Au supermarché, Giuseppe déambule dans les rayons à la recherche d'inspiration pour les jours à venir. Le musicien grommelle un moment en jetant des regards à droite et à gauche.
- J'en viens presque à regretter le siècle dernier et les plats préparés chimiques à profusion qu'il suffisait de mettre dans un four à micro-ondes et de réchauffer. Bon, je n'ai pas envie de passer des heures en cuisine, dans ce cas, les pâtes restent une valeur sûre. D'un autre côté, nous sommes en novembre et les soupes et pot-au-feu sont plus faciles à faire que des pâtes mais je vais bien trouver les légumes qu'il me faut.
En chantonnant l'air qu'il travaille dont ses doigts jouent les notes sans qu'il s'en rende compte, il se dirige vers les allées en poussant son chariot. Il sourit lorsqu'il fait une rapide inspection des rayons qui l'intéressent, la chance est avec lui et il remercie en pensée la nature de lui permettre de trouver tous les ingrédients dont il a besoin pour sa recette ; pour une fois, il ne devra pas improviser. De retour dans l'appartement, il entend Apollonia travailler et il ne veut pas la déranger aussi il se met à préparer le repas après avoir rangé les courses. Il distribue ses ingrédients dans les compartiments du robot de cuisine, les yeux rivés sur le livre de recette et il met l'appareil en marche pour faire sa sauce. Il calcule qu'il a un quart d'heure devant lui pour cuire ses pâtes et il regarde autour de lui. Le désordre du salon lui saute aux yeux et il commence à ranger ce qui lui tombe sous la main après avoir mis ses pâtes à cuire. La musique lui parvient toujours et il s'étonne de ne pas reconnaître les morceaux lorsqu'il se fait la réflexion que ce n'est pas dans habitudes de sa compagne d'oublier de fermer la porte de la pièce insonorisée. Il hésite un instant à aller la fermer mais la musique ne le dérange pas et il chantonne en rangeant ce qui lui tombe sous la main.
- Je suis rentrée...
La porte claque et le jeune homme sursaute, lâchant le verre qu'il tenait à la main qui vient éclater en dizaine de morceaux sur le sol.
- Tu ne t'es pas blessé ? s'inquiète Apollonia en passant la tête en travers de la porte.
- Non, ce n'est rien. Je ne t'avais pas entendu sortir, tu m'as surpris.
- Je suis sortie juste après toi...
- Je ne comprends pas. Ce n'était pas toi qui jouait du violon lorsque je suis rentré ? demande le jeune homme d'un ton inquiet en se baissant pour ramasser les morceaux de verre qu'il met dans le vide-ordure consacré au verre.
- Non, bien sûr que non, je n'étais pas là.
Bouche bée, l'italien ne trouve pas ses mots et il se concentre pour ne pas se blesser avec les ultimes débris qu'il ramasse avec précaution.
- C'est sans doute un voisin qui avait mis sa musique trop fort... Tu pourrais vérifier que tout se passe bien en cuisine ? Je pensais n'en avoir que pour quelques minutes. dit-il en se souvenant du repas qui cuit.
- Arrête, tu sais bien qu'il se passe des choses étranges depuis quelques temps... commence Apollonia en se rendant rapidement dans la pièce où elle baisse le feu.
- Des choses ? Je crois que je vois de quoi tu parles...
- Laisse-moi m'en occuper. C'est mon violon et comme je suis liée par contrat, je ne peux pas m'en séparer sans risquer de perdre mon travail.
- Tu y tiens donc tant que ça ? s'étonne le pianiste.
- Oui, tu le sais, c'est un emploi important pour moi. Je ne voudrais pas travailler dans une usine ou dans un bureau, l'art est ce qui me convient le mieux malgré les difficultés. Et le meilleur moyen d'avoir un emploi stable est le conservatoire, c'est le prix de notre liberté. Si on me demande de jouer sur cet instrument, je dois jouer dessus.
- Pourquoi ne pas dire qu'il s'est cassé ou qu'il ne te convient pas ?
- Tu me proposes de faire exprès de l'abîmer ?
- Bien sûr que non. Bon, j'ai faim, on dîne dehors ? L'idée de rester dans le même endroit que cette chose me donne la nausée. Le repas est prêt, il faut juste le mettre au réfrigérateur pour ce soir ou demain.
- Bonne idée ! soupire la jeune femme en prenant son manteau.
- Au fait, mes parents voulaient venir quelques jours nous voir.
- Bien sûr, il faudrait juste que nous ne soyons pas submergés sous le travail à ce moment-là.
- Je sais. dit le jeune homme en fermant la porte.
Quelques jours plus tard, Apollonia doit jouer lors d'un festival consacré à la musique baroque et lorsqu'elle est entrée dans la salle de spectacle ultramoderne toute en noir et blanc, elle a senti un courant d'air autour d'elle ce qui lui a noué une boule d'angoisse au creux du ventre. Nerveuse, elle se récite les suites de notes à jouer en boucle pour tenter de se calmer en attendant de monter sur scène. Des heures durant, elle a répété son morceau jour après jour sans parvenir à un résultat satisfaisant comme si le violon se rebellait contre sa volonté même si elle sait que cette idée est ridicule. Son tour vient et elle s'avance au centre de la scène, un sourire crispé aux lèvres. Puis elle pose l'archet sur la corde et elle commence à jouer. Au fil des mesures, elle sent les cordes se déserrer sous son archet et le son se fait plus faible et imprécis au fil des minutes. Mais elle tient bon autant qu'elle le peut en tournant discrètement les chevilles dans leurs orifices pour tendre les fils d'acier. A la fin du morceau, elle est contrainte d'appuyer ses quatre doigts sur le manche dans l'espoir de tendre la corde sur laquelle elle joue. Avec un soupir de soulagement, elle salue le public avant de sortir de scène, le cœur battant ; elle a réussi mais aux prix d'efforts constants. Une fois de plus, elle jette l'instrument dans son étui et elle court pour rentrer chez elle plus vite. Là, silencieuse, elle dit à peine bonjour à son compagnon et elle jette l'instrument sur le canapé comme s'il lui avait brûlé les doigts durant tout le trajet. Ce soir-là, Giuseppe l'aide à retirer sa robe de soirée qui tombe en un tas de satin doré à ses pieds. Elle se sent délivrée d'un carcan et c'est avec délice qu'elle se réfugie dans sa robe de chambre. Cette nuit-là, la jeune femme se réveille en pleine nuit et elle voit une ombre massive près de son lit. Elle manque de crier mais ses muscles tendus la paralysent et elle respire lentement pour tenter d'apaiser les battements désordonnés de son cœur. De longues minutes s'écoulent et la silhouette massive s'évanouit. La musicienne a le temps de noter ses cornes et sa queue fourchue.
- C'est le diable, mon dieu. Je rêve. Et pourtant, cela expliquerait bien des choses. Mais c'est de la folie.
Le lendemain, les parents de Giuseppe les appellent pour savoir s'ils peuvent venir quelques jours les voir. Les deux musiciens qui n'ont pas de prestations à venir, juste quelques répétitions acceptent avec joie et quelques heures plus tard, ils arrivent directement de Rome par l'avion supersonique du soir. Les deux musiciens les récupèrent à l'aéroport et ils se réunissent dans un restaurant réputé pour ses spécialités parisiennes. Une soupe à l'oignon et une généreuse part de gâteau opéra plus tard, tout le monde rejoint l'appartement du couple.
Les jours suivants, Apollonia s'isole souvent pour travailler tandis que leurs invités vont visiter Paris. Un peu en colère d'avoir une charge de travail si lourde, la musicienne regrette d'avoir un poste plus élevé que son compagnon. Bien que ce dernier soit chargé de cours particuliers, il peut moduler son emploi du temps comme il le veut à condition que ses élèves l'acceptent contrairement à sa compagne qui doit se plier au cadre strict des répétitions et des concerts. Giuseppe a réussi à poser quelques jours de vacances et sa compagne le jalouse un peu de cette liberté qu'elle n'a pas. Mais au fond d'elle-même, elle se sait incapable de donner des cours la condamnant à se plier au cadre strict de son employeur en échange de la sécurité de l'emploi. Pourtant, elle sait gré à leurs invités de la laisser travailler en paix et de lui laisser l'appartement pour elle seule. Souvent, elle regrette sa solitude car elle se sent observée. Elle voit distinctement à plusieurs reprises une ombre massive avec un grand chapeau se dessiner sur le mur avant de partir dans un courant d'air et une autre ombre mince et courbée qui reste immobile dans un coin de la pièce. Elle se souvient de ce que lui a dit la voyante mais la jeune artiste n'ose pas tenter d'entrer en contact avec l'entité qui la poursuit. De nouveau apeurée par le violon qu'elle est certaine d'avoir entendu jouer une nuit, elle travaille le plus possible sur son violon d'études pour n'utiliser l'instrument qu'on lui a prêté que lors des répétitions. Au fil des jours, elle perd l'habitude de l'utiliser et elle a du mal à se réadapter au poids de l'instrument et à adapter les mélodies qu'elle travaille sur son violon normal au timbre sourd du violon d'ébène, il lui faut un peu de temps pour trouver les bons gestes et obtenir le son qu'elle désire. Mais elle préfère encore perdre du temps en répétition que de travailler tous les jours de longues heures durant sur cet instrument qui lui donne la chair de poule. Tous les soirs, Giuseppe insiste pour qu'Apollonia accepte de sortir avec ses parents au restaurant et il a parfois du mal à lui faire respecter les horaires qu'il lui a fixé. Au bout d'une semaine, la musicienne se reprend, elle reconnaît qu'elle est stressée par le gros concert à venir et elle fait l'effort de mettre une alarme pour ne pas se laisser déborder. Elle appelle Giuseppe en sortant de sa répétition et elle lui dit qu'elle accepte de sortir au restaurant à condition qu'ils ne rentrent pas trop tard. Elle rejoint son compagnon au restaurant chinois proche de chez eux et elle s'assied avec un soupir de soulagement à la table qui leur est réservé.
Peu après, les parents de ce dernier arrivent, ils leur annoncent alors qu'ils ont décidé de rentrer chez eux dès le lendemain, en profitant d'une promotion sur les billets d'avion supersonique. Un peu déçus, les deux jeunes gens décident de profiter de cette dernière soirée en leur compagnie. La soirée passe trop vite leur goût et l'heure du départ approche. Dans l'affolement des derniers préparatifs, Apollonia se rend compte qu'un sac a été oublié et elle rejoint précipitamment l'appartement qu'elle occupe. Affolée car l'heure tourne, elle cherche partout le sac rose fluorescent oublié par sa belle-mère sans le trouver. Accroupie sur le sol du salon, elle voit l'objet de ses recherches et elle tend le bras pour l’attraper lorsqu'elle se relève en heurtant la table de salon de l'épaule. Le violon joue et elle sent le sang quitter son visage.
- Je rêve... dit-elle en rejetant sa tresse en arrière, les dents serrées. Ce n'est pas possible, je n'en peux plus !
Elle hésite puis un coup d’œil à sa montre lui apprend qu'elle peut consacrer quelques minutes du temps qui s'écoule à aller voir ce qui se passe. Elle rejoint la pièce insonorisée dont la porte est restée ouverte et elle entend le violon jouer. Lorsqu'elle pousse la porte, la musique s'arrête mais elle ne voit rien dans la pièce et elle se demande si elle n'a pas rêvé ou si elle ne s'est pas trompée. Mais elle sait que ce n'est pas le cas.
- Cette fois-ci, j'en ai assez! Arrête, ça suffit ! hurle-t'elle en espérant ne pas avoir de réponse.
Le cœur battant, elle s'empresse de refermer la porte et elle quitte l'appartement presque en courant dans l'espoir de fuir ce qu'elle sait devoir affronter. Elle sent que c'est à elle de régler le problème et elle doit arrêter de faire comme si tout allait bien.
Durant un mois, Apollonia enchaîne les déconvenues. Les contrats annulés s'enchaînent ainsi que les grèves de transport. Inquiète, la musicienne s'interroge sur son avenir financier, même si ses cachets sont conséquents et que les cours de musique de son compagnon leur procurent un petit revenu régulier. Les répétitions reprennent enfin à quelques semaines de noël mais une épidémie de grippe se répand dans la petite troupe de musiciens, chacun est contraint de rester chez soi pour s'assurer de ne pas se contaminer les autres en un cycle sans fin. Les répétitions se passent seule dans sa pièce insonorisée ou avec Giuseppe mais les conversations et les moments de partage avec ses collègues musiciens manquent à la jeune femme. Elle en profite pour reprendre ses recherches sur le violon qu'elle possède mais elle ne trouve pas beaucoup d'informations. Elle retrouve sa trace chez un antiquaire du siècle précédent qui l'a décrit dans son catalogue pour ses archives. Toutefois, cette information ne l'avance guère même si elle imprime la page en question.
Dans le petit restaurant, les deux musiciens discutent des opportunités de concerts et des propositions qu'ils ont reçu dernièrement pour des concerts privés. Les deux amoureux décident de les décliner, ils ont bien assez de travail comme cela et ils veulent s'accorder quelques jours de repos en cette fin d'année. Apollonia tait le fait qu'elle souhaite mettre à profit les quelques jours de congés qu'elle a aux alentours de noël pour continuer ses recherches. Elle sait que leurs finances confortables restent fragiles car les contrats sont irréguliers et que les cachets qu'elle peut espérer avec les concerts de noël et du nouvel an leur feront défaut mais elle a fait son choix et Giuseppe a accepté sa décision sans chercher à argumenter. Puis ils se rendent au cinéma pour voir un film sur les pirates qui remporte un joli succès. Bercés par le son des vagues et les odeurs de bord de mer et de rhum, ils oublient bientôt qu'ils sont dans une salle de cinéma tandis que le sol tangue légèrement sous leurs pieds, imitant le roulis d'un bateau pirate se dirigeant vers une île au trésor imaginaire. De retour chez eux, les deux jeunes gens épuisés restent quelques temps côte à côte à regarder les illuminations sur la tour Eiffel depuis leur fenêtre sans sentir la présence de la mince silhouette qui fait de même à quelques centimètres d'eux, ombre émerveillée par les lumières de la dame de fer collée à la vitre pour mieux voir. Giuseppe croit discerner des traces de mains sur la vitre mais elle s'évanouissent bientôt et il met cette vision sur le compte de la fatigue.
Les derniers jours de l'année se passent entre divers concerts et galas de charité. Apollonia a étrenné pour cette série de concerts une robe d'un bleu profond qui met en valeur ses cheveux blonds et ses yeux bleus qu'elle s'est offerte pour noël. Epuisée, la jeune femme tombe malade mais elle n'a pas le loisir de rester au chaud chez elle ; la tisane sur mesure que lui a prescrite le médecin met du temps à agir et elle a souvent du mal à assurer ses concerts. Elle songe souvent qu'elle a la chance de ne pas être soliste lors de ces événements et ses collègues font mine de ne pas prêter attention à ses erreurs, à moins qu'ils ne s'en rendent pas compte car ces concerts moins formels sont avant tout une occasion de s'amuser entre collègues pour finir l'année tout en faisant une bonne action. La jeune femme ne peut nier que son instrument se montre particulièrement capricieux en cette période et elle tente de trouver une explication, elle accuse le froid, la fatigue mais au fond d'elle-même, la musicienne n'est pas vraiment convaincue malgré le fait que Giuseppe lui assure ne rien avoir remarqué. Elle a beau lui rétorquer qu'il est pianiste et qu'elle sait de quoi elle parle, son compagnon lève les yeux au ciel et il ne veut pas entendre ce qu'elle tente de lui faire comprendre. Excédée par les caprices de l'instrument, elle profite de ne pas être liée par contrat lors de ces concerts bénévoles pour reprendre son instrument habituel avec soulagement. Malgré ses tentatives pour se raisonner, la musicienne n'a pas d'autre choix que de constater qu'elle se sent mieux depuis qu'elle peut se séparer de son instrument lors des représentations en public. Les journalistes qui couvrent habituellement ces galas de charité la bombardent de questions sur l'absence de son violon d'ébène et elle tente de justifier son choix d'utiliser son instrument personnel. La violoniste sait que ses employeurs lui reprocheront cette liberté et qu'il n'est pas impossible que des bruits commencent à courir sur son compte. Qui sait si l'absence du violon ne fera pas naître des rumeurs sur sa carrière. Après tout, elle a toujours joué sur le violon auquel elle est liée par contrat depuis qu'elle en a hérité et cette absence n'est pas anodine. Elle ne sait qu'une chose : le violon lui répugne et elle n'est pas certaine de pouvoir continuer à jour longtemps dessus. Elle tente de surmonter au mieux son dégoût pour lui pour ne pas briser sa carrière par une mauvaise publicité mais cet effort lui coûte chaque jour un peu plus.
Quelques temps plus tard, Apollonia déjeune avec un collègue connu pour avoir le sel attique. Il commence à discourir sur son instrument et elle n'apprécie guère la plaisanterie. Mais il ne remarque pas son trouble et la jeune femme écourte leur déjeuner sous prétexte d'avoir oublié ses partitions dans une salle de répétition. Elle fulmine contre elle-même de s'être laissé attirer dans ce qu'elle savait être un piège, elle connaît ce collègue et sa médisance. Puis elle rejoint la salle où elle a laissé son violon mais celui-ci a disparu. Prise de panique, la musicienne cherche dans toutes les salles du couloir mais elle ne trouve rien.
- Réfléchis, où peut-il être ? Qui peut l'avoir pris ? Un collègue ? Non, jamais. Un employé de ménage ? Pas à cette heure-ci.
Le cœur battant, elle arpente les couloirs à la recherche du précieux violon d'ébène, elle sait que s'il a été volé malgré les assurances, elle paiera cher son erreur. Paniquée, les larmes aux yeux, elle regarde dans toutes les salles lorsqu'elle l'entend. Au fond d'un couloir, dans une petite salle dont la porte est restée ouverte quelqu'un jouer sur son instrument. Apollonia approche à petits pas et elle pose la main sur la poignée de la porte lorsqu'on lui tapote sur l'épaule.
- C'est à vous ce violon ?
- Oui, pourquoi ?
- Il a un son particulier qui nous ébranle jusqu'aux tréfonds de l'âme. dit-il la larme à l'oeil.
- Oui, un son reconnaissable entre tous... soupire la musicienne.
Elle sourit à l'homme de ménage qui balaie le couloir mais il lui rend son sourire et il prend l'escalier la laissant seule. Apollonia ferme les yeux pour tenter de calmer les battements affolés de son cœur avant de se décider à ouvrir la porte. En cette veille de noël, elle ne peut pas se permettre de perdre son instrument dont elle ne peut se passer pour les concerts à venir et elle se sent stupide de ne pas avoir demandé à appeler la police car elle ne sait pas qui joue dans la pièce mais il est trop tard. La salle est vide et l'instrument sagement posé sur une table semble l'attendre. Avec un soupir, elle le prend de mauvaise grâce et elle le jette dans son étui avant de rentrer chez elle. Elle ne veut pas savoir qui jouait ni pourquoi.
Le jour de noël, alors que toute la maisonnée est allée passer la soirée au restaurant qui sera suivi d'un bal dansant puis d'un feu d'artifice, le violon mélancolique se met à jouer l'air de noël que Florentin avait joué pour un vagabond après une messe manquée. Dans l'ombre, une silhouette massive rôde qui ricane en entendant la mélodie tandis que Saturne miaule d'angoisse avant de filer se réfugier dans la chambre, tremblant de peur. L'instrument continue à jouer des chants religieux de noël malgré la présence de son créateur. L'âme vibre à se fendre mais elle tient bon jusqu'à ce que le Diable quitte les lieux. Alors le violon se tait comme soulagé et épuisé. Alors une ombre mince s'approche et empoigne l'instrument pour se mettre à jouer en sourdine des musiques à danser le regard perdu au loin, voguant sur ses souvenirs d'un passé enfui.
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