Même si la vieille femme lui avait expliqué en détail où se situait l’autel, Erasmus savait qu’il courait le risque de se perdre. Le chemin secondaire qu’il avait emprunté longeait par endroit le sentier principal ; c’était ainsi qu’il avait pu trouver les garçons. Depuis le temps où la grand-mère l'avait parcouru, les esprits attirés par la conscience collective des loups et des hommes étaient devenus plus dangereux, plus puissants, plus désespérés. Il demeurait persuadé que le coup qui avait blessé le jeune homme avait été porté pour tuer. Seule la chance avait évité aux villageois le pire…

Erasmus devait se pencher sur l’encolure de sa monture pour esquiver les branches des arbres. Son chapeau de feutre et son long manteau de cuir lui évitaient d’être griffé par les serres végétales, mais tôt ou tard, il ne serait plus possible de passer à cheval au milieu des frondaisons.

La mort dans l’âme, il dut descendre de selle. D’une tape sur la croupe, il renvoya le cheval à l’orée du bois. L’animal était assez intelligent pour comprendre ses intentions. Il le retrouverait sans nul doute quand il sortirait de l’enfer végétal dans lequel il allait plonger plus profondément encore.

Erasmus vérifia rapidement son équipement : en plus de la hachette, il s’était muni d’une longue dague ainsi que d’un pistolet chargé. Même si ces armes avaient été modifiées pour pouvoir blesser des entités immatérielles, il craignait qu’elles ne suffisent pas. Il lui faudrait employer une force bien différente pour affronter ces ennemis.

Il ignorait s’il en serait capable.