Florentin se met à travailler sur une symphonie en l'honneur du roi qu'il espère lui présenter s'il répond favorablement à la lettre qu'il compte lui envoyer pour lui proposer de la lui présenter. Le jeune homme passe de longues heures à tenter de tourner ses mots mais las et conscient de sa sottise, il la brûle après une journée passée à s'essayer à cette tâche. Les yeux levés vers le ciel par la fenêtre ouverte, le jeune homme se demande s'il a suffisamment de talent pour attirer l'attention de son souverain et il juge qu'il est bien loin d'en être capable. Il rougit en songeant à son audace alors qu'il brûle le brouillon de sa missive et ses partitions. Il n'est qu'un musicien des rues, tout juste bon à faire danser des paysans et amuser les badauds, comment peut-il espérer attirer l'attention du roi lui-même ? En d'autres circonstances, il aurait pu tenter de l'atteindre mais le destin a été trop capricieux avec lui. Il refait son bagage et il compte ce qui lui reste dans sa bourse soit pas grand chose. Avec un soupir, il jette son sac sur l'épaule pour reprendre son errance. Il va de ville en ville et il joue ses compositions et les airs à la mode. Les foules passent indifférentes et parfois on lui jette une pièce. Un jour de juillet, à midi, lorsqu'il compte ce qu'il a gagné, il a juste de quoi acheter à manger et il décide de garder l'excédent pour plus tard. Un pain agrémenté de jambon et des poires lui servent de repas qu'il mange adossé à une fontaine sous un chaud rayon de soleil. Le bruit de l'eau qui tombe mollement dans le bassin l'apaise, il se laisse aller à écouter son murmure apaisant et il imagine une berceuse douce comme l'eau qui tombe dans le bassin de pierre. Il sort un papier et une plume pour griffonner quelques notes en écoutant le doux chant de l'eau. Une heure plus tard, il se relève et il regarde avec fierté son travail qu'il tente de jouer rapidement pour avoir une idée de la musique qu'il vient de créer. Quelques badauds viennent l'écouter et lui jeter quelques pièces. Fier de lui, il salue le sourire aux lèvres, il tient une idée même si son air lui demandera encore bien du travail pour parvenir à ce qu'il a en tête. Lorsqu'il récupère les feuilles sur la margelle de la fontaine où il les a posées pour jouer avec les mains libres, il se rend compte que l'eau les a imbibées, il se maudit. Il les laisse sécher au soleil alors qu'il lui faudrait repartir pour profiter de l'après-midi et trouver un lieu passant où jouer. Bouillant d'impatience, le jeune homme attend que le soleil fasse son œuvre. Lorsqu'il récupère les feuillets enfin secs, il court pour tenter de rattraper son retard, même s'il sait que c'est inutile car personne ne l'attend. Il arrive sur une grande place alors que les passants quittent les lieux pour se rendre à une fête publique pour célébrer l'été. Le cœur lourd, Florentin errer dans les rues, il ne parvient pas à se résoudre à regarder les autres s'amuser ensemble alors qu'il se sent si seul. Le soir venu, il loue une chambre dans la première auberge à bas prix qu'il trouve avant de s'y enfermer.L'oreiller sur la tête, il tente d'étouffer les bruits lui parvenant de l'extérieur sans succès.
Confiant, Florentin travaille d'arrache-pied durant les semaines suivantes sur sa composition qu'il veut novatrice. Il tente de reproduire le bruit de l'eau qui coule tantôt douce et mélancolique, tantôt faible murmure passant entre des brins d'herbe et parfois torrent tumultueux qui se termine en une violente chute d'eau. Sa partition raturée posée devant lui, il joue sa composition en boucle durant de longues heures en fredonnant l'air qu'il a en tête, enfermé dans la chambre qu'il occupe dans l'auberge miteuse mais peu chère où il loge. Il oublie les meubles de bois usés, les draps grossiers, le sommier grinçant et les rideaux laissant filtrer la lumière. Il regrette de ne pouvoir donner sa pleine puissance à son instrument pour ne pas déranger les autres voyageurs, il espère pouvoir jouer rapidement sa composition en public.
La mélodie le poursuit jour et nuit, il n'est pas rare qu'il se relève en pleine nuit pour se ruer sur son papier et effectuer des corrections. De nouveau, la fatigue se fait sentir mais il n'en a cure et il travaille encore et encore sur sa musique. Un morceau de tissu glissé sous les cordes lui sert de sourdine et il travaille jusqu'au matin où il s'endort épuisé. Au bout de quelques semaines, il joue l'ensemble de sa composition et d'un trait de plume rageur, il supprime de nombreux airs pour n'en garder que deux qu'il mélange en un harmonieux morceau de musique qu'il joue sur la place du village ce qui lui vaut des applaudissements nourris et une bourse bien garnie. Malgré son succès, Florentin regrette d'avoir perdu tant de temps pour ce piètre résultat. Sans oublier la perte financière, il ne peut pas composer et jouer et il est resté à l'auberge plus longtemps qu'il ne l'avait prévu. Toutefois, il garde ses précieux feuillets, il retravaillera peut-être plus tard sa mélodie aquatique, lorsqu'il aura plus de temps pour la corriger.
Las de sa condition et fort de son succès populaire, le musicien se met à la recherche de mécènes pour le soutenir dans son art. Il songe qu'il n'a rien à perdre à tenter sa chance et il écrit à des nobles et des bourgeois des alentours connus pour soutenir les arts mais il ne reçoit nulle réponse à ses demandes et ses propositions de leur présenter ses pièces. Toutefois, un marchand de soieries lui répond qu'un de ses amis recherche un musicien expérimenté pour une affaire qui sera rondement payée dans une ville voisine. Florentin le remercie par retour de courrier et il prend le papier où l'adresse est notée, la ville n'est guère éloignée et il se permet le luxe de monter dans une carriole se rendant là-bas contre quelques pièces. Heureux, il joue pour le conducteur sur qui il teste ses dernières créations. Mal installé sur le banc de bois, le violoniste tente de jouer malgré son instable perchoir et le manque de place. Toutefois, son compagnon de route s'en montre ravi et ils parlent musique quelques temps. L'homme lui dit l'apprécier et regretter de ne pas savoir en jouer lui-même, d'autant plus qu'il sait à peine lire. Florentin lui répond que de nombreux instruments sont facilement accessibles et qu'il peut jouer pour le plaisir sans se soucier des partitions ou de la technique. L'homme lui dit qu'il va y songer une fois rentré chez lui.Une fois sur place, il rend visite au marchant qui lui répond qu'il le préviendra en temps utiles. Une nouvelle fois rejeté, le violoniste trouve refuge dans la première taverne sur son chemin. Assis au fond de la salle à l'écart, il s'enivre dans l'espoir de chasser la douleur qui menace de lui briser le cœur.
A la mi-juillet, Florentin n'a pas eu de réponse à ses demandes et il se décide à quitter la ville pour rejoindre des régions plus agricoles où il espère arriver à gagner sa vie en jouant dans les bals de village. Il ne sera pas riche mais il espère trouver un toit et pouvoir se nourrir. Être nourri, logé et avoir le temps de composer est un compromis acceptable dans l'immédiat. Lorsque l'automne viendra, il se mettra en quête d'une place fixe pour l'hiver à venir. Au fond pas mécontent de reprendre sa vie d'errance même si le temps est à la pluie et qu'il doit souvent marcher de longues heures durant dans des chemins boueux, le jeune homme commence à retrouver le sourire. Libre de son emploi du temps, il se permet de flâner dans les petits villages qu'il traverse pour visiter les lieux ; il s'essaie à dessiner un peu ces lieux mais il renonce rapidement faute de temps et de matériel. A sa grande déception, à cause de la pluie, les fêtes de village sont souvent remplacées par des veillées ou ont lieu dans des granges. Toutefois, le musicien est généralement bien accueilli, le violon n'étant pas l'instrument le plus souvent joué dans ces campagnes reculées. Même si son répertoire est de prédilection tend plutôt vers un mélange de musique classique et baroque au gré de ses fantaisies, le jeune homme s'adapte et il ressort les partitions d'airs populaires faits pour danser qu'il a récolté par le passé. Il retranscrit et recopie quelques airs nouveaux qu'il pourra peut-être jouer ailleurs ou adapter par la suite. Plein d'espoir, il joue ses propres compositions mais elles ne sont guère accueillies, le public lui réclame des airs pour danser et il serre les dents pour satisfaire la demande. Au fond, il est triste de voir ses œuvres ignorées mais il se rassure en se disant qu'elles sont faites pour être jouées dans les salons et non dans des bals de village. Les quelques pièces qui viennent alourdir sa bourse et les solides repas servis lui donnent du baume au cœur et il oublie son manque de succès. Autour de lui, les champs sont florissants et il prend le temps de flâner par les chemins. Seul, il se sent apaisé par cette nature à son apogée. Quelquefois, on l'interpelle et il lui arrive de partager le repas des travailleurs des champs qui se montrent intéressés par le récit de ses pérégrinations qui viennent les distraire, il leur parle de lieux qu'ils ne verront sans doute jamais et le musicien sourit en les quittant à l'idée d'avoir peut-être insufflé une part de rêve dans leur âme.
Un mois plus tard, durant lequel le musicien a souffert de solitude, plus que jamais la compagnie de son instrument n'a pas suffit à combler son âme. L'esprit en déroute, il s'est longuement interrogé sur son avenir mais il ne parvient pas à voir plus loin que l'été qui se termine déjà. Dans un petit village, Florentin se présente et on lui dit qu'une troupe de musiciens est arrivée la veille et que s'il veut jouer, il doit s'arranger avec eux. Le violoniste se présente à l'endroit indiqué et il est rapidement accepté dans le groupe composé d'un flûtiste, un joueur de tambourin et un chanteur. Un violon de plus ne peut qu'augmenter les possibilités de jeu et accroître les recettes à venir même si elles sont nécessairement partagées en quatre parts égales au lieu de trois. Mais après en avoir longuement discuté à voix basse, les musiciens ont jugé qu'ils peuvent voir leurs revenus augmenter substantiellement s'ils embauchent le jeune homme qui leur semble sympathique. L'été touche à sa fin et ils décident de l'accepter à leurs côtés durant une semaine pour voir s'il peut leur être utile et s'il parvient à adapter son jeu aux musiques traditionnelles qu'ils ont coutume de jouer dans les bals. Durant un mois, Florentin suit la joyeuse troupe de musiciens qu'il apprend à mieux connaître. Les trois frères jouent ensemble depuis l'enfance et depuis le décès de leurs parents, dix ans plus tôt, ils se présentent dans les villages comme « Manuel chante tandis que Jules tambourine et que Robert flûte » et Florentin lève un sourcil en l'apprenant mais il n'ose pas leur dire qu'il trouve le nom de leur troupe fort ridicule. Il ébauche un sourire moqueur qu'il espère pouvoir faire passer pour un sourire de sympathie ; mais déjà les trois frères l'ont oublié et ils parlent entre eux en cherchant comme utiliser au mieux le violon.
Un mois durant, la troupe va de village en village, Florentin a adapté son répertoire à celui de ses compagnons qui jouent des airs populaires qu'il connaît déjà plus ou moins. Même si leur compagnie est plaisante, le jeune violoniste se sent à l'écart, il s'ennuie à jouer ces airs simples et répétitifs sans audace et sans recherche. Il tente de proposer quelques-unes de ses pièces mais le trio les jugent trop difficiles à exécuter et dignes des meilleurs salons, pas adaptées à des bals pour faire danser des paysans qui n'ont pas sa culture musicale.
Florentin commence à se sentir fatigué. Il veille tard et les fermes où il dort s'éveillent tôt. Il va généralement prendre son petit-déjeuner en même temps que les habitants de l'endroit puis il repart. Il marche tout le jour et il joue où il peut, le soir venu, après avoir joué dans des bals de village, il écrit les musiques qu'il a en tête jusque tard dans la nuit avant de s'endormir épuisé. Il répète avec la petite troupe mais il estime que ces répétitions sont insuffisantes et il prend conscience qu'il n'a pas suffisamment répété et travaillé sa musique ces derniers temps. Il se promet que lorsqu'il quittera la petite troupe, il s'arrêtera une heure à l'heure du déjeuner pour répéter et autant le soir. Il va perdre les acquis de ses longues années de travail s'il continue ainsi. Il a toujours pris le temps de s'entraîner longuement le matin ou le soir lorsqu'il séjournait seul dans des auberges ou assis dans l'herbe au bord des routes, il ne voit pas de raison de changer ses habitudes parce qu'il n'est plus seul et plus maître de son emploi du temps.
Un jour qu'il joue avec la petite troupe dans une fête de village des airs qui l'ennuient profondément, les cordes se mettent à vibrer plus que de raisons. Surpris, Florentin prête plus d'attention à ce qu'il fait ; il se montre à l'écoute des réactions de son instrument, il sent les cordes vibrer près de ses doigts qui tiennent le manche. La mélodie se fait plus vibrante et il sourit. Son jeu est mécanique depuis plusieurs morceaux et il décide d'y mettre plus de fantaisie sans s'interroger plus avant sur le phénomène. Il se promet de serrer plus fortement les cordes la prochaine fois qu'il jouera. Il se permet quelques variations dans son jeu et il retrouve plaisir à jouer ces morceaux qu'il connaît par cœur pour les avoir joués tout l'été.
La fin de l'été sonne et Florentin quitte la petite troupe avec soulagement, il pourra enfin jouer ce qu'il aime et se pencher sur ses compositions et nostalgie, il va de nouveau se retrouver seul. Il avait apprécié la compagnie des autres membres de la troupe, jouer et affronter ensemble les difficultés. Tous lui ont souhaité bonne chance et leur espoir de le recroiser un jour au gré des chemins après un rapide déjeuner sur l'herbe. Le jeune violoniste a hésité un instant à leur demander s'il peut venir avec eux au moins pour quelques temps mais il n'a pas osé, tiraillé entre l'envie de retrouver sa liberté et sa crainte de la solitude et d'affronter seul les difficultés à venir. Il est resté longtemps debout au milieu du chemin boueux où ils se sont quittés, à regarder le groupe s'éloigner en riant aux éclats et en devisant du chemin qu'ils vont prendre et des airs qu'ils pourraient jouer pour satisfaire le public. Triste, Florentin fait demi-tour et il tourne à la première bifurcation, au hasard. Il verra bien où il le mènera. Le jour décline lorsqu'il commence à s'inquiéter. Il a marché durant des heures sans prendre garde à la route qu'il suit. Inquiet, le musicien a l'impression d'être perdu dans une vaste étendue boisée dont il ne voit pas la fin, le chemin est invisible, il imagine qu'il l'a perdu des yeux et qu'il a continué tout droit. Le violoniste soupire et il décide de marcher droit devant lui dans l'espoir de parvenir en vue d'une zone urbanisée. La nuit tombe et il continue sa route dans le noir, inquiet à l'idée de passer la nuit dans les bois. Bientôt, il ne voit rien devant lui et il s'arrête, les bras ballants sans savoir que faire. A tâtons, il trouve un arbre auquel il s'adosse et il pleure de se voir seul et perdu dans la nuit. Il sort son violon pour se sentir moins seul et il fait jouer les cordes qu'il a détendues du bout des doigts dans un mouvement léger et distrait. Il espère que le son un peu métallique fera fuir les bêtes sauvages alentour et le poids de l'instrument qu'il a couché de côté sur sa cuisse sur laquelle il pèse légèrement le rassure. Il se sent moins seul à tenir ainsi plus étroitement son compagnon de route à quatre cordes que lorsqu'il pèse sur son épaule et son poignet. Florentin écoute un moment les bruits de la nuit avant de conclure que l'endroit qu'il a choisi en bord de route est déserté par les animaux. Il s'enroule dans sa cape noire avant de s'étendre dans l'herbe et de s'endormir son violon serré contre lui. Lorsqu'il se réveille au matin, il se dit qu'il s'est montré imprudent ; le précieux instrument aurait pu souffrir si une pluie violente s'était soudain mise à tomber durant la nuit.
L'automne arrive, les arbres commencent à perdre leurs feuilles, la température à baisser, le vent se fait plus fréquent ; le musicien commence à s’inquiéter d'un lieu où passer l'hiver. Il n'ose imaginer reprendre sa vie d'errance durant la saison froide et il commence à se lasser de ses pérégrinations.
- Espèce de niquedouille, si tu ne flattes pas ton public, tu ne gagneras jamais de quoi vivre. Tu en seras réduit à mendier de ferme en ferme dans l'espoir d'obtenir de quoi simplement survivre. Si tu veux vivre de ta passion, tu dois jouer ce que ton public attend de toi et non lui imposer tes fantaisies.
Florentin a écrit au marchand qui a accepté de le recevoir, un peu intimidé à l'idée de se présenter ainsi sur une simple recommandation mais il sait que c'est une chance qu'il se doit de saisir. Peut-être trouvera-t'il un poste durable sur place même s'il n'ose croire à sa bonne fortune. Florentin sait qu'il a surtout joué dans la rue et qu'il n'a guère de références à présenter mais si le marchand est disposé à employer un inconnu, il suppose que c'est le signe qu'il a du mal à trouver ce qu'il recherche. Peut-être est-il particulièrement exigeant ce qui inquiète le violoniste car l'art ne se satisfait pas de codes rigides mais peut-être n'a-t'il pas trouvé ce qu'il cherchait. Il reçoit une réponse positive quelques jours plus tard, malgré qu'il a indiqué l'adresse de l'auberge bon marché où il est resté quelques jours le temps de recevoir la réponse à son offre de services. Désormais, il lui faut trouver un moyen de transport pour s'y rendre à moindre frais, il en parle à l'aubergiste en prenant congé et celui-ci lui trouve un coche qui peut l'emmener là-bas mais le coût en est élevé pour sa bourse qui est presque vide. Toutefois, Florentin juge que le jeu en vaut la chandelle et il se retrouve bientôt entouré de marchands qui ne lui prêtent nulle attention et discutent de leurs affaires respectives, ce qui n'intéresse guère le jeune homme qui se replonge dans sa musique. Il écrit un petit air simple qu'il froisse avec application. Durant le long trajet qui l'emmène vers une nouvelle étape de son destin, il laisse ses pensées vagabonder et il se met à rêver de gloire. Qui sait s'il n'attirera pas l'attention d'un riche bourgeois qui lui demandera des musiques pour de grandes occasions, lui permettant de laisser sa fantaisie s'exprimer pleinement ?
Le coche le dépose dans la ville située à côté du lieu où il se rend. Le violoniste s'enquiert auprès du conducteur du véhicule de l'adresse d'un luthier. Il lui indique une boutique juste en face sur la grande place qu'il n'a pas vue, il remercie, se sentant stupide avant de passer la porte. Là, Florentin étale le contenu de sa bourse dans sa main pour évaluer la dépense qu'il peut se permettre. Désabusé, il fait la moue alors que l'homme s'approche de lui en essuyant ses mains sur son tablier. Le musicien lui demande plusieurs lots de cordes et de crins ainsi qu'une bonne quantité de colophane, il sort avec le sentiment du devoir accompli. Il doit faire remècher son archet et changer ses cordes dans les plus brefs délais mais faute de moyens, il devra s'acquitter lui-même de cette tâche. Il n'a même pas tenté de marchander ou de demander une ristourne car il sait qu'un tel travail n'est pas à portée de sa bourse. Heureusement, il a une bonne idée de la manière de s'occuper de son archet notamment pour avoir souvent observé le luthier qui se chargeait de l'entretien de son instrument alors qu'il vivait encore dans la maison de ses parents. Il aimait discuter avec le vieil homme calme penché sur son travail qui avait grand plaisir à lui parler de son métier. Le soir venu dans une modeste auberge, Florentin se met à la tâche. Appliqué et minutieux, il fait ce qu'il peut pour mener son entreprise à bien malgré le manque de matériel à sa disposition. Au bout d'un temps qui lui semble infiniment long, il parvient enfin au résultat espéré. Soulagé, il se sait désormais capable de s'occuper de son violon dans les tâches d'entretien qu'il doit périodiquement faire effectuer.
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