Alors qu’il reprenait espoir d’arriver à temps, Erasmus se retrouva environné de toute part de ronces noires, comme si une force qui ne faisait qu’une avec la forêt tentait de le retenir loin de son but. Il saisit les rameaux, indifférent aux épines qui traversaient ses gants, se servant de sa puissance de colosse pour les arracher… mais elles étaient aussi solides que des câbles d’acier. Il ne fit que se meurtrir et déchirer les mains.
En désespoir de cause, il usa de sa hachette, mais les tiges sinueuses étaient bien trop souples pour offrir de véritable prise à la lame.
Tandis qu’il luttait de toutes ses forces, il lui sembla que l’étau se resserrait autour de lui… Allait-il périr en ces lieux, dans l’ignorance générale ? Son corps servirait-il de pitance aux animaux sauvages, loups, renards, corbeaux et insectes par milliers ? Ses os étaient-ils destinés à blanchir au milieu des racines, à s’entremêler aux branches, à se désagréger dans l’humus ?
Erasmus était un ésotéricien que la mort n’effrayait pas ; il était un guerrier, un homme dur, sur lequel la peur n’étendait pas aisément son empire. Il était un chasseur, habitué à traquer les proies les plus sensationnelles, les plus insensées… Et pourtant, en cet instant, un froid glacial pénétra au plus profond de son âme.
Il laissa retomber ses bras le long de son corps, avec une profonde inspiration. Il se sentait vide, plus que découragé ou désespéré. La perspective d’échouer dans sa mission, de ne pas parvenir à ramener saine et sauve et dans la plus grande discrétion cette enfant, lui pesait plus que son propre sort.
Alors qu’il semblait avoir perdu toute possibilité de s’en sortir, il aperçut comme un éclair blanc entre les piliers noirs des troncs d’arbres. Il le suivit machinalement du regard… La lueur scintilla, disparut pour réapparaître juste devant lui, sous la forme d’un loup – ou d’une louve, probablement, au poil argenté et aux yeux luminescents. Il ne sentait aucune animosité de la part de la créature, au contraire, même. Cette présence avait quelque chose de vaguement familier.
Derrière elle, un passage s’était ouvert dans les broussailles. À l’orée de ce tunnel de verdure, elle se retourna pour le regarder, comme pour lui intimer de la suivre.
Même si Erasmus ignorait qui était cette entité et pourquoi, alors qu’elle paraissait si semblable à ce qui hantait les bois, elle avait choisi de l’aider, ou du moins de se dévoiler un peu. Il prit le parti de lui obéir… Après tout, c’était sa seule issue !
Elle fila comme une flèche pâle et mouvante à travers les troncs, l’homme sur ses talons. Ils n’eurent à parcourir qu’une cinquantaine de mètres avant de découvrir une vaste clairière, au-dessus de laquelle s’incurvait un plafond de branchage.
Mais ce qui attira son attention fut la scène qui se déroulait au centre de cet espace…
La louve se retourna vers lui :
« Otevřete oči ! » souffla-t-elle avant de se dissiper dans les traînées brumeuses qui rampaient sur le sol.
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