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tome 3, Chapitre 12 tome 3, Chapitre 12

Apollonia chantonne en s'examinant dans le miroir. Elle se trouve belle et elle cherche un lait hydratant lorsqu'elle entend du bruit provenant de la pièce insonorisée où elle a l'habitude de jouer dont elle a laissé la porte ouverte.

- Giuseppe, tu es rentré ?

A pas de loup, elle s'avance mais la pièce est vide et elle soupire. Elle inspecte la pièce sans rien trouver d'anormal et elle hausse les épaules en refermant la porte avec soin.

Un peu plus tard, alors qu'elle se coiffe en chantonnant, la musicienne se sent observée et il lui semble entrevoir un reflet dans le miroir de la salle de bain. La massive silhouette sombre s'évanouit aussitôt avec un ricanement et la jeune femme pousse un cri de surprise avant de quitter la pièce en courant. Puis armée de tout son courage, elle rentre dans la pièce qui est vide.

- J'ai des visions. pense-t'elle, alarmée avant de se décider à se mettre au travail pour oublier l'incident.

Dans la pièce insonorisée, elle ajuste son instrument et elle commence à jouer la main un peu tremblante, l'archet suit le mouvement de sa main et des notes tremblotantes s'élèvent dans la pièce. Au fil des secondes, sa main s'affermit et elle commence à jouer avant d'oublier les pensées qui l'assaillent, bercée par la musique. Un peu plus calme après avoir fini de jouer, Apollonia inspire à fond puis elle se prépare à affronter sa peur. Elle empoigne le caméscope qu'elle masque avec un foulard et elle se rend au conservatoire, son ordinateur portable sous le bras. Dans un petit bureau qu'elle se fait prêter, elle connecte la mini-caméra et elle appuie sur le bouton « Lecture » prête à tout.

Tout d'abord, elle ne voit rien, le violon repose dans son étui fermé comme à l'accoutumée et elle se murmure qu'elle est ridicule tout en se sentant soulagée que tous ces événements ne soient que le fruit de son imagination. Elle se lève pour faire les cent pas dans le minuscule bureau sans fenêtre où il n'y a qu'un bureau de bois verni et une chaise dans l'espoir de calmer sa nervosité, les yeux rivés vers l'écran.

- Je suis idiote de croire que ce genre de stupidité... dit-elle à voix haute en esquissant un geste pour fermer l'ordinateur.

Un son s'élève de l'appareil et la musicienne baisse la tête vers l'écran bouchée bée. Le violon joue alors qu'il n'y a personne d'autre dans la pièce. Une ombre massive passe furtivement en ricanant avant de caresser l'instrument un long moment en murmurant des paroles incompréhensibles. Une main devant la bouche, les yeux écarquillés, Apollonia reste prostrée debout, les bras ballants. Elle allonge le bras pour éteindre la caméra d'un main tremblante mais une mince silhouette passe alors devant l'objectif et les longs doigts caressent le violon et en font tinter les cordes avant de prendre l'archet et de commencer à jouer un air inconnu. La jeune femme fronce les sourcils car elle croit se souvient de l'ombre et elle prend son téléphone pour enregistrer le morceau tandis qu'elle écoute les morceaux qui s'enchaînent jusqu'à ce que l'ombre range l'instrument et quitte les lieux. Elle hésite à en parler à Giuseppe mais elle décide de se taire pour ne pas l'inquiéter et de chercher à en savoir plus pour se débarrasser de l'entité. Elle note sur un carnet les morceaux qu'elle vient d'entendre « Rondeau champêtre » et « Ode à un amour perdu » de Florentin Leroy.

- Encore et toujours ce musicien inconnu de tous qui refait surface... Pourquoi ?

Terrifiée, une fois de retour chez elle, la musicienne reste un long moment couchée sur le canapé à tenter de rassembler ses idées. Enveloppée dans une couverture, tremblante, elle écoute les bruits de l'appartement qui reste silencieux. Soudain, elle s'inquiète de ne pas avoir vu Saturne depuis le matin et elle se lève pour partir à sa recherche, incapable de rester seule plus longtemps. Elle le cherche dans tout l'appartement avant de le trouver tremblant de peur sous le lit.

- Et bien, Saturne, que se passe-t'il donc ? De quoi donc as-tu peur ? Viens, mon chat. dit-elle accroupie sur le sol, le bras tendu vers le félin qui se précipite vers elle.

Le chat dans le bras, elle finit par aller se coucher rassurée par la fourrure du chat sous ses doigts qu se met à ronronner de plaisir. Ce bruit la calme peu à peu et elle finit par s'endormir, épuisée.

Lorsqu'elle se réveille le lendemain matin, Apollonia n'a pas pris de décision. Elle sait que la piste commence par ce musicien inconnu mais elle n'est pas certaine de vouloir l'emprunter ; pourtant, elle doit en avoir le cœur net si elle veut trouver une solution à la situation inextricable dans laquelle le violon l'a mise. L'idée de rompre son contrat l'effleure une fois de plus mais elle sait que ce n'est pas possible et qu'elle doit tenir bon pour ne pas perdre les bénéfices de plusieurs années de travail acharné pour atteindre le poste qu'elle occupe.

Apollonia décide d'en savoir plus sur son instrument pour comprendre ce qui ne va pas avec lui et elle se lance dans une recherche acharnée dans la bibliothèque du conservatoire sans succès. Elle fait des photographies de l'instrument et munie de ces dernières, elle fait le tour des magasins de musique où personne ne connaît ce violon. Après quelques jours, elle se décide à envoyer des courriers électroniques aux magazines spécialisés dans la musique et sur les fora. Mais personne n'a jamais vu un tel instrument et la musicienne ne sait pas par où continuer sa recherche. Elle interroge ses connaissances au travail mais on lui répond que le monde est vaste et qu'elle devrait peut-être tourner ses recherches vers l'étranger.

Lorsqu'elle se remet au travail, un peu inquiète, la musicienne craint de voir l'instrument faire de nouveau des siennes. L'instrument se montre coopératif et elle enchaîne les morceaux difficiles en vue d'un concert qui a lieu bientôt. Le soir du concert, aveuglée par les lumières de la scène, elle joue sans s'en rendre compte, perdue dans un nuage loin de la terre et de la salle. Ce n'est qu'en saluant qu'Apollonia se rend compte qu'elle a réussi sans encombre sa prestation. Elle rejoint quelques collègues qui se croisent en un ballet millimétré pour interpréter leurs morceaux. Son ami Léontin la rejoint dans un costume violet électrique qui met sa silhouette en valeur. Crispé, il s'inquiète de l'instrument en craignant qu'il ne fasse de nouveau des siennes durant leur duo. Son amie le rassure, le violon semble se comporter normalement et elle espère qu'il n'y aura pas de problème majeur durant leur duo. Le moment d'entrer en scène arrive et nerveuse, la jeune femme s'avance sous les lumières. Face à son ami, elle joue les premières notes du morceau tandis qu'il lui emboîte le pas sur son instrument. Les deux musiciens jouent à l'unisson durant d'interminables minutes, Apollonia compte les mesures, le morceau fait plus de cinq minutes et elle ne doit pas se laisser déconcentrer. Lorsque le morceau prend fin, elle ôte l'instrument de son épaule et elle salue, soulagée de voir que son instrument a fait son office.

- Tu aurais dû prendre un violon moderne, tu aurais eu le même résultat sans te faire de grosses frayeurs. lui dit le jeune homme d'un ton taquin alors qu'ils rejoignent la loge commune à tous les musiciens.

La jeune femme ne répond rien, le débat entre eux est sans fin, elle propose de rejoindre Giuseppe et d'aller manger car elle est épuisée et affamée. Rassurée, elle se change et elle rejoint les deux hommes qui discutent dans le hall. Tout sourire, elle leur emboîte le pas pour se rendre au restaurant le plus proche. Cette nuit-là, la jeune femme s'endort le sourire aux lèvres, rassurée.

A son réveil, elle est seule dans l'appartement et elle remarque posé sur son oreiller la boucle d'oreille qu'elle a cherché en vain. Elle soupire de soulagement en se demandant où son compagnon a bien pu la trouver. La jeune femme se rend dans la cuisine et elle commence à se préparer un solide petit-déjeuner lorsque la porte claque. Giuseppe entre en coup de vent et il l'embrasse rapidement.

- J'ai oublié mon sac en partant.

- Merci pour ma boucle d'oreille.

- Quelle boucle d'oreille ? s'étonne le jeune homme en tournant dans le salon, cherchant son sac du regard.

- La bleue, celle que j'avais perdue et que tu as posé près de moi en partant.

Giuseppe empoigne son sac qui s'était glissée derrière le canapé et il se retourne, les traits crispés.

La respiration difficile, il hésite à lui avouer la vérité mais pressé, les mots sortent de sa bouche sans qu'il s'en rende compte.

- Je n'ai jamais trouvé ce bijou et je ne l'ai pas posé près de toi en partant ce matin.

- Mais qui ?

- Un cambrioleur peut-être ? Je n'en sais rien. Je dois y aller, amore. Ne t'inquiète pas, tu as dû la laisser sur ta table de nuit et à force d'y penser, tu ne la voyais même plus. Et finalement, tu l'as posée là alors que tu avais la tête ailleurs. L'essentiel, c'est que tu as retrouvé ce que tu cherchais , non ? A ce soir.

- A ce soir. dit-elle en lui faisant un signe de la main auquel il répond rapidement en fermant la porte.

Restée seule, la musicienne tourne un moment dans l'appartement lorsqu'elle entend Saturne miauler.

- Que se passe-t'il ? J'arrive. dit-elle en courant dans l'appartement à la recherche du félin.

Elle le trouve dans la pièce insonorisée les yeux rivés vers un coin de la pièce. La jeune femme plisse les yeux pour mieux voir ce que regarde le chat mais elle n'est pas certaine de ce qu'elle a entrevu. Il lui semble qu'une mince silhouette se tenait dans un coin de la pièce mais elle a aussi bien pu rêver. D'un pas déterminé, elle s'avance dans la pièce pour prendre le chat dans ses bras avant de quitter les lieux, l'animal pressé contre sa poitrine. Elle ne voit pas ce dernier la patte posée sur son épaule le regard rivé vers le coin de la pièce où une mince silhouette voûtée sous le poids de son sort et de l'espoir qu'elle sent lui filer entre les doigts au fil des jours.

Prise de frissons, Apollonia s'assied sur le canapé enveloppée dans une couverture. Le chat tourne un moment en rond dans le salon avant de se glisser sur la couverture pour s'allonger sur ses genoux. Distraitement, la jeune femme commence à le caresser dans une vaine tentative de se calmer.

- Que vois-tu que je ne vois pas ?

Elle allonge la main pour prendre un carnet et elle griffonne d'une main tremblante les choses étranges qui lui sont arrivées ces derniers temps.

- Folie ou réalité ? Comment savoir, comment être sûre que je n'ai pas rêvé tout cela. Et dois-je en parler à Giuseppe ou non ? Tel que je le connais, il va tenter de trouver des explications rationnelles à tout ceci et si cela ne suffit pas, il m'enverra chez un psychiatre. Or, je sais que c'est une perte de temps et que la solution n'est pas là. Même un enregistrement ne prouve rien du tout, je peux très bien imaginer des choses ou interpréter ce que je vois pour me prouver que ma santé mentale est normale.

La jeune femme regarde sa montre et elle prend ses affaires à la hâte pour se rendre à une répétition de dernière minute. Elle court pour arriver à l'heure et elle soupire de soulagement en poussant la porte avec seulement quelques minutes de retard. Elle manque de glisser dans les escaliers alors qu'elle rejoint ses collègues de travail. Avec un sourire d'excuse forcé, elle les rejoint en courant. Hors d'haleine, elle s'installe à leur côté en essayant de reprendre son souffle.

- On commençait à s'inquiéter de ne pas te voir. Tout va bien ? lui demande Alice, une collègue aux longues tresses blondes et des yeux verts qui pétillent.

- Oui, j'ai eu un contretemps. dit la musicienne en sortant son instrument de sa sacoche.

Un cri fait sursauter l'assemblée et tous les regards se tournent vers elle. Des morceaux de papier tombent de sa main ouverte et elle regarde ses partitions tomber en pluie à ses pieds sous les yeux médusés de ses collègues.

- Que font ces partitions ici ? Ce ne sont pas les bonnes, je ne les ai pas travaillées depuis des années. s'exclame-t'elle, la gorge nouée par l'inquiétude.

- On va devoir aller faire des photocopies, je crois... dit une voix tandis qu'un bruit de chaise raclant le sol trouble le silence suivi d'un bruit de course.

- Merci ! dit Apollonia en s'asseyant après avoir ramassé les pages à la hâte.

Un peu calmée, la musicienne commence à jouer l' exercice des maîtres, morceau composé de rondes qui lui laisse le temps de s'apaiser. Appliquée à jouer le morceau le plus lentement possible tout en maîtrisant sa main droite afin de l'empêcher de trembler, la jeune femme se concentre uniquement sur sa main et sur la position de son corps, laissant à son cœur et à sa respiration le temps de retrouver un rythme normal. Les rondes s'enchaînent avec lenteur et il lui semble sentir une présence auprès d'elle. Doucement, elle ouvre les yeux et elle voit près d'elle une mince silhouette qui reste comme figée devant elle. Apollonia pousse un cri de surprise et l'ombre s'évanouit.

- Je n'ai pas rêvé, cette fois-ci. Je le sais, je sens sa présence.

Caché derrière un rideau, Florentin se gourmande de son imprudence. Mais il n'a pas pu résister à écouter le résultat de cet exercice qu'il a entendu maintes fois au cours de sa longue errance, regrettant que le créateur de cet exercice soit né après son décès ne lui permettant pas de profiter de ses bienfaits. Il regrette de même de n'avoir jamais osé toucher un violon électrique et plus tard, un violon électronique pour se faire son idée, l'électricité lui étant inconnue et lui faisant même peur. Pourtant, à côtoyer de près le possesseur de son instrument pour la première fois depuis bien longtemps parce que le violon a repris ses activités occultes, l'envie se fait plus forte que jamais et confusément, le spectre sent que c'est peut-être la dernière occasion qui s'offre à lui de tester ces innovations technologiques qui ont bouleversé le monde du violon.

Le jour d'Halloween, l'appartement des deux musiciens se pare de décorations de toutes sortes évoquant sorcières, citrouilles et chauves-souris. Florentin observe ces préparatifs avec inquiétude, il ne comprend pas bien ce qui se passe. Il a passé la majeure partie des quatre siècles passés à suivre l'instrument de loin mais jusqu'ici, il était resté aux mains de collectionneurs et de musiciens réputés qui ont fini par le laisser dans leur cabinet de curiosité, incapables d'en tirer le meilleur. Retrouver cette vie de famille normale lui rappelle des souvenirs de ses parents et des mois passés chez Victoire. Les souvenirs affluent et des sanglots le prennent qu'il étouffe rapidement pour ne pas effrayer les habitants chez qui il a trouvé refuge. Giuseppe tourne la tête vers lui et le fantôme se fige. Immobile, il s'attache à rester invisible, il voit l'homme regarder autour de lui avant de hausser les épaules et de monter une marche de l'escabeau sur lequel il est juché pour accrocher une chauve-souris en papier au lustre du salon. Il tourne la tête lorsqu'Apollonia entre, des paquets de bonbons dans les mains qu'elle jette dans un saladier. Intrigué, le spectre s'approche et il se demande quel goût peuvent bien avoir les sucreries colorées qui se trouvent devant lui. Une larme glisse sur sa joue creuse et il regrette les mauvais repas dans des auberges miséreuses, il regrette sa vie de vagabondage et d'insouciance. Il voit les sacrifices que font les deux musiciens, leur vie plutôt modeste, il sait leurs soucis d'argent relativement réguliers et il comprend que les choses n'ont guère changé depuis son époque. Même s'ils ne sont plus forcés de dormir sous des ponts, dans des meules de foin et qu'ils ont la possibilité de se soigner lorsqu'ils sont malades et qu'ils ont les moyens de se nourrir convenablement. Mais plus que tout, il voit qu'ils sont heureux tous les deux et qu'ils se soutiennent mutuellement. Il regrette profondément d'être resté seul et il se souvient les œillades que nombre jeunes paysannes et domestiques lui jetaient. Il aurait pu trouver un compromis dans un fragile équilibre pour vivre de son art en sacrifiant quelques heures par semaine à des activités aliénantes mais correctement rémunérées.

- Non, tu n'as pas le droit d'y penser. se dit-il.

Mais son cœur saigne et il voit une rieuse silhouette en robe pastel couverte de rubans et de dentelles passer devant lui. Il ferme les yeux pris d'une vague de douleur et il se répète ce qu'il se répète chaque jour depuis près de quatre siècles : « Tu ne dois pas penser à elle ni avoir de regrets quant à tes erreurs, tu as fait ce que tu as cru devoir faire pour vivre ton rêve. ».

On sonne à la porte qui s'ouvre sur deux enfants déguisés en chat orange et en vampire qui demandent des bonbons que les locataires de l'appartement leur donnent en riant sous les yeux interrogateurs du fantôme qui ne comprend pas bien cette coutume et qui regrette de ne pas pouvoir poser les questions qui l'oppressent. Le lendemain, jour férié, Apollonia et Giuseppe sortent tôt pour aller fleurir les tombes de la famille de la jeune femme avant de profiter de cette journée ensoleillée d'hiver pour se promener et aller au restaurant. Florentin les a entendu dire qu'ils rentreraient tard et il sait qu'il restera seul toute la journée. Après une heure d'hésitation à tourner en rond dans l'appartement sous les yeux inquiets de Saturne qui l'observe. Le chat semble s'être habitué à sa présence et le musicien décédé regrette de ne pas pouvoir le caresser, lui qui aime tant ces animaux. Il lui parle parfois à voix basse pour l'amadouer sans succès et il imagine ses doigts se perdre dans sa fourrure chaude et douce mais il sait que c'est impossible. Le chat retourne s'installer sur le fauteuil pour finir sa sieste et Florentin se rend dans la pièce insonorisée dont il referme la porte. Epuisé par cette dépense d'énergie, il reste quelques minutes à rassembler ses forces puis il sort le violon électronique de sa housse et il le branche comme il a vu Apollonia le faire à maintes reprises. Il tend l'archet, heureux de retrouver ce geste familier qui le fait sourire et il commence à jouer d'une main peu assurée. Il ne joue pas autant qu'il le faisait durant sa vie, étant rarement seul avec l'instrument et n'ayant jusqu'ici jamais eu le luxe d'avoir une pièce insonorisée où il peut s'amuser à sa guise. Mais les gestes et les sensations sont restés intacts dans sa mémoire et il n'a rien perdu de sa virtuosité. Le violoniste met un peu de temps à s'habituer au violon mais il s'y fait rapidement. Le son étrange de l'instrument l'étonne mais il apprécie cette nouveauté et il regrette de ne pas avoir osé plus tôt tester l'instrument.

Puis il se rend à la fenêtre et il se souvient des rues polluées et envahies de voitures qui klaxonnaient dans un air vicié à peine un siècle auparavant. Aujourd'hui, la rue est calme et presque silencieuse, les oiseaux chantent dans les nombreux arbres qui bordent la rue dans un savant désordre et les voitures électriques passent presque silencieuses. Il tourne un moment dans la pièce, observant ce qui l'entoure et il lit la double-page d'un journal resté ouvert sur la table du salon.

- Des tribunaux populaires pour les petites infractions avec des barèmes préétablis et la criminalité diminue. Nul n'ignore la loi et l'état œuvre pour le bien de tous même dans les sanctions, des amendes et des travaux d'intérêt général qui sont autant de temps pour les citoyens honnêtes à consacrer à ce qui compte pour eux. se dit-il en penchant la tête sur le côté. Ils veulent encore augmenter la part du verre qui bien que fragile se recycle bien et ils veulent enseigner l'anglais un an plus tôt aux écoliers, ce n'est pas forcément une mauvaise idée. Quel dommage que l'école obligatoire pour tous ne se soit pas généralisée avant, quelle avancée cela aurait été pour l'humanité mais elle n'était sans doute pas prête pour cela. se dit-il mais se souvenir de son époque et des gens qu'il a connu lui devient vite douloureux et il rassemble ses forces pour prendre un livre et lire, il sait qu'il a du temps devant lui.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 11 mai 2019 à 10h55
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