d'être arrivés à l'heure. L'opéra de Paris dispose d'une immense salle ultramoderne et les spectateurs se montrent du doigts les écrans géants situés au plafond et sur les murs qui montrent les artistes en préparation. Quelques minutes plus tard, le concert commence et les musiciens s'avancent sur scène où ils saluent avant que leurs hologrammes géants ne fassent de même à quelques centimètres du plafond au centre de la salle. Puis ils commencent à jouer sur leurs instruments qui intéressent fortement les deux musiciens. Tous deux ne sont pas attirés par les instruments dernier cri mais ils ne peuvent masquer leur curiosité. Le voyage musical les mène au bord de la mer sur une musique évoquant le bruit des vagues tandis qu'une odeur d'océan et de sable chaud se fait sentir. Sur l'écran en trois dimensions, derrière les musiciens, un film montre une plage et la mer au loin qui va et vient au rythme de la musique. Les yeux fermés, la jeune femme ne peut s'empêcher de songer à ses soucis mais elle se réprimande et elle ouvre les yeux pour profiter du spectacle et oublier ses tourments.
Quelques jours plus tard, alors qu'elle s'est rendue au conservatoire pour essayer un nouveau violon, Apollonia donne son avis au directeur.
- Non, je ne veux pas jouer sur un tel instrument !
- Mais pourquoi, mademoiselle ? C'est l'avenir et je m'étais dit.
- Croyez-moi, monsieur le directeur, j'ai essayé ce violon et il est difficile d'en jouer. Tous ces boutons qu'on ne peut toucher avec précision en jouant et sur lesquels on manque d'appuyer quand on essaie de monter la main. Vous feriez bien de demander l'avis de quelqu'un d'autre mais en ce qui me concerne, je ne vois comment jouer sur ce violon croisé avec un accordéon.
- Bien, merci de m'avoir dit ce que vous en pensiez en toute franchise. Je vais demander d'autres avis, peut-être que quelqu'un avec des mains plus grandes sera d'un autre avis. Je vous remercie de m'avoir accordé ce temps, vous pouvez disposer.
- Merci, monsieur. Je file, j'ai une répétition.
Elle se glisse dans la salle de répétition et elle tend les cordes du violon en écoutant avec distraction les conversations. La tête ailleurs, toujours en train de réfléchir aux impressions que lui ont laissé le violon ultramoderne, Apollonia ne fait pas attention à ses mouvements qui se font automatiques et saccadés. Une douleur la prend au poignet mais sur le moment, elle n'y prend pas garde. Pourtant, au bout de quelques minutes, la douleur commence à l'élancer le long du poignet et elle comprend qu'elle ne peut continuer ainsi. Elle s'arrête et avec un sourire d'excuse, elle s'isole dans un coin de la salle sous les regards interrogateurs de ses collègues. Elle court jusqu'à la salle où ils mangent parfois et elle ouvre le congélateur pour y prendre de la glace dans le congélateur qu'elle jette dans l'évier qu'elle remplit avant de remplir l'autre évier d'eau brûlante. Elle baigne alternativement sa main dans les deux bacs durant quelques minutes, la douleur s'estompe lentement et elle respire. Elle ne pourra pas jouer comme elle le veut durant les jours à venir, elle sait qu'elle devra économiser son poignet mais ce n'est pas la première fois qu'elle est confrontée à ce genre de douleur, elle sait comment gérer le souci. Elle rejoint la salle où elle prend discrètement ses affaires après avoir chuchoté à un collègue qu'elle doit partir à cause d'un début de tendinite. Elle rentre chez elle, le cœur en miette même si quelques jours de vacances ne sont pas de refus.
Nerveuse, l'ombre rôde dans l'appartement. Apollonia ne quitte pas l'appartement et l'ombre rôde autour de l'instrument, même s'il lui fait peur, elle ne peut s'empêcher de tendre la main vers les cordes et de les faire vibrer doucement, comme hypnotisée par le violon dont elle n'a pu se séparer. Florentin hésite, il se sent seul et il se dit que la compagnie silencieuse d'Apollonia ne lui fera pas de mal. Elle est assise sur le canapé et elle regarde un film à la télévision. Celui-ci vient de commencer et Florentin s'assied à ses côtés. La jeune femme frissonne et elle referme son cardigan autour d'elle. Le fantôme a un geste vers elle pour la réchauffer en lui frottant le dos mais il se ravise, ce geste de charité humaine n'est plus possible pour lui et la jeune femme pourrait remarquer sa présence. Il s'adosse au canapé et alors qu'Apollonia se lève pour aller chercher une couverture qu'elle met autour d'elle, il hésite à quitter les lieux. Mais elle se rassied et elle remet le film en marche du début. Le jeune musicien se détend ; elle n'a pas vraiment remarqué sa présence, seul Saturne l'observe de loin, assis sur un fauteuil mais le chat ne manifeste que de la curiosité et le fantôme lui sourit, heureux de retrouver la chaleur d'un foyer qu'il n'a pas connu durant sa longue errance. Pour la première fois, il remarque l'absence de décoration dans l'appartement comme si les habitants ne voulaient pas y mettre leur touche personnelle, il s'en étonne mais il se dit que ce n'est sans doute pas dans les goûts des deux locataires qui semblent aimer la sobriété contrairement à lui. Il se lève et il passe les doigts sur la tranche des quelques livres de la bibliothèque. Des livres traitant de musique et des romans dont il ne connaît pas les auteurs, des auteurs contemporains qu'il ne connaît que de nom. Le musicien sent son ventre se nouer, il brûle de désir de lire les mots que renferment ces pages et des larmes de dépit montent à ses yeux, déçu de ne pouvoir faire ce qu'il désire. Il remarque le livre électronique sur la table et l'envie de l'allumer le consume, il tend la main vers le bouton d'allumage mais les forces lui manquent pour le pousser. Il renonce, le cœur lourd et il se contente de lire les titres des livres sur l'étagère en essayent d'imaginer les histoires qu'ils peuvent renfermer. Puis il se rassied auprès de la jeune femme et il s'absorbe dans le film qu'elle vient de mettre.
En ce jour de février, alors qu'elle s'entraîne, la hausse de l'archet se desserre et les crins se relâchent brutalement, faute d'une tension suffisante ; Apollonia soupire et elle resserre la visse autant que possible avant de renoncer. Elle est lasse des soucis qui lui arrivent régulièrement avec ce violon et elle décide de ranger l'instrument, elle en a assez pour aujourd'hui.
- Qu'est-ce que tu veux à la fin ? murmure-t'elle en ouvrant la housse de son violon d'étude. Je comprends mieux pourquoi tu es resté aussi longtemps dans un grenier et je pourrai aussi bien t'y remettre dès la fin de mon contrat dans six mois. Pourtant, tu ne faisais pas ça avec ton premier propriétaire, non ? J'ai trouvé trace d'un certain Florentin, mais j'ignore si c'est la bonne piste.
Le chevalet tombe avec un bruit sec et la musicienne se retourne, interloquée. Elle inspire, la coïncidence serait troublante mais une partie d'elle même se demande si ce ne serait pas un signe. Elle tend la main vers l'instrument, inquiète. Elle cherche à décider de la meilleure résolution à prendre.
- D'accord, je vais chercher à savoir ce qu'il est devenu si ça peut te calmer. Je suis liée par contrat, on doit travailler ensemble. Sinon, je vais finir par créer un malheureux accident ; tu es assuré, ma foi, je ne risquerais pas grand chose si je m'y prends bien. Compris ?
Le violon semble réfléchir, les cordes vibrent doucement alors qu'elle remet la lame de bois sculpté en place. La musicienne frissonne de peur mais elle tente de n'en rien montrer. Elle ne voit pas l'ombre de Florentin secouer la tête derrière elle, il a lui aussi tenté de négocier avec l'instrument mais avec le recul, il n'est pas certain que ce soit une bonne idée ; le violon n'en fait qu'à sa tête et il vaut mieux travailler de concert avec lui que tenter de s'opposer à son pouvoir de nuisance.
Durant les jours suivants lorsqu'elle ne s'entraîne pas, Appolonia passe des heures sur internet à fouiller les archives numériques des conservatoires européens pour trouve des mentions de Florentin Leroy. Aidée de Giuseppe que l'histoire intrigue, ils passent presque tout leur temps libre à tenter de reconstituer la carrière du violoniste maudit et le parcours du violon après sa mort. Elle espère secrètement qu'ils parviendront à trouver comment mettre le timbre si particulier de l'étrange instrument en valeur. Le violon retrouve des sentiments oubliés, on s'occupe de lui et on l'aime assez pour se battre dans l'espoir de parvenir à l'apprivoiser ; heureux de revenir à une période oubliée, il sonne parfaitement sur les rares partitions de Florentin qu'elle a retrouvées. Apollonia malgré ses nombreuses années de pratique est dubitative face aux mélodies difficiles du compositeur, elle imagine les heures de travail nécessaires pour les jouer correctement même si elle est forcée de lui reconnaître une certaine audace. Elle travaille les partitions les plus faciles et elle passe beaucoup de temps à simplifier les partitions les plus difficiles. Une fois qu'elle les maîtrisera, elle pourra voir si elle peut les exécuter ou les confier à un collègue plus doué qu'elle. Elle constate que l'instrument semble donner le meilleur de lui-même sur les airs du musicien maudit ce qui la conforte dans l'idée que le violon et le musicien inconnu sont liés d'une manière étroite. Apollonia et Giuseppe continuent leurs recherches bien que le jeune pianiste ne comprenne pas bien l'acharnement de sa compagne. Mais il veut lui faire plaisir et il sent que c'est important pour elle alors il l'aide. Elle passe beaucoup de temps à polir l'instrument et à en prendre soin ; lustré et parfaitement propre, doté de cordes neuves et d'un archet dont les crins sont changés depuis peu, elle espère que le violon d'ébène pourra reprendre les concerts.
Le fantôme de Florentin observe leur manège de loin et il pense comprendre où la jeune femme veut en venir. La douleur le prend et les regrets se font insupportables de la voir retracer sa vie et il regrette son geste de désespoir.
Ce jour-là, dans les archives du conservatoire, Apollonia sent son cœur manquer un battement, le croquis rapidement griffonné sur un parchemin montre le violon. A côté, quelques notes émanent visiblement du luthier qui a fabriqué l'instrument.
« étrange commande ce jour, bois d'ébène, cordes avec du plomb recouvertes d'argent, chevilles d'argent, âme et éclisses en quinquina scholaris ; mis en garde l'homme mais il n'en démord pas et il est prêt à payer fort cher ce caprice. Je doute qu'on puisse en tirer quelque chose, je suppose qu'il s'agit d'un caprice de riche, mais qu'importe, il me paiera ce que je demande »
Intriguée, la musicienne fait une copie des documents et elle demande l'autorisation de faire remettre l'instrument tel qu'à l'origine. On lui donne l'autorisation à condition de le faire à ses frais et de le faire faire par un professionnel, il ne s'agit que de changer les cordes et les chevilles ce qui permettra une remise en état du violon si nécessaire. Le cœur plein d'espoir de trouver la clé du mystère, elle se rend chez un luthier à qui elle demande de nouvelles cordes, de nouvelles chevilles et un nouveau chevalet d'érable, bois communément utilisé à l'époque. Le luthier intrigué, lui assure que le chevalet qui est sur le violon est encore en bon état est bien en bois d'érable et qu'il lui faudra une bonne semaine pour faire fabriquer les chevilles qu'elle souhaite. Il examine la copie du document et il lui assure que c'est la première fois qu'il voit mention d'une telle excentricité mais qu'il va en parler à des collègues luthiers. Apollonia soulagée sait qu'il ne lui reste qu'à acheter des cordes neuves couvertes d'argent. Elle ne sait pas bien ce qu'elle fait mais au fond d'elle-même, elle est certaine d'avoir fait le bon choix. Une semaine plus tard, elle récupère le violon en échange d'une somme rondelette mais sans information nouvelle sur la provenance de l'instrument et impatiente, elle rentre au conservatoire par le métropolitain aérien, serrant l'instrument contre son cœur, curieuse de l'entendre chanter comme à l'origine.
Dans la pièce insonorisée, elle sort la copie du document qu'elle a faite et elle observe attentivement le violon.
- Te voilà, tel que ton créateur l'a voulu mais ensuite ? Qu'attends-tu de moi ? C'est ta dernière chance, je te préviens. Ensuite, je te rends, contrat ou pas contrat et au pire, tu auras un malheureux accident qui te mettra hors d'état de nuire. Définitivement. Bon, au travail.
Apollonia prépare le violon même si elle répugne à le toucher. Elle retient son souffle en tendant les cordes, elle craint qu'une corde ne s'enroule autour de sa main ou ne lui cisaille le doigt en réponse à ses menaces inconsidérées mais rien ne se passe. Puis elle tend l'archet et elle l'enduit de colophane avant de commencer à jouer, la main peu assurée. Mais rien ne se passe et elle s'enhardit à tenter des exercices d'échauffement plus difficiles, elle est heureuse de voir que le violon exécute ce qu'elle lui demande de faire.
- Bon, place au travail sérieux maintenant. Je suis contente que tu coopères. Et je plaisantais quand je parlais d'un malheureux accident. ment-elle de crainte de subir elle-même un accident.
La jeune femme se sent ridicule à parler ainsi à un instrument de musique mais le violon se plie à ce que ses doigts et son archet lui demandent et dans l'immédiat, elle se dit que c'est tout ce qui compte.
La musicienne joue un air baroque et il lui semble voir une mince silhouette au fond de la pièce, elle plisse les yeux tout en feignant de ne pas l'avoir vue mais elle n'est pas certaine de ce qu'elle distingue. La silhouette semble l'ignorer mais au fond d'elle-même, la musicienne sent la terreur la prendre et elle tente de rassembler ses idées tout en jouant automatiquement le morceau qu'elle a choisi.
- Tu sais que tu ne rêves pas, il y a quelque chose qui te suit. Mais est-ce une chose dangereuse ou amicale, un effet de ton imagination et que faire ?
Pour se donner du courage, elle change de morceau, choisissant l'air qui lui semble le plus simple parmi les créations du mystérieux compositeur malgré son envie de quitter les lieux. Le violon émet un son riche et vibrant qui manque de lui faire lâcher l'archet.
- Il est heureux et la chose qui m'observe s'est rapprochée, on dirait un être humain, je vois mal. Mais que faire ? songe-t'elle en feignant de ne rien remarquer tandis que l'instrument chante de plus belle.
Elle voudrait tourner la tête pour mieux voir la chose qui l'écoute mais elle n'ose pas et elle atteint vaillamment la fin du morceau.
- C'est tout pour aujourd'hui. décide-t'elle en rangeant le violon.
Lorsqu'elle se retourne, elle est seule et elle soupire de soulagement.
- La fédération européenne va se réunir à Paris en visioconférence !
Les journaux circulent parmi les musiciens qui lisent les articles à voix haute à tour de rôle.
- Les cinquante pays du continent ? s'enquiert Giuseppe.
- Oui, les vingt-cinq pays de la fédération européenne occidentale et les vingt-cinq que la fédération européenne orientale.
- Je ne comprends pas pourquoi ils ont décidé de diviser la fédération en deux dès sa création parce que c'était trop grand et ingérable si c'est pour qu'ils travaillent ensemble les trois quart du temps et parlent d'une seule voix au niveau mondial. D'autant plus qu'ils ont à peu près divisé le continent en deux entre l'est et l'ouest. marmonne la jeune femme en lisant le journal avant de laisser sa place à un collègue.
- Une nouvelle politique culturelle pour faire rayonner la culture européenne à l'échelle mondiale... Ca veut dire des subventions pour nous et des tournées mondiales. dit une collègue de la jeune femme qui résume la pensée commune. Ils ont retrouvé des déchets nucléaires enfouis au siècle dernier, ça va coûter cher à retraiter et éliminer ; nos impôts vont souffrir, ce sera de l'argent en moins pour autre chose mais la planète la mérite.
- Oui. dit Giuseppe en s'approchant de sa compagne qui rêvasse.
De retour chez eux, ils se mettent au travail pour faire de la sauce tomate et la mettre en bocaux de verre afin d'en avoir en réserve tout en regrettant de ne plus en trouver en supermarché. Un bruit les fait sursauter et ils se rendent dans le salon où le violon est tombé à terre sur le tapis.
- Que fait-il ici ? s'étonne Apollonia en le rangeant dans son étui qui est resté dans la pièce insonorisée.
Le jeune italien hausse les épaules, préoccupé par la sauce tomate à finir de mettre en bocaux. Il réfléchit à prendre des billets pour se rendre à Londres pour le week-end mais il renonce car il les juge trop onéreux pour leurs finances tout en regrettant de ne pouvoir se rendre au concert annuel du concert royal de Londres. Il oublie l'incident et il ne remarque pas l'air préoccupé de sa compagne qui s'interroge sur le violon.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2780 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |