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tome 2, Chapitre 2 « Défi du chaudron » tome 2, Chapitre 2

Le lendemain, Apollonia s'éveille tôt et elle s'interroge sur son rêve de la nuit. Elle se demande si elle doit prendre rendez-vous chez le médecin, elle songe qu'un psychiatre serait approprié si le problème est mental mais qu'un médecin généraliste serait indiqué en cas de simple fatigue.

- Peu m'importe tant que je parviens à dormir. soupire la jeune musicienne.

Nerveux, le jeune homme joue un moment avec sa gourmette en argent dans l'espoir de chasser le stress qui l'envahit.

- Tout va bien ? demande sa collègue qui l'observe du coin de l’œil depuis quelques minutes.

Il lève les yeux sur elle sans savoir quoi répondre et il sourit dans l'espoir de la rassurer. Il songe avec nostalgie à la confiance de l'enfance, perdue au fil des années. Il revoit ses élèves jouer en toute confiance sans s'attarder sur l'opinion d'autrui, animés par le plaisir de la musique sans s'embarrasser de leurs performances.

- J'étais comme cela autrefois... Et aujourd'hui, je m’embarrasse de ce que veut le public et de combien je vais être payé. se murmure-t'il alors que les spectateurs cachés par le rideau applaudissent.

Il remarque une trace de brûlure sur sa tenue vert bouteille et il s'inquiète un moment pour les circuits imprimés pris entre les fibres du tissu.

- Quelle idée de vouloir cuisiner ! Même s'il est vrai que nous sommes en hiver et qu'il y a peu de choix dans les denrées disponibles ; comme nos ancêtres avaient de la chance de pouvoir acheter des repas déjà prêts ! Au moins, les personnes qui comme moi ne savent pas cuisiner y trouvaient leur compte même si la qualité n'était pas toujours au rendez-vous.

D'une main fébrile, il actionne le bouton caché dans sa manche et il soupire de soulagement, il peut régler la température du tissu à sa guise, il n'aura pas à faire réparer le vêtement qu'il a acheté quelques jours plus tôt.

Il lève les yeux vers les vitraux de la cathédrale et il a une pensée pour les croyants qui sont venus y prier durant des siècles. Si la divinité en question existe, que penserait-elle de voir ce lieu de culte transformé en salle de concert.

- Peut-être qu'elle n'en a cure, au fond ? La ferveur des artistes envers leur art est peut-être plus brûlante que celle des croyants qui ont arpenté ce lieu millénaire. Ceux qui se recueillent dans les rares lieux encore dédiés aux cultes compensent certainement ces âmes tièdes venues ici par obligation ou pour ne pas se voir mises au ban de la société dans des temps reculés.

- Que fais-tu ? chuchote Apollonia en le poussant du coude manquant de lui faire pousser un cri.

- Rien, je rêvais.

- On entre en scène dans quelques minutes, reprends-toi. Notre duo clôt la première partie du spectacle.

- Je sais. murmure le chanteur en rajustant sa tenue. Je pensais juste à ce dieu pour lequel des hommes ont bâti ce lieu durant deux siècles.

- J'avoue que lorsque je regarde cette cathédrale, je pense plus volontiers à cet écrivain quelque peu oublié de nos jours qui a mis deux ans à écrire un roman dans ce décor.

Le duo commence à jouer et la jeune femme se demande si des anges se pencheraient pour les écouter s'ils existaient. Mais elle hausse les épaules ce qui déstabilise son instrument qu'elle rattrape d'une pression de la main.

- Je l'ai échappé belle ! Heureusement que c'est mon instrument et non celui prêté par le conservatoire qui a failli tomber. Quoique...

Elle regarde son collègue qui a remarqué l'incident et elle soupire de soulagement lorsque les dernières notes marquent la fin de leur prestation.

Après leur prestation, ils se promènent un moment dans un bois proche de la cathédrale avant de chercher un restaurant pour clore la journée. Le restaurateur s'excuse auprès d'eux, il n'a que peu de choix en ce jour et il ne peut leur proposer que deux plats. Il leur explique que les professionnels doivent se rationner jusqu'à la fin du mois à cause de mauvaises récoltes.

- Ce n'était pas arrivé depuis quelques temps. dit le chanteur. Et il est vrai que les professionnels sont plus touchés que les particuliers que le gouvernement privilégie.

- Ce qui est tout à fait normal et nous sommes dédommagés comme il se doit. répond le jeune restaurateur en mettant le couvert. La nourriture est plus précieuse que l'argent de nos jours comme nous le répètent souvent nos dirigeants. Mais je le vois tous les jours, c'est bien vrai. Et nous avons bien vu les ravages de la production de masse des siècles passés, la qualité vaut mieux que la quantité, j'en sais quelque chose. Tenez, voici la carte du jour. répond le restaurateur en leur tendant de petites ardoises.

Cachée par la plaque de pierre, Apollonia s'interroge. Elle hésite à interroger son collègue mais elle se ravise, elle se voit mal lui demander s'il a senti une odeur de parchemin et de bougie qui brûle alors qu'ils jouaient.

- Tu as rêvé et d'où ces odeurs pourraient-elles provenir ? Ce n'est que le stress qui t'a fait imaginer ces choses.

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Texte publié par Bleuenn ar moana, 7 mars 2019 à 15h37
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